Le moustique, meillleur allié d'une guerre
Fièvre des marais, intermittente, malaria : autant de noms qui ont fait le paludisme. Du latin Palus : marais, le paludisme est une maladie connue depuis des millénaires, et déjà mentionnée par les Grecs anciens ; Homère, Hippocrate évoquent en effet les « fièvres », auxquelles succombe Alexandre le Grand, en 323 avant JC, à Babylone.
Cette maladie a façonné et bouleversé le monde, et les évènements qui vont avec : Rome est envahie par les fièvres, jusqu’au Moyen-Âge, forçant la cour papale à se déporter sur Avignon (au XIIIème siècle, 17 papes y succombent).
En 387, les Gaulois de Brennus tentent de s’emparer de Rome, mais les fièvres les emportent.
Alaric Ier, roi des Wisigoths, met à sac Rome le 24 août 410, et meurt en Calabre, tandis qu’il voulait conquérir la Sicile.
En 1809, Napoléon anéantit l’armée anglo-saxonne, « grâce » au paludisme, dont sont victimes les Anglais.
Pendant la seconde guerre mondiale, les Américains se rendent aux Japonais, à Bataan, et suite à la conquête des Philippines et de Java par ces mêmes Japonais, les Américains abandonnent les stocks de quinine. (C’est la production d’atébrine qui vient en aide aux armées, et qui a changé la donne dans la guerre du Pacifique.)
Les remèdes antiques étaient pour le moins fantaisistes : Pline le Jeune recommande les yeux de crabe et de loup, le tout mélangé à la vipère ; Caton le Censeur conseille de manger du chou ; on conseille aussi la lecture de l’Iliade d’Homère... Au Moyen-Âge, l’épidémie touche toute l’Europe, et les soins n'ont guère évolué : on suggère la prière, des gouttes préparées à base de crâne humain, des extraits de momies (avec la garantie qu’elles n’étaient pas lépreuses ou galeuses de leur vivant !), les yeux de crabe toujours, mais accommodés de radis, cette fois...
Le remède miracle, ce sera la quinine ; au XVIème siècle, les conquistadors découvrent les Amériques sous le paludisme. Les capitales, Mexico, La Paz, Buenos Aires, sont en altitude, pour fuir les moustiques.
Au XVIIème siècle, le père Calanche, qui observait les indigènes, trouve l’information : « l’arbre de la fièvre a une écorce qui, réduite en poudre, absorbée dans une breuvage à une dose du poids de deux pièces d’argent, guérit les fièvres ». C’est le quinquina, cet arbre fournissant la quinine.
Ramené en Europe, ce sont les jésuites qui en font la promotion, d’où le surnom de « poudre des jésuites ».
Puis en 1880, Laveron découvre la cause du paludisme : « les accidents de fièvre proviennent de l’introduction dans le sang de parasites ». L’information est confirmée par Ronald Ross, qui en 1897 apporte la preuve de la transmission par le moustique.
Il faut se souvenir que ce sont les Indiens, savants herboristes, qui nous ont apporté le remède à cette maladie millénaire.
Source : Historia n°680 – Août 2003
~Melaquablue~
Publié le : 02/09/2009
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