Conspiration des poudres
Conspiration des poudres, Nuit de Guy Fawkes... C'est un évènement très important de la culture et de l'histoire britanniques.
Aujourd'hui est encore célébré, le 5 novembre, le souvenir de l'échec d'un des plus graves complots " terroristes " contre la couronne d'Angleterre.
Origines
Angleterre, XVIIe siècle : le Roi Jacques VI d'Ecosse hérite de la couronne d'Angleterre, succédant à Elizabeth I. Héritage " empoisonné " s'il en est, il hérite d'une situation conflictuelle avec le Parlement et d'un pays secoué par l'agitation religieuse menée par les catholiques et les puritains. Les catholiques en particulier attendent du nouveau roi qu'il leur donne les mêmes droits qu'aux protestants, mais leurs espoirs sont rapidement déçus, et quelques catholiques extrémistes complotent contre le roi. La conspiration des poudres avait dans l'intention d'assassiner le roi et la reine, d'inciter à la révolte les habitants des Mildlands afin de convaincre la fille de Jacques, Elizabeth, neuf ans, de devenir Reine catholique (l'acte qui interdira l'accès au trône aux catholiques ne sera voté qu'en 1701). Il y a des sources qui laissent à penser que le Père jésuite d'Angleterre et même le Pape auraient été au courant de ce projet, mais ils l'ont nié ; du moins n'ont-ils rien fait pour l'empêcher.
Le complot
Le complot est initié et mené par Robert Catesby, avec le soutien d'autres catholiques comme Wintour, Percy et Wright.
Ils prirent contact avec Guido Fawkes, officier militaire, expert en explosifs ; en effet, sans son aide, ils n'auraient pu obtenir de la poudre, à l'époque sous contrôle de l'Etat.
Ils louent une cave sous le Parlement, qu'ils remplissent de tonneaux de poudre durant le printemps de l'année 1605. On estime qu'ils ont dû entasser environ 2,5 tonnes de poudre, ce qui aurait détruit tout Westminster, y compris l'abbaye, soufflant les vitres aux alentours jusqu'à un kilomètre de rayon. Leur tâche effectuée, ils se séparèrent jusqu'au rassemblement du Parlement, en novembre.
Mais durant ce temps, les conspirateurs ressentirent le besoin de gagner plus de support et élargirent le cercle des conjurés. Mais l'un d'entre eux fit prévenir un de ses proches, député, de ne pas se rendre au Parlement le 5 novembre. Le député en question, Lord Mounteagle, porta la lettre anonyme au Conseil du Roi qui entreprit sur le champ de faire explorer les caves du Parlement. Ils y découvrirent Guido [Guy] Fawkes, attendant le moment opportun pour allumer la mèche. Il fut arrêté et interrogé.
Résolution de l'affaire
Guy Fawkes prétendit tout d'abord avoir agi de son propre chef, étant un fervent Catholique. Quant le Roi lui demanda pourquoi il souhaitait sa mort, Fawkes lui répondit que le pape l'ayant excommunié, les " maladies dangereuses nécessitaient un remède désespéré ". Cependant, il fut emmené à la Tour de Londres où il subit la question. Ceci n'était pas anodin dans la mesure où l'autorisation expresse du Roi ou de son Conseil était requise ; mais l'ordre donné fut explicite : " Il lui sera infligé tout d'abord les tortures les plus douces, graduellement jusqu'aux douleurs les plus extrêmes ". Fawkes finit par craquer après avoir été soumis au chevalet, et donna les noms de ses complices. Plusieurs d'entre eux furent capturés par l'armée du Roi, certains tués lors de l'arrestation. Les autres furent jugés aux côtés de Fawkes et condamnés à une sentence exemplaire : pendus, puis éviscérés, ils furent décapités et leurs corps coupés en quatre morceaux.
Les conséquences...
... sur la culture
En janvier 1606, le Parlement décréta le 5 novembre jour d'action de grâces. C'est pour cela qu'encore aujourd'hui, des feux d'artifice sont tirés le 5 novembre en Angleterre, mais aussi dans certains pays du Commonwealth.
La conspiration des poudres aura aussi eu une influence sur le vocabulaire : la crémation d'effigies de Fawkes pour le 5 novembre, sous le nom de " Guys " (tiré du surnom de Guido), mena à l'utilisation du mot " guy " dans le langage courant pour désigner un " homme d'apparence grotesque ". Plus tard, le mot " guy " évolua pour désigner tout simplement un homme, notamment dans l'anglais parlé outre-Atlantique, comme un équivalent du français " gars ".
... sur la religion
La découverte du complot intensifia la méfiance des protestants envers les catholiques. La " loi sur les infidèles ", punissant au civil les non affiliés à l'Eglise Anglicane, fut considérablement renforcée (allant jusqu'à la poursuite pénale). De plus, il fallut attendre la seconde moitié du XIXeme siècle pour que les catholiques aient à nouveau les mêmes droits que les protestants.
La période où se situe le complot étant spirituellement très instable (entre protestants, catholiques, puritains...), cette nouvelle vague de remise en question de la religion, combinée avec la situation politique conflictuelle déjà mentionnée entre Roi et Parlement, avec notamment le problème de succession au trône, mena un peu plus tard à la " Révolution Glorieuse ", à la décapitation du Roi, à l'établissement d'une république (Cromwell) puis au rétablissement de la monarchie. C'est, en quelque sorte, l'un des emblèmes de ce siècle particulièrement mouvementé.
... dans la littérature
Les évènements religieux auraient inspiré Shakespeare lorsqu'il écrivit Macbeth. Dans les années 1950, le roman de science-fiction " V pour Vendetta ", l'écrivain Moore crée le personnage de V, un mystérieux anarchiste se révélant être un Guy Fawkes futuriste, post-moderne. V fait sauter le Parlement abandonné un cinq novembre, en premier signe de rébellion contre la tyrannie fasciste. La concordance entre V et le nombre romain pour 5 en est une des références les plus remarquables. Une adaptation cinématographique de l'oeuvre a été réalisée en 2006 par James McTeigue.
Du côté du folklore, Fawkes apparaît dans plusieurs chansons populaires anglaises, et même la chanson de John Lennon, " Remember ", s'achève avec la phrase " the fifth of November " et le bruit d'une explosion.
~Nella~
Publié le : 04/12/2006
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