Le Brouillon
Contexte et enjeux de l'article
La politique européenne dans le cadre de l'éco-conception des produits consommateurs d'énergie prévoit la fin progressive des ampoules à incandescence pour l’éclairage domestique, selon un calendrier prévu pour s’étaler de 2009 à 2017. Les lampes fluo-compactes (LFC), dites "basse consommation", ou d’autres sources d’éclairage plus économes en énergie pourraient donc à terme les remplacer. Cependant en Septembre 2007 le Criirem (Centre de Recherche et d'Informations Indépendantes sur les Rayonnements Electromagnétiques) a diffusé deux communiqués de presse alarmants sur les rayonnements électromagnétiques émis par ces ampoules.
Ainsi, en février 2009, à la demande de l'Ademe, l'Afsset, l'agence française de sécurité sanitaire de l'environnement du travail, a proposé un rapport afin d'établir un protocole de mesure des champs électromagnétiques liés au LFC, Lampes Fluorescentes compactes, en vue d'apporter une information fiable aux consommateurs sur les risques sanitaires associés à ces émissions.
Résumé vulgarisé du rapport de l'Afsset
Le rapport de l'Afsset se veut clair dès le début, il ne s'agit en aucun cas d'évaluer l'exposition des personnes aux champs magnétiques émis par ces lampes, mais juste de proposer un protocole de mesure et un certain nombre de recommandations en vue de mener un campagne d'évaluation des risque liés à leur utilisation (page6).
Principe de fonctionnement des LFC
Il s'agit en fait que d'un simple tube de "néon" replié sur lui-même dans lequel on a mis un mélange de gaz : de l'argon et du mercure (page7). A cela s'ajoute un dispositif électronique qui se compose de deux appareils électroniques appelés le ballast et le starter, qui vont aider à ioniser le mélange argon/mercure à travers deux électrodes. Le mélange, une fois ionisé, va produire de la lumière dans l'ultraviolet (invisible pour l'humain), cette lumière en contact avec une poudre sur la surface interne de la lampe émet la lumière visible.
Selon le rapport, les LFC Les lampes fluo-compactes émettent des champs électromagnétiques dans deux bandes de fréquences principales :
· des émissions dans le domaine des basses fréquences, dues a priori au système d'élévation de tension : le starter ou le ballast ;
· des émissions dans les hautes fréquences (au-dessus de 100 MHz environ), provenant a priori du tube lui-même.
Ainsi il n'y a aucun doute, les LFC émettent un champ électromagnétique mais la question principale est de savoir si le niveau de celui-ci dépasse les normes en vigueur
Le rapport met en exergue la difficulté que l'on a à faire des mesures précises
La principale difficulté résulte selon le rapport dans le fait que les tests ne parviennent pas à dissocier la mesure du champ électrique à celui du champ magnétique, d'où une première source d'erreur lors des expériences.
A cela s'ajoute l'effet de moyennage (voir fin article) qui a tendance à sous-estimer la valeur réelle du champ électromagnétique, et plein d'autre conditions expérimentales extrêmement complexes qui doivent être réalisées afin que le test soit valide selon les experts de l'Afsset.
Même avec ces conditions, les résultats des tests ne pourraient être comparés avec les normes en vigueur, en effet selon le rapport : "la mesure de DAS aux fréquences situées entre 100 kHz (kilohertz) et quelques MHz (mégahertz) est extrêmement compliquée et il n’est pas certain que l’on dispose aujourd’hui de méthodes de mesure éprouvées pour cela."
Pour finir le rapport propose un protocole d'expérimentation assez complexe qu'ils qualifient eux-mêmes d'onéreux et de difficile : "Cette mesure requiert souvent du matériel coûteux, une grande expertise de la part des opérateurs ou n’est tout simplement pas envisageable, par manque de métrologie applicable" (page 20).
Analyse et critique du rapport de l'Afsset
Dès le début du rapport, les experts de l'Afsset discréditent les résultats du Criirem : "Les données de champ électromagnétique émises par des LFC diffusées dans les communiqués de presse du Criirem à l’automne 2007 n’étaient pas associées à la description d’un protocole de mesure scientifique, il est donc impossible de se prononcer sur la qualité des mesures effectuées par cette association" (page6).
Et pour preuve ils citent une expérience de l'office fédéral de l'énergie suisse de 2004 qui montrent que les LFC respectent la norme en ce qui concerne le niveau d'émission du champ électromagnétique.
Pourtant tout au long du rapport, ils ne cessent de rappeler la complexité des tests allant même jusqu'à invalider l'expérience suisse en question, en remarquant qu'ils n'ont pas tenu compte de l'effet de moyennage (page13).
De plus ces experts affirment que même avec le protocole qu'ils proposent à la fin du rapport, il serait impossible de comparer les résultats aux normes en vigueur. En fait celui-ci prévoit un champ magnétique constant alors que celui des LFC est variable avec le temps: "Cette situation n’est évidemment pas caractéristique de l’exposition proche d’une lampe fluo-compacte, pour laquelle le champ n’est pas uniforme, dans un rayon d’un mètre au moins "(page20).
Que retenir de tout cela alors?
Ce rapport de l'Afsset qui dès le début s'érige en contradiction face aux publications du Criirem est très décevant, à la fin de la lecture du rapport, on n'apprend rien de nouveau. Pourtant le rapport se veut clair, son objet d'étude n'est pas de se prononcer sur la dangerosité potentielle des LFC, pour preuve en annexe, les rédacteurs du rapport mettent la lettre de demande de l'Ademe, ce qui a motivé l'élaboration du rapport. Cependant le problème est que ces experts ne respectent pas justement l'objet de leur rapport, puisqu'ils se permettent d'invalider et de décrédibiliser les publications du Criirem, ne se contentant pas seulement de donner une recommandation de protocole d'expérimentation.
Personnellement je pense que le rapport a été volontairement obscurci et complexifié pour décourager les "non-experts" qui voudraient se pencher dessus.
Dans tous les cas ce rapport ne répond pas directement aux arguments avancés par le Criirem ; et la question sur la dangerosité des LFC n'est pas encore résolue.
N'oublions pas aussi la question relative à la présence de mercure (même en quantité minime) dans ces lampes et le faits qu'elles diffusent des rayons ultraviolets.
Liens vers le rapport :http://www.afsset.fr/upload/bibliotheque/111991308895008734721133522232/lampes_fluorescentes_compactes_protocole.pdf
Notes
le moyennage : Les sondes de mesure de champ électrique ou magnétique doivent être petites en comparaison avec la distance de mesure à la source, afin de minimiser les effets de moyennage spatial. Ce moyennage pourrait conduire à une sous-estimation de l’intensité du champ.