Le Brouillon

Poppy Z. Brite, Contes de la fée verte, éditions Denoël, collection Présence, Paris, 1997.

Il est difficile de parler de Poppy Z. Brite et de ce livre car quelqu’un d’autre l’a déjà fait, et de façon remarquable : Dan Simmons. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Dan Simmons est un des plus grands écrivains de science-fiction, et c’est lui qui a rédigé la préface de ce recueil de nouvelles. Difficile donc de rédiger une critique sur ce livre et sur Poppy quand Dan Simmons en fait l’éloge.

Je me lance quand même !

Tout d’abord, sachez que ces nouvelles sont dérangeantes, elles ensorcèlent, l’horreur y est omniprésente et l’érotisme étroitement mêlé à la mort. Donc si vous n’aimez pas le genre fantastique, les histoires de zombies (encore que... lire Calcutta pourrait bien vous réconcilier avec les histoires de zombies, ç'a bien marché pour Dan Simmons ^^), bref, si vous ne voulez pas vous sentir mal à l’aise, passez votre chemin, ce recueil ne vous plaira pas.
Par contre, si vous aimez Edgar Allan Poe et ses consorts, si vous voulez être envoûtés et plongés dans des abîmes de noirceur, vous devriez aimer !

Poppy Z. Brite est américaine, originaire de la Nouvelle Orléans, et cela s’en ressent. Mais laissons Dan Simmons nous en dire plus :
« Ce jour-là elle nous a lu Calcutta, seigneur des nerfs. Une histoire de zombies... L’histoire que nous a lue Poppy était tout simplement une des œuvres d’imagination les plus évocatrices que j’aie jamais entendues. Cette petite femme à la voix mélodieuse, aux bas de poupée de chiffon et aux cheveux violets m’a propulsé loin de Stony Brook, loin de ma souffrance... pour me conduire dans des parties de Calcutta (et de moi-même) dont je n’aurais jamais imaginé –ni pu imaginer – l’existence. C’était brillant, ténébreux, infiniment tragique et extraordinairement juste. Poppy Z. Brite nous racontait une histoire de zombies située dans un univers imaginé par George Romero, mais le véritable sujet en était un lieu de notre planète où quelques milliers de goules errantes passeraient inaperçues, où les zombies en voie de décomposition seraient confondus avec des lépreux... C’était une histoire qui parlait de sexe et de décomposition, des extrêmes ténébreux de l’amour où violence et passion se confondent ». (Poppy Z. Brite, Contes de la fée verte, éditions Denoël collection Présence, Préface, p18-19).

Vous êtes prévenus.

Résumé : Poppy Brite nous raconte la vie ou un moment précis de la vie d’hommes et de femmes (et même d’un fantôme) en train de sombrer dans la mort, le morbide ou l’horreur. Un homme se promène dans Calcutta où les zombies se mêlent aux hommes dans l’indifférence générale, un fantôme cherche à savoir pourquoi la jeune fille qu’il hante refuse de savoir où il a enterré son trésor, un chanteur prend conscience que sa voix incite certains de ses fans à mourir, des frères jumeaux, siamois à la naissance mais séparés veulent à nouveau être unis dans leur chair, un homme accompagne sa femme, enceinte d’un autre, se faire avorter...

Point positif
: une écriture envoûtante. Je n’ai pas lu la version originale mais la traduction française le rend très bien ;

Voici un extrait :


« Il était une fois quatre garçons qui vivaient au dernier étage d’une ancienne église faite de bois et de vitraux. Comme cette église était abandonnée, personne ne prenait ombrage de notre présence ; nous nous lavions aux orages d’été, nous restions sales en hiver, et la nuit nous marchions à la lueur des cierges. Gene aux yeux vides et le beau Sammy au visage acéré partageaient une chambre et un matelas taché de rhum, et édifiaient chaque jour des monticules mouvants de cendre grise. Chacun d’eux s’efforçaient d’être plus maigre que l’autre, et ils écrivaient ensemble des chansons aux paroles freudiennes, Gene avec son visage de vampire, Sammy avec ses longues mèches de cheveux aile de corbeau foisonnantes de reflets, avec ses yeux verts pleins de sagesse qui s’assombrissaient en présence de la souffrance – la notre ou la sienne » Poppy Z Brite, Conte géorgien, p. 46.)

Point négatif : dérangeant, sombre, érotique : à ne pas mettre entre toutes les mains.



~jamesB~ le 28-12-2008 à 15:15
 

Le coup de l'horreur ne me tentait pas trop (j'ai lu récemment des nouvelles du recueil L'abomination de Dunwich de Lovecraft et uhhh! c'est pas pour moi) mais le résumé m'inspire pas mal... J'irai sans doute y jeter un oeil.
Merci pour cette critique !



~Melaquablue~ le 01-01-2009 à 20:52
 
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