Le Brouillon

Terry pratchett et Neil Gaiman, De bons présages, éd. J’ai lu 1990 (1995 pour la traduction française).

Certains d’entre vous connaissent peut-être déjà ces deux auteurs. Pour ceux qui l’ignorent, Terry Pratchett est l’auteur de fantasy humoristique le plus doué de sa génération (et du siècle). Il a écrit notamment de nombreux livres sur des aventures se passant sur un monde plat comme une pizza (comme il aime à le dire), reposant sur le dos de quatre éléphants, eux-mêmes se tenant sur le dos d’une tortue sidérale, qui nage dans le grand espace. Terry Pratchett a une plume ravageuse, terriblement drôle. Si vous ne connaissez pas, lisez ses livres ! Neil Gaiman est auteur de fantasy et de science-fiction. Un de ses romans, Stardust, a d’ailleurs été adapté au cinéma. Tout deux sont géniaux, et il est difficile voire impossible de leur trouver un seul défaut, alors imaginez un livre écrit par ces deux auteurs en collaboration...
Le résultat, c’est De bons présages.

L’histoire :
L’histoire se passe en Angleterre, peu avant l’an 2000. Le bien et le mal ont décidé d’un commun accord que la trêve était finie, et qu’il fallait voir qui avait gagné, du Paradis ou de l’Enfer. Bref, l’Apocalypse est programmée.
Aziraphale est un ange, il est là depuis la Création, et s’occupe de faire gagner des points à son camp.
Rampa, lui est un démon, lui aussi est là depuis le début, et il s’occupe de la même façon qu’Aziraphale. Forcément, étant ennemis depuis des millénaires, ils s’entendent assez bien. D’un commun accord, ils décident de rester auprès de l’Antéchrist pour l’éduquer, afin de voir quel camp, du bien ou du mal, celui-ci choisirait.

Onze ans passent, dans une semaine commencera l’Apocalypse. Seulement voilà, l’Antéchrist n’est pas l’Antéchrist, il y a eu un problème à la maternité. Le vrai Antéchrist vit dans la banlieue de Londres, et ça change tout ! Course contre la montre pour le retrouver. Mais ils ne sont pas seuls, ils croiseront la route d'Anathème Bidule, descendante professionnelle qui suit à la lettre les prédictions de sa lointaine ancêtre, des inquisiteurs (payés par Aziraphale et Rampa), les 4 Cavaliers, ou motards de l'Apocalypse (ainsi que les motards secondaires...). Et au milieu de tout ça, il y a Adam, Antéchrist et ses amis, les Eux qui cherchent à s’occuper durant l’été, tandis que les pouvoirs d’Adam se réveillent peu à peu...

Difficile de résumer une histoire pareille, lisez-le, parce que ce résumé ne traduit pas le style inimitable de ces deux auteurs, leur humour, leur cynisme aussi. Ils en profitent pour donner leur propre réponse à des questions théologiques très en vogue au Moyen-Âge. Vous saurez, en lisant ce livre, quand le monde a été créé (indice : la Terre est de signe balance) ou encore combien d’anges peuvent danser sur une épingle...


Extrait, p. 17 à 21

« Ce n’était pas pendant l’horreur d’une profonde nuit. L’ambiance aurait été plus appropriée, mais que voulez-vous ? On ne peut jamais compter sur le temps. Pour chaque savant fou qui bénéficie d’un orage providentiel la nuit où son Grand Œuvre, étalé sur la table du laboratoire, est enfin achevé, des dizaines d’autres restent assis à se tourner les pouces, pendant qu’Igor encaisse les heures supplémentaires. (...)
Deux ombres, l’une bossue, trapue, l’autre mince et menaçante : deux rôdeurs de niveau olympique. Si Bruce Springsteen avait enregistré Born to rôde, tous deux auraient figuré sur la pochette de l’album. Ils rôdaient dans le brouillard depuis déjà une heure, mais ils géraient leurs efforts et auraient été capables au besoin de rôder le reste de la nuit, avec des réserves de lugubre menace suffisante pour une dernière pointe de rôdage à l’aube.
Finalement après vingt minutes supplémentaires, l’un des deux s’exclama : « Ca commence à bien faire. Il devrait être là depuis des heures. »
Il s’appelait Hastur et était Duc des Enfers.
(...)
Rampa faisait actuellement du 200 à l’heure, un peu à l’est de Slough. En apparence, il n’avait rien du démon classique. Pas de corne ni d’ailes. Certes, il écoutait une cassette du Best of Queen, mais il ne faut rien en conclure : toutes les cassettes qu’on laisse traîner plus de 15 jours dans une voiture se métamorphosent en Best of Queen. (...)
La Bentley noire de 1925 qu’il conduisait n’avait eu qu’un seul propriétaire : Rampa. Il en avait prit soin. Son retard s’expliquait par une profonde adoration pour le XXe siècle, qu’il trouvait bien supérieur au XVIIe, et infiniment préférable au XIVe. Pour Rampa, le Temps avait un avantage immense : l’éloigner sans cesse davantage du XIVe siècle, les cent ans les plus barbants sur cette Terre que Dieu – passez lui le mot – a faite. Le XXe siècle n’avait rien de barbant. D’ailleurs, un gyrophare bleu dans son rétroviseur annonçait depuis cinquante secondes à Rampa que deux hommes à ses trousses insistaient pour pimenter encore le siècle à son intention.
(...) Dans le cimetière, Hastur, le grand démon, rendit le mégot à Ligur, le plus petit, le plus doué pour rôder.
« J’aperçois une lumière, dit-il. Il arrive enfin, ce m’as-tu-vu. (...)
  • Il ressemble à quoi, ce Rampa ?
Hastur cracha par terre. Il est ici depuis trop longtemps. Depuis le Tout Début. Il est assimilé, si tu veux mon avis. Il conduit une voiture qui a le téléphone à bord. » Ligur y réfléchit. Comme à peu près tous les démons, il avait des notions très sommaires de technologie et se préparait à dire quelque chose comme : « il doit avoir besoin d’une fichue longueur de fil », quand la Bentley s’arrêta devant la grille du cimetière.
« Et il porte des lunettes noires, ricana Hastur, même quand c’est inutile. » Il éleva la voix : « Gloire à Sâtan !
  • Gloire à Sâtan reprit Ligur en écho.
  • Salut tout le monde ! lança Rampa... Désolé je suis en retard, mais vous connaissez la 140 au niveau de Denham. J’ai essayé de couper par Chorley Wood et puis de..
  • Puisque nous somme enfin assemblés, coupa Hastur, récapitulons les Actions de la Journée.
(...) Hastur s’éclaircit la gorge.
« J’ai induit un prêtre en tentation, fit-il. Il marchait dans la rue et quand il a vu les belles filles au soleil, j’ai semé le Doute dans son esprit. Il serait devenu un saint, mais dans moins de dix ans il nous appartiendra...
Tous deux tournèrent le regard vers Rampa, qui leur adressa un grand sourire.
« J’ai occupé toutes les lignes de téléphone portable du centre de Londres pendant 45 minutes au moment de la pause repas.
»


Le plus : le style, l’humour, l’histoire, les personnages.

Le moins : si vous en trouvez, faites-moi signe !



~jamesB~ le 05-04-2009 à 11:45
 

De bons présages est un de mes livres préférés et Terry Pratchett un de mes auteurs favoris, son univers est délirant !
Malgré le fait que ton article soit extrêmement bien fait (contrairement à ce que tu dis ton résumé est super) j'ai trouvé une critique : dommage qu'il y ait une fin je pourrais le lire éternellement.


~laura-parle-d'or~ le 19-11-2009 à 17:40
 

Et moi donc !


~jamesB~ le 20-11-2009 à 10:06
 

Je suis en train de le lire (presque au bout) et en effet c'est hilarant ; la seule chose que je pourrais reprocher, c'est un peu de dispersion dans la narration, m'enfin y'a pas mort d'hommes.


~Melaquablue~ le 08-12-2009 à 08:38
 
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