Le Brouillon



Résumé

Liza est désireuse de connaître le monde des geishas, et obtient le privilège de passer le kimono, et prend le nom de geisha Ichiguku, pendant un an, dans un quartier de Kyôto.


Critique

Liza Dalby est une ethnologue américaine. Elle a réalisé, dans le cadre de son doctorat, une étude approfondie de l’univers des geishas. Elle est la seule occidentale à avoir pu revêtir le kimono de geisha, et a exercé pendant un an dans la communauté de Pontochô. Elle a également rencontré des geishas de 13 autres communautés, disséminées partout dans le pays.

Son livre, Geisha, est la synthèse de son étude. Le regard presque scientifique qu’elle porte sur la société japonaise est précieux, car riche d’enseignements. Elle nous donne des clefs de compréhension sur la société, la culture, le mode de vie du Japon tout d’abord, puis la spécificité des geishas, par la suite.

L’intérêt est bien entendu le regard occidental instruit du monde des geishas ; plus objectif que celui d’un occidental non instruit, et plus objectif que la geisha elle-même, qui n’a pas toujours le recul nécessaire sur sa vie et son travail.



Extrait

« Un type d’élégance naquit, dont les geishas furent les meilleures représentantes. En un mot, elles avaient de l’iki, un sens du style à la fois audacieux et séduisant qui impliquait toute une philosophie de vie. L’iki faisait la synthèse de l’émotion et de l’idéal esthétique.
Au début du XIXe siècle, le plus grand compliment, pour une geisha, c’était d’être qualifiée d’iki par la rumeur publique. […] Le style incarné par les geishas était un équilibre fragile entre des catégories esthétiques opposées et, pour le maintenir, elles passaient des heures innombrables à perfectionner les détails de leur toilette, de leurs manières et de leur recherche artistique.
Malgré tant de temps passé pour obtenir un tel résultat, l’iki était tout le contraire de l’artifice. Le but à atteindre était l’élégance naturelle. Les geishas iki se maquillaient légèrement et habilement, alors que les femmes mariées ne se fardaient pas du tout et que les prostituées étaient outrageusement peintes. […] La sensualité des geishas n’était pas étalée mais à peine suggérée. […]
Les geishas de Fukagawa étaient célèbres parce qu’elles ne mettaient pas de tabis (socquettes). La vision d’un pied blanc et glacé, mis en valeur par un socque en vernis noir, se posant sur la neige, était le summum de l’iki. »


Page 340, Geisha, Liza Dalby, édition de la petite bibliothèque Payot, fév 2003.


Le plus : les nombreux détails mis en corrélation avec la culture japonaise en son entier, qui éclaire beaucoup sur l’origine et la raison d’être des geishas.

Le moins : ce n’est pas un roman ; d’où parfois, certaines longueurs explicatives pouvant être rébarbatives.


~Melaquablue~ le 15-05-2009 à 10:50
 
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