Le Brouillon

L'homme invité pour une raison inconnue regardait un gamin dehors très affairé.

Réception des Lambert, beaucoup de monde, comme toujours cris des enfants, paroles bruyantes des adultes; une soirée réussie dit-on, je crois.
L'homme invité pour une raison inconnue regardait un gamin dehors, très affairé ;
il avait trouvé, volé (?), une vieille montre en argent et la secouait comme un prunier puis portait le boîtier à son oreille. Il avait dû voir ça à la télé.
A voir sa mine dépitée, sa méthode ne semblait pas très efficace.

L'homme se leva, posa son verre de jus de fruit, s'approcha du gosse presque au bord des larmes ; sans un mot, il lui prit la montre, la porta à son oreille, fit un quart de tour sec. Au loin des rouages vibrèrent, sans plus. Il sourit finement, rendit la montre :
  • Tu t'appelles ?
  • Augustin monsieur, elle marche pas...
  • Ecoute-moi, garde-la une demi-heure bien serrée dans tes mains, et elle devrait fonctionner.
  • Ahhh comme un oiseau qui aurait eu froid monsieur ?
  • C'est ça Augustin, c'est ça.

Trente minutes plus tard, le gamin porte à son oreille la montre bien chaude.
Il regarde l'homme qui discute avec la maîtresse de maison, sans le quitter des yeux,
un sourire éblouissant inonde son visage, elle marche, il semble lui dire merci de toutes ses fossettes.

L'homme déguste son verre de jus de tomate en pensant à la tendresse et à la technique.
Les montres sont étalonnées pour fonctionner à vingt-huit degrés, la température extérieure du corps humain ; le petit avait raison, même les montres ont besoin d'amour.

maurice druguet 10 /6/2009


~sorcelor~ le 06-09-2009 à 10:12
 

Quelle jolie leçon.


~pleinelune~ le 21-09-2009 à 17:02
 
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