Le Brouillon





Amélie Nothomb est d’un prévisible incorrigible : on sait toujours d’avance que l’on aura droit à son petit lot de prénoms loufoques et peu banals, que l’on se retrouvera face à une histoire d’amour atypique et irréalisable, que l’on s’agacera devant une perversité non dissimulée de la part d’un des protagonistes, couplée d’une frustration sous-jacente ; difficile de paraître étonné, donc, avec Le Voyage d’hiver, dernier-né de la lignée Nothomb.

Ainsi, de prime abord, et pour seule quatrième de couverture, on fait dans le minimalisme ; une simple phrase : "Il n’y a pas d’échec amoureux". Simple, mais efficace ? Se persuader du contraire aide-t-il à se consoler de l’échec ?

Il y a pourtant une explication simple : pas de synopsis, car hélas, une unique phrase dévoilerait tout d’une intrigue bien trop légère ; un agent EDF, par dépit amoureux, veut détourner un avion et l’écraser sur la Tour Eiffel, symbole de son amour pour Astrolabe, "nourrice" d’un écrivain autiste. Je vous avais prévenus : une ligne, et vous savez tout. Inutile et contre-productif, alors, d’espérer un résumé alléchant.

Ainsi Zoïle s’amourache d’Astrolabe, femme-courage qui a pour sacerdoce la protection d’une autiste, Aliénor, écrivain de génie. Évidemment, l’autiste est niaise et reluque les deux amoureux non-transits, n’aidant en rien à la promiscuité envisagée. Le récit se perd et s’affadit dans les méandres des souvenirs du narrateur, grignotant le peu d’intérêt suscité par un début de roman pourtant cynique et prometteur.

Amélie Nothomb nous a habitués à plus de rigueur et de panache ; un style qui s’essouffle, une répartie affaiblie, un suspense inexistant et des ficelles bien trop souvent usées : rien de neuf à l’horizon.


Extrait :

"Dans les aéroports, quand je passe à la fouille, je m'énerve, comme tout le monde. Il n'est jamais arrivé que je ne déclenche pas le fameux bip. Du coup, j'ai toujours droit au grand jeu, des mains d'hommes me palpent de la tête aux pieds. Un jour, je n'ai pas pu m'empêcher de leur dire: «Vous croyez vraiment que je veux faire exploser l'avion?»
Mauvaise idée: ils m'ont forcé à me déshabiller. Ces gens n'ont pas d'humour.
Aujourd'hui, je passe à la fouille et je m'énerve. Je sais que je vais déclencher le fameux bip et que des mains d'hommes vont me palper de la tête aux pieds.
Or je vais vraiment faire exploser l'avion de 13 h 30."


Amélie Nothomb, le voyage d'Hiver, Albin Michel.


~Melaquablue~ le 18-02-2010 à 08:48
 
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