Le Brouillon




Résumé


Nick Haflinger, cyber pirate avant l’heure, est un petit génie. Ayant été formé dans un établissement des services secrets de l’Etat, il découvre dans un laboratoire une créature génétiquement modifiée. Révolté, il fuit et décide de briser le système. Le même système qui impose de détenir toutes les informations sur tout le monde, (un Big Brother amélioré par la technologie), où la consommation et le style-de-vie-banane sont la norme, et où ceux qui veulent se démarquer sont mis à l’écart.
Mais Nick est traqué par les services secrets, désireux de ne pas laisser filer un si précieux élément...


Critique

Critique de l’uniformisation – dépression des gens qui n’arrivent plus à se dissocier des autres, socialement à la dérive - mais également critique du "tout informatique", tristement d’actualité, où le gouvernement détient toutes les informations sur vous, voire même des informations dont vous n’êtes pas au fait, engendrant paranoïa, dépressions...
Étouffés par cette vie où rien n’est caché, où l’angoisse de savoir que le voisin peut savoir quelque chose sur vous que vous ignorez, et pour se décharger de leur paranoïa, de leurs secrets qu’ils veulent encore préserver, ceux qu’ils ne peuvent dire en public, les gens appellent le Pavillon d’eustache, numéro d’appel anonyme où l’on vous écoute, où l’on ne vous dit rien, et où rien n’est renvoyé vers le gouvernement. Véritable soupape de sécurité où dans un monde lissé, un seul mot de travers peut vous valoir de graves ennuis...


Brunner a ici inventé (1975 !) le cyberpiratage et les virus informatiques dévastateurs (ici, la "couleuvre"). A voir à ce sujet, la vidéo TED sur les cyber guerres du futur :

http://www.dailymotion.com/video/xc31pm_guerre-cybern%E9tique-conf%E9rence_news


Brunner reprend des éléments récurrents de ses œuvres ; ici aussi, nous avons affaire à une firme internationale surpuissante (il avait déjà anticipé les multinationales qui font la loi et le marché), un malaise social ambiant, la paranoïa et la déshumanisation galopante.

Un livre passionnant quoiqu’angoissant, bien plus léger au niveau de la lecture que Tous à Zanzibar, mais avec des réflexions sur l’humain profondes et très intéressantes. Un must.


Quatrième de couverture

En 2010, les Etats-Unis se trouvent enserrés dans un réseau informatique qui détient toutes les données concerant les citoyens, les firmes, les institutions du pays. Rien n'échappe aux ordinateurs, rien ou presque.

Rien non plus ne devrait échapper aux hommes puisqu'un code leur donne accès à toutes ces informations, enfin presque. Quelques-unes relèvent d'un code supérieur, réservé... A qui ?

C'est là une angoisse de plus pour ces hommes frappés de plein fouet par l'onde de choc du futur - maelström de mutations et de migrations qui les emporte tous. Tous ou presque.

Car Nickie Haflinger, informaticien génial et esprit rebelle, veut la ruine du réseau. Mais que peut-il seul, face à un monde totalement soumis aux ordinateurs ?



Extrait

"Face à Rico Posta, Ina sentit pâlir ses joues, mais réussit à garder le contrôle de sa voix.
- Rico, quoi que le reste du conseil et toi puissiez dire, Kate est ma fille et je ne l’abandonnerai jamais. Les données du réseau sur l’utilisation de son code à Intérim sont truquées et...
- Qui a dit qu’elles étaient truquées ?
- Nos propres ordinateurs !
- Hum... nos ordinateurs tels qu’un certain Sandy Locke les a programmés, mais ce Sandy Locke était un faux froc, comme chacun sait maintenant.
- Quand il nous économisait deux ou trois millions par an, tu ne le traitais pas de faux froc. Et je te rappelle que tu as été parmi les premiers à suggérer de le faire permer.
- C’est que je...
Elle se pencha en avant et le regarda avec une insistance presque suppliante :
- Rico, il se passe des choses pas très claires. Tu le sais très bien, même si tu ne veux pas te l’avouer. As-tu récemment essayé d’obtenir des informations sur Sandy ?
- Euh... oui, j’ai essayé.
- Et tu n’en as pas eu, n’est-ce pas ? Pas même l’annonce de sa mort !
- Il a peut-être quitté le pays ?
- Sans passeport ?
Il y eut un silence craquetant, comme annonciateur d’un orage électrique. Finalement, Ina demanda :
- Est-ce que tu as lu un roman qui s’appelle 1984 ?
- Oui, je l’ai étudié à la fac, commença Rico en plissant les lèvres et regardant dans le vague.je vois ce que tu veux dire. Tu crois qu’on l’a... euh... déclaré « non-être ».
- Exactement. Et je crois qu’ils ont fait la même chose à Kate.
- Je... je ne dirais pas qu’ils n’en sont pas capables, avec tout ce qu’ils ont déjà fait. Tu veux que je te dise une chose ? il m’arrive de temps en temps de faire un cauchemar. Je pointe mon code sur un panneau, et un signal s’allume : « dévissé ! »
- Moi, c’est pareil, déclara Ina. Et cela m’étonnerait que nous soyons seuls."



Sur l'Onde de Choc, John Brunner. Editions J'ai lu, 1982. PAGE 258

Attention, le livre à ce jour n'est plus édité. Il vous faudra le trouver d'occasion...


~Melaquablue~ le 16-03-2010 à 10:56
 
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