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Prises de conscience


Faux souvenirs

On a tendance à croire que notre mémoire est un bastion imprenable de notre personnalité, et pourtant des études menées par des psychanalystes ont démontré le contraire. Il est possible de modifier les souvenirs des gens et d'en créer de totalement faux, et ce phénomène n'est pas aussi rare qu'on pourrait le croire.


Une psychologue américaine a réussi à faire dire à des sujets d'expérience qu'ils ont rencontré Bugs Bunny à Disneyland, ce qui est aussi impossible que de voir Tintin au parc Astérix. En effet, ces personnages appartiennent à des entreprises concurrentes.

Les sujets semblaient hébétés et incrédules une fois la supercherie révélée. Ils étaient persuadés d'avoir vécu ces moments : " Il m'a tiré l'oreille et m'a dit "Quoi de neuf docteur ?" "... Le plus étonnant était qu'ils ne remettaient pas en cause leur mémoire défaillante, même après qu'on leur ait annoncé le trucage...

Alors, comment réaliser un tel prodige ? Et bien, tous les sujets étaient allés à Disneyland au moins une fois (en dehors de l'expérience). Ils ont été conduits dans la pièce d'expérience où il y avait une affiche du célèbre lapin et où ils ont assisté à la projection d'une vidéo truquée montrant ce dernier déambulant chez Mickey. Par la suite, les cobayes ont déclaré avoir eux aussi vu le lapin lors de leur séjour à Disneyland.

Comment expliquer ce phénomène ? C'est en réalité plutôt simple. En effet, le cerveau est découpé en plusieurs zones. L'une d'elles régit le centre de la mémoire. Cependant, cette zone de notre maître organe n'est pas isolée des autres, elle est branchée sur le réseau de neurones du cerveau et est donc en contact avec tout ce qui provient de l'extérieur : nos perceptions apportées par nos sens, mais aussi nos sentiments et nos désirs inconscients.
Notre mémoire n'est donc pas fixée en tant qu'état de choses, car elle est soumise aux relations avec tout ce qui nous entoure.
Il arrive aussi que nos rêves se mélangent à la réalité de nos souvenirs, tant et si bien que l'on se demande parfois clairement si ce moment ancré dans notre mémoire a vraiment existé.

Cela pose un réel problème, car une simple suggestion peut entraîner involontairement la création d'un faux souvenir indécelable. Ainsi, je reprends l'exemple des procès pour pédophilie où certaines fois les enfants " victimes " affirmaient des choses dont on leur demandait si elles étaient vraies ou pas. Une expérience confirme cette tendance. Au fait, qui a dit que la vérité sortait de la bouche des enfants ?
Maintenant, les policiers chargés d'interrogatoires pour pédophilie savent qu'ils ne doivent rien suggérer. (Pas de questions auxquelles ont pourrait répondre par oui ou non).

Mais ces faux souvenirs ne sont pas un risque que pour les enfants.

Aux Etats-Unis, dans les années 1970, la mode était de consulter un psychiatre qui prétendait trouver dans l'enfance des gens la solution de tous leurs problèmes.
Ainsi des centaines de personnes ont " découvert " qu'elles avaient été abusées sexuellement par leur propre famille durant l'enfance. Cela a donné naissance à toute une vague de procès démentiels.

C'est dans le but de contrer cette tendance que l'expérience racontée plus haut a été faite : elle devait démontrer (ce qu'elle a fait avec succès) que la mémoire n'était pas totalement fiable et que que l'on pouvait créer de faux souvenirs assez simplement.
Tout le monde posséde en soi de faux souvenirs. Cela paraît difficile à concevoir certes, mais ils sont bien là.

Aujourd'hui, cette vague d'accusations terribles a cessé.

Cependant, cette découverte porte en elle une leçon : il ne faut pas se fier totalement à notre mémoire pour décider de nos actions et de notre comportement.

On se sent aussi invité à se demander dans quelles proportions nos souvenirs sont faux et comment ils influent sur notre existence.

 
 
~Eaque~
Publié le : 25/10/2005