Otzi, précurseur de la cryogénisation

Otzi est une curiosité ethnologique ; il est le seul homme de son époque que l’on ait retrouvé « entier », que l’on ait pu étudier rigoureusement.
Retrouvé en septembre 1991 par deux randonneurs, il gisait, ceint d’une protection de glace qui eut pour fonction de conserver sa dépouille intacte.


Cet homme, plus vieux que les pyramides d’Egypte (-2600 av. JC), que Stonehenge (-3100 environ) a 5300 ans ; on estime qu’il a vécu en -3350 av. JC. Grâce aux tests ADN, on sait qu’il est européen du nord, et originaire des Alpes.

Intéressantes informations le concernant : l’examen de son fémur atteste qu’il a plus de 46 ans, âge avancé pour son époque ; quoiqu’il faut bien dire qu’Otzi, dont le nom provient de la vallée où il fut découvert, l’Otzal, devait prendre soin de lui : on retrouve en effet, lors de l’examen de son côlon, une importante colonie de vers intestinaux ; et à ses côtés, dans sa tombe de glace, un champignon, le polypore du bouleau, dont les vertus curatives contre ces vers sont avérées. Otzi connaît donc les plantes et sait les utiliser.

Il est également bien équipé pour son expédition en montagne ; son habillement, premièrement. Il porte un pagne en peau de chèvre, maintenu par une ceinture en peau de veau. Un grand manteau, un bonnet de fourrure, et des chaussures, les plus anciennes connues en Europe ; une semelle en cuir d’ours, une épaisseur de foin séché maintenue par des herbes tressées, pour l’isolation, et une enveloppe externe en peau de cerf. Le summum du confort.

Mais ce n’est pas tout : on retrouve également près de lui une sorte de pâte faite avec un champignon, (encore), le fomens fomentarius, ou amadouvier, très inflammable. Si l’on y ajoute les fragments de pyrite et les silex taillés retrouvés également, le nécessaire à feu est complet.

Mais le plus intéressant restent les armes, témoignant une grande expérience : l’arc, fabriqué dans l’if, bois souple et résistant, mesure 182 cm ; de plus, le bois est taillé de façon à ce que les nœuds du bois se trouvent du côté interne (l’inverse aurait entraîné une cassure dès le moindre bandage). Intelligent. Un arc puissant, capable d’une portée de 50 m, accompagné de flèches non moins redoutables, légères et avec une pointe en silex aiguisé. Otzi était très certainement un chasseur expérimenté.

Le plus intriguant est la hache qu’il porte : manche en bois d’if, lame en cuivre pur, obtenue par moulage, tenue par un lacet de cuir et « collée » avec de la sève de bouleau. La lame en cuivre pur atteste d’une parfaite connaissance métallurgique, sinon lui ses contemporains.
En effet, la fusion de 1100° nécessaire, impossible à obtenir d’un simple feu de camp, requérait un système de soufflerie avancé pour activer la combustion.
Il fallut donc reculer la période de l’âge de cuivre après cette découverte.

La hache, certainement plus symbolique que fonctionnelle (le cuivre étant un peu trop mou, il se serait usé rapidement) reste à ce jour une énigme.


L’autre énigme non résolue est la raison de sa présence dans cette zone de haute montagne ; il était bien équipé pour partir, certes, mais sa mort, survenue à la fin du printemps (comme l’attestent les graminées trouvés dans son intestin) est certainement due à la flèche qui s’est plantée dans son omoplate, et dont on a seulement retrouvé le silex. Etait-il berger, était-il banni de son village (il semble qu’Otzi ait été stérile, motif de bannissement), fuyait-il ?
On ne sait rien de son histoire, ni de l’histoire locale, des mœurs, mais ce que nous avons pu découvrir d’Otzi montre que le Néolithique n’était, en fin de compte, pas si primitif que ça...


Addenda:

Une récente étude publiée dans Nature a donné de plus amples informations sur Otzi :

il avait les yeux marrons, un groupe sanguin de type O, était intolérant au lactose, et a des similitudes génétiques avec les Corses et les Sardes actuels.
Otzi nous réserve encore de belles découvertes !

 
 
~Melaquablue~ Publié le : 05/09/2008