Origine et définition de la religion par Max Muller II

La suite, l'infini et le divin


Le sauvage primitif a cinq sens (en Inde, 6 sens). Or, comment l'homme primitif peut-il parler de choses dépassant ses cinq sens ?
Max Muller donne un exemple : lorsque le primitif regarde la ligne d'horizon entre le ciel et la mer, son œil ne peut plus percevoir d'objet fini. L'idée d'infini a donc pu se former avant même l'idée de fini. Idem pour l'infiniment petit. Ce qui est vrai de l'espace l'est aussi du temps, de la qualité et de la quantité.

Pourquoi n'y a-t-il pas mention d'un ciel bleu chez les Veda, Avesta, Homère ? Selon Max Muller c'est parce que nos ancêtres percevaient la couleur bleue du ciel, mais le progrès du langage a permis la précision de la perception. Par conséquent, au fil du temps, la langue se charge de néologismes pour exprimer ce qui est nouvellement perçu. Max Muller affirme que l'infini a été perçu dès le commencement de l'humanité mais l'homme n'a pas forgé de terme pour l'exprimer.

L'homme entre en contact avec les objets sensitifs et un monde infini, invisible à ses sens. Muller évite de s'attarder sur le problème du monothéisme regardé comme religion primitive (cela reposerait selon lui sur l'histoire chrétienne du salut). C'est une théorie très farfelue pour lui. Il reconnaît que la science a eu le mérite de répertorier les religions, et d'effectuer une classification à partir de laquelle on a pu s'intéresser à l'origine de la religion. Il met en parallèle religion et langage.
Le langage est en perpétuel mouvement et développement. Pour la religion c'est la même chose : elle abandonne certains éléments anciens pour conserver le noyau de croyances et intégrer des éléments nouveaux. Pour lui il n'y a pas de religion première monothéiste.

Comment l'homme est-il arrivé pour la première fois à l'idée du divin, et de quels éléments l'a-t-il formé ? Lorsqu'on réussira à y répondre, on saura comment l'homme a alors appliqué ce concept à l'être ou aux êtres uniques.
Ex : Veda. Le principal intérêt est de nous mettre en état de voir combien de chemins différents ont pu conduire au même but. Le védisme n'a pas pour forme première le monothéisme ni le polythéisme, mais l'hénothéisme (culte de divers objets pris tour à tour isolément Ces objets sont saisis comme l'amplification d'une présence de l'infini et deviennent donc avec le temps une divinité).
Ex : le soleil : dans les textes védiques, le soleil porte plusieurs noms. Il faut donc différencier chacun des substantifs, même s'ils renvoient tous à la divinité, car celle-ci est perçu sous des aspects différents. Il y a 3 états selon Max Muller :

  • le soleil perçu comme la lumière du matin qui réveille les hommes endormis
  • le soleil apporte la lumière, donc la vie car il réveille les endormis (potentiellement morts)
  • comme le soleil apporte la vie, la Création est due à la lumière. Par conséquent, le soleil est considéré comme créateur de l'univers.

Pour résumer, selon Max Muller, la religion est la moyen qu'ont les hommes pour percevoir ce que leurs sens ne leur permettent pas de saisir : l'infini. Au fur et à mesure que leur langage et leur perception se perfectionnent, cette vision de l'infini (et donc de la religion) évolue, et prend diverses formes ( d'où la diversité des religions, de leur formes et de leur évolution, aucune religion n'évoluant de la même manière! Il nous est impossible de savoir quelle à été la (ou les, selon les endroits) religion originelle. Tout comme il nous est impossible de définir véritablement le mot religion (qui d'ailleurs n'existe pas dans toutes les civilisations et toutes les langues), du fait de l'évolution constante et de sa diversité.

 
 
~jamesB~ Publié le : 09/05/2006

 

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