Main invisible

La " main invisible " est un principe énoncé par Adam Smith (économiste libéral d'origine écossaise), dans "La richesse des nations". C'est un mécanisme qui guide vers l'intérêt général des individus dont les intérêts sont égoïstes. Beau paradoxe, non ?? Comme quoi le bien entraîne le mal et vice-versa.


" Chaque individu s'efforce d'utiliser son capital de telle manière que la valeur de son rendement soit la plus grande possible.
Généralement, il n'a pas du tout l'intention de promouvoir l'intérêt public, pas plus qu'il n'a l'idée de la mesure dans laquelle il est en train d'y contribuer.
Ses seuls objectifs sont sa propre sécurité et son gain personnel.
Ainsi il travaillera le plus dur possible de façon à s'enrichir le mieux.
Ainsi un boulanger soucieux de s'enrichir fera en toute logique le pain le meilleur qui soit, et ainsi il favorisera ses clients qui auront de la nourriture de meilleure qualité.
Il arrive fréquemment, qu'en recherchant son intérêt propre, on favorise beaucoup plus celui de la société que lorsqu'on a réellement l'intention de la promouvoir. "

Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations , 1776 ; d'après réédition, éd. Flammarion, 1991.

 
 
~Eaque~
Publié le : 07/10/2005

 

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Tu as oublié de préciser le rôle de l'Etat providence/gendarme.

Cet aspect est essentiel pour comprendre la métaphore de Smith (qui adulait le mercantilisme (aspect déterminant))


~afras~

 

Oui, je pense qu'on peut facilement constater dans la société actuelle que c'est loin d'être le cas. La somme des intérêts particuliers n'aboutit pas à l'intérêt général, même si cette théorie libérale pourrait être jolie dans la forme.

Il suffit pour cela de prendre un autre exemple contradictoire et très actuel (Il ne suffit donc pas qu'une théorie se confirme dans certains cas pour en faire une généralité): les licenciements. Quand une entreprise veut accroître ses bénéfices, elle licencie des employés (moins de coûts de main d'oeuvre) et je ne suis pas sûre que cela satisfasse l'intérêt des salariés...


~Utopie~

 

Adam Smith écrivait cela au 19ème siècle; depuis beaucoup d'évènements sont venus contredire la théorie, même si au premier abord cela paraît du bon sens.

Pour reprendre l'exemple du boulanger, son intérêt est de faire du profit, et considérer que c'est en faisant du pain de bonne qualité n'est qu'une façon de voir les choses : il fera encore plus de profit en prenant des ingrédients de mauvaise qualité mais moins chers pour fabriquer son pain (cf. notre industrie agroalimentaire qui ne s'en prive pas).

C'est exactement ce qui s'est passé avec les farines animales pour nourrir le bétail, solution moins onéreuse mais dangereuse pour la santé des animaux et des hommes (cf. maladie de la vache folle).

De plus, des économistes ont bien démontré depuis qu'il y avait des inconvénients majeurs à laisser le seul profit individuel aux commandes : c'est la théorie des externalités négatives, comme par exemple la pollution, la plus flagrante.

Ce qui en effet plaide pour une régulation de l'Etat.

De façon générale, je trouve qu'il faut se méfier de toute théorie économique qui paraît être "du bon sens".


~Louise~

 

Alors tout d'abord je voudrais apporter quelques petites précisions sur Adam Smith. Ce n'est pas un économiste mais un philosophe (philosophie morale). Il est célèbre grâce à son ouvrage La théorie des sentiments moraux (1759) qui est pour lui son ouvrage le plus important. Ensuite il écrit Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations en 1776. Ce sont ses recherches philosophiques qui conduisent Smith à s'intéresser à l'économie.
La richesse des nations a connu un succès car il aborde l'ensemble des questions de l'économie politique et il va inspirer les économistes futurs.

Ensuite j'aimerais rectifier une erreur : Smith n'adulait pas le mercantilisme!! En effet, dans la quatrième partie de l'ouvrage, il critique le système mercantile et le système agricole. Il reproche aux mercantilistes de confondre la richesse avec l'abondance de métaux précieux, et de faire du commerce extérieur la seule source d'enrichissement des nations.
Quant aux physiocrates, il leur reproche de limiter la richesse nationale au seul produit de l'agriculture, et de considérer la classe des artisans, des manufacturiers et des marchands comme totalement stérile (c'est-à-dire non productrice de richesse).


~chounette~

 

Je ne peux qu'approuver ce qu'a dit Louise.
Les sociétés cherchent à se faire du profit, le plus possible, et le meilleur moyen pour eux n'est pas forcément de faire un produit de qualité, mais seulement un produit qui ne leur coûte pas cher à la production, et qui se vend bien.
Et lorsque ces entreprises ont un monopole, elles peuvent même se permettre d'augmenter leurs prix, et de se faire encore plus de bénéfices, au détriment des autres qui ne paient plus la qualité, mais n'ont pas d'autres choix, à part choisir quelque chose de plus médiocre.
Et c'est ça le fondement de notre société : des bénéf', des bénéf', et encore et toujours plus de bénéfices!
C'est triste et à la fois navrant d'en être arrivé là...

Et je trouve ce principe de Adam Smith totalement dépassé et faux actuellement. Peut-être était-ce vrai à l'époque. Mais 1776, c'est vieux de 230 ans, et la société n'était pas du tout la même qu'aujourd'hui. ^^


~Thanatos~

 

Il y a le paradoxe des prisonniers qui invalide la main invisible de Smith.

Imaginons deux prisonniers, coupables tous deux d'un crime dont ils sont complices.
Le geôlier les sépare et ils ne peuvent ainsi avoir aucune communication possible. Ils connaissent les clauses d'emprisonnement pour le crime qu'ils ont commis qui sont :

1. Si les deux nient --> ils prennent six mois fermes.
2. Si les deux avouent --> ils prennent cinq ans.
3. Si l'un avoue et l'autre nie --> celui qui avoue est gracié pour service rendu, l'autre prend dix ans fermes.

Dans ce cas-là, si on nie, on peut soit prendre six ans, soit prendre dix, et dix ans de prison, personne n'en veut.
Si on avoue, au pire on prend cinq, au mieux on est graciés. Mais comme les prisonniers cherchent, par "self interest" (comme le disait Smith, il ne dit pas que l'homme est égoïste, mais intéressé par sa propre personne), ce qui leur est meilleur (en l'occurrence, être gracié) donc ils vont avouer tous les deux et se prendre cinq ans de prison.

En conclusion, en agissant pour leur propre intérêt, les deux prisonniers ont peut-être contribué au bien de la société, mais en tout cas, pas au leur !! Eh oui, cinq ans de prison n'est pas la situation optimale recherchée.

Quant à Adam Smith, ses écrits tels que compris par un lecteur du 18ème ne suivent pas la compréhension donnée par un lecteur moderne.

~BlackXamarylliS~

 

Je ne pense pas que le paradoxe des prisonniers soit vraiment une preuve probante de l'invalidité de la thèse de Smith, en effet on est là dans une situation fictive, pas forcément réaliste, et surtout on extrapole une logique économique utilitariste au raisonnement psychologique de prisonniers.

Cependant même si je réfute cet argument, je n'approuve pas pour autant l'hypothèse de Smith.
Cependant, pour ce faire, rien ne vaut un bon exemple, il n'est pas celui des matériaux de mauvaise qualité utilisés par l'industrie agroalimentaire car n'importe quel économiste libéral pourrait vous dire : eh bien il n'y a qu'à aller se fournir chez un autre producteur... Non le meilleur exemple n'est pas celui du produit de mauvaise qualité, mais bien celui du produit mauvais pour la santé, cancérigène ou tout autre saloperie qu'il vous plaira...

Le calcul effectué par l'entreprise au moment où elle s'apprête à enfreindre la loi, intoxiquer les consommateurs, risquer des poursuites en justice est celui de l'utilité de ce comportement, utilité comparée à celle qu'elle aurait à ne pas avoir un tel comportement.
S'il s'avère qu'on se fera plus de fric et que les retombées des procès (toujours négociables à l'amiable) sont minimes à côté de la croissance du chiffre d'affaire (et que l'image de la société ne sera pas trop pourrie -parce que ça a une valeur aussi)... Bref si le calcul bénéfices/risques n'est pas trop mauvais, let's do it !

~DjEzus~

 

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