Guerre sainte chrétienne

Cet article n'a pas la prétention de résumer la vision actuelle que nous avons de la guerre sainte, mais d'expliquer son origine. La guerre sainte est ici différente de la Croisade, elle s'applique en particulier en péninsule ibérique où il s'agissait pour les chrétiens de reconquérir les terres qui étaient sous le contrôle des musulmans.


Cet article est à mettre en parallèle avec celui sur le Djihâd. Cela permet de voir les différences et les ressemblances entre chrétiens et musulmans. Ressemblances dont eux mêmes n'avaient pas conscience.

1. La guerre sainte chrétienne

La guerre s'adresse à tout ce qui est capable de lutter. Il y a un effet mobilisateur comparable à celui des croisades. La tyrannie des Sarrasins est mise en avant.
Urbain II introduit le thème de la rémission des péchés " qu'il ne doute pas d'acquérir ainsi le pardon de ses péchés et la vie éternelle par la grâce et la miséricorde de Dieu "(1089).
" De diverses parties du monde, des chrétiens, pour obtenir la rémission des péchés qui avait été accordée par le pape, vicaire de Notre Seigneur Jésus Christ, à ceux qui iraient en guerre au secours de la chrétienté d'Espagne, étaient venus à Tolède " (lettre de l'archevêque Arnaud à l'abbé de Cîteaux après la victoire à la bataille de Las Navas de Tolosà).

La participation au combat confère ainsi une indulgence pour les péchés, et permet aussi de s'assurer le Paradis.

2. Référence théologique

Il n'y a pas de référence explicite à la guerre dans la Bible, c'est plus un message de paix et d'amour du Christ.
Opposition Jésus-Mahomet : Pas de référence dogmatique pour les chrétiens. Justification unique du martyre. *
La notion de guerre religieuse apparaît avec Saint Augustin qui meurt en 430, alors que l'empire romain est en pleine phase de troubles. Pour lui, certaines guerres sont nécessaires pour éviter l'injustice et l'oppression. Le terme de " tyrannie " est utilisé. Il faut aller au secours de l'Eglise d'Asie. La guerre est vue comme nécessaire, inévitable et donc sainte.
La notion de guerre sainte et de croisade concernant l'al-Andalus apparaît pour la première fois en 1063 : le pape Alexandre II crée les conditions de la première croisade pour reprendre la ville de Barbastro (Sud des Pyrenées).
En 1064, la ville est prise puis reprise en 1065 par les musulmans. En 1095, c'est la première croisade en Terre Sainte.

3. La clef de l'ennemi religieux

L'objectif est plus limité que chez les musulmans. L'objectif est la reconquête de la péninsule ibérique et pas la lutte générale contre les musulmans. La hiérarchie chrétienne n'est alors pas favorable à un affrontement généralisé entre musulmans et chrétiens.
Le sort des ennemis vaincus n'est pas abordé : cela ne sera fait que plus tard, lorsque des musulmans seront sous la domination chrétienne. Il y aura alors un durcissement vis-à-vis des minorités

4. Objectifs de la guerre sainte

Urbain II fait la différence entre la reconquête et les croisades. La Lutte des chrétiens en péninsule ibérique n'a pas pour but de préparer la reconquête de la Terre Sainte. Pour cela, la croisade est plus efficace, car elle possède une dimension supplémentaire en étant aussi un pèlerinage armé, d'où son succès. La reconquête de la péninsule ibérique aura moins de résultats.

Conclusion

Apparence de ressemblance mais il y a de grandes différences.
Différence aussi entre la conception théorique et la réalité pratique.
La notion de guerre sainte monte en puissance chez les chrétiens.

 
 
~jamesB~ Publié le : 19/02/2007

Merci, c'est gentil ! Si cela t'intéresse plus, je peux te passer les fiches que j'ai faites et les quelques cours que j'ai suivis et copiés sur mon ordi, le sujet du cours étant évidemment les chrétiens et les musulmans en péninsule ibérique. Je ne pense pas que je ferai d'autres publications sur ce sujet.

~jamesB~

Pourquoi pas ? Mais ne t'embête pas, ton article me suffit amplement et m'a permis de découvrir par moi-même des sujets relatifs aux tiens, et, plus généralement, sur les conflits postérieurs entre chrétiens et musulmans.
En tout cas merci encore...

~scrounch~

En effet, officiellement, le Christ n'a lancé aucune guerre sainte:
" Enseignez d'abord, convertissez ensuite ".
De plus, il tenta de faire séparer le domaine religieux du domaine politique : " Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu ".

Cependant, les grands chefs chrétiens n'ont absolument pas tenu compte de ce message. Dès l'édit de Thessalonique de Théodose Ier (28 fév. 380), le christianisme devient la " religion officielle " de l'Empire romain. Rome, jusque là tolérante vis-à-vis des autres religions, se met alors à combattre toute autre religion dans l'Empire.

Parmi les conséquences de cette décision, j'en retiendrai :

* L'afflux de métaux précieux, venus du pillage des temples païens, permet de résoudre la crise financière et économique que connaissait l'Empire depuis le début du IIIe siècle ;
* Les Jeux Olympiques, dédiés à Zeus, sont supprimés ;
* Peu à peu, les scribes et les prêtres égyptiens abandonnent l'écriture en " gravures sacrées ", c'est-à-dire en hiéroglyphes ;
* Bien sûr, la conséquence la plus importante est le début d'un vaste mouvement d'évangélisation, notamment dans les campagnes : on sait que " païen " a la même étymologie que "paysan ".

De 774 à 814, Charlemagne fut un grand conquérant au nom du Christ. Lors de ses campagnes contre les Saxons, c'était plutôt du genre : " Tuez d'abord, convertissez de force les survivants que vous réduirez également en esclavage ".

On n'oubliera pas non plus la terrible phrase d'Arnaud d'Amaury, légat du pape, à Béziers contre les " hérétiques " cathares le 22 juillet 1209 : " Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. "

~maestro~

Pas de référence explicite à la guerre dans la Bible ?
Dans l'Ancien Testament, il est parlé de guerre, de conquête, de siège et j'en passe ! Les références sont assez nombreuses.

Et j'ajoute qu'il est dit (Exode 15-3) :
"L'Eternel est un vaillant guerrier". On ne peut être plus clair.

~Deborah Bernard~