La Mondialisation (I) : aspects positifs et négatifs

Le processus de Mondialisation est au cœur du débat politico-économique actuel. Dans quelle mesure la Mondialisation est-elle un processus qui, paradoxalement, est facteur d'uniformisation et d'unification à travers le monde, mais aussi un moteur de fragmentation économique et sociale ?


La Mondialisation en tant que facteur d'unification internationale :
Largement appuyée par le libéralisme, la globalisation des économies est un aspect marquant de la Mondialisation. Ainsi, on constate l'augmentation des taux d'ouverture des pays : leurs liens avec l'extérieur ont une part de plus en plus importante. Tous les échanges marchands de biens et services ont beaucoup augmenté non seulement entre les pôles de la Triade mais aussi avec les Suds. Le niveau du commerce international atteint chaque année des records.
C'est la fin de l'autarcie économique et du protectionnisme douanier, les nations se regroupent sous l'égide de grandes associations mondiales aux rôles régulateurs (du moins théoriquement) : l'OMC, l'OCDE, le FMI... On remarque l'émergence de solidarités régionales aux objectifs de croissance et de développement telles que l'UE, l'ALENA, le MERCOSUR qui s'établissent via une zone de libre échange.
Avec l'essor du commerce de masse, on assiste à la croissance économique et à l'émergence de certains pays du Sud qui rattrapent de plus en plus leur retard économique : les NPI et plus généralement les pays émergents.

La mondialisation c'est aussi la révolution des Nouvelles Technologies de l'Informatique et de la Télécommunication. Il est possible de communiquer instantanément à l'autre bout de la planète : l'Internet et les satellites sont de formidables moyens d'unification des cultures et de brassage des populations.
Si le monde connaît une ouverture pareille, c'est aussi du fait de la fréquentation importante des transports : avion, train, route. Le monde devient plus petit grâce à la réduction de l'espace-temps : au XVIe siècle, il fallait 15 jours pour rallier Paris à Marseille ; aujourd'hui, il suffit de 45 minutes d'avion et de 3heures 30 de train.

Le monde connaît donc une croissance, une unification et une ouverture grâce à la Mondialisation. Il devient plus petit. Elle représente une opportunité, un espoir de développement pour nombre de pays actuellement en retard.

Cependant, la Mondialisation est aussi un phénomène qui fragmente le monde et qui creuse le fossé des inégalités sur plusieurs niveaux.

Si les échanges commerciaux ont augmenté sans cesse au cours de ce demi-siècle, il faut constater qu'ils se concentrent encore majoritairement entre les pôles de la Triade et les pays émergents : la Mondialisation fait donc des exclus et des victimes.

Le commerce se faisant principalement via les océans, tous les pays dits " enclavés " (sans ports) se retrouvent exclus du dynamisme mondial tout comme ceux qui n'ont tout simplement pas d'intérêt économique ou qui ne réussissent pas à l'exploiter.

Les victimes de la Mondialisation sont les pays qui cherchent à s'intégrer dans le commerce mondial, mais qui ne font que subir la concurrence des pays riches dont les exportations sont subventionnées, et qui ruinent les producteurs locaux (exemple des exportations agricoles de la PAC).
De la même façon, beaucoup de pays du Sud n'ont d'autre possibilité que de se spécialiser dans l'exportation de matières premières agricoles, ce qui fait de leur économie le jouet des cours internationaux qui ont en plus une tendance à la baisse.
Il faut donc à ces pays une quantité croissante de leurs produits pour obtenir par importation un produit extérieur, c'est la dégradation des termes de l'échange.

Face à cela, on ne peut que constater l'indifférence et l'injustice des gouvernements du Nord et de l'OMC, qui protestent contre les exportations massives des NPI et le protectionnisme dans le Sud, mais qui parallèlement détruisent des économies entières avec des exportations subventionnées contraires aux règles qu'ils ont eux-mêmes établies pour les autres.

Le libéralisme total ne semble donc pas une solution appropriée au sous-développement dans les pays les moins avancés.
L'inconvénient de la Mondialisation est que si elle permet aux pays riches ou ayant un potentiel de s'enrichir de plus en plus, elle aggrave aussi de plus en plus la situation des plus pauvres. Elle divise l'ordre mondial entre les " inclus " et les " exclus " ; cela s'observe non seulement au niveau mondial, mais aussi régional, entre la façade dynamique d'un pays et sa périphérie.
Pour illustrer mon propos, je citerai l'exemple de la Chine, dont la côte profite exceptionnellement de la Mondialisation, mais dont l'intérieur est voué à une agriculture moyenâgeuse.
De la même façon, cette ségrégation s'observe dans n'importe quelle ville de n'importe quel pays, même si cela est moins visible dans le Nord. Dans le Nord lui-même, la Mondialisation est synonyme de délocalisations et donc de chômage; elle soulève donc souvent une hostilité dans l'opinion publique.

En conclusion, (je quitte ici un point de vue analytique pour entrer dans une conclusion personnelle et donc subjective) la Mondialisation permet la croissance et un progrès exceptionnel dans les " inclus " qui en bénéficient mais fait des ravages chez les " exclus " (à tous les niveaux).
Se pose donc la question de savoir si elle est souhaitable. Voici mon humble avis sur la question : la Mondialisation est un processus avec ses aspects positifs et négatifs. Y renoncer serait dommage car elle représente un espoir, une opportunité de développement pour des pays qui sans elle ne pourraient " sortir la tête de l'eau ".
Cependant, elle est actuellement un phénomène incontrôlé ce qui est à la base des problèmes. Le défi du XXIe siècle sera pour moi de renforcer, de donner du pouvoir à des associations supranationales, qui pourront ainsi réguler la Mondialisation et en faire un instrument du développement au lieu d'être un simple outil au service de l'enrichissement personnel.

Et à ceux qui s'y opposent chez nous via l'argument de la protection de l'emploi national, je dirai simplement " Quel Droit au bonheur et à la richesse avons-nous en plus, nous habitants du Nord vis-à-vis des habitants des pays du Sud, et qui nous permette de vouloir les avantages du commerce international tout en en rejetant les inconvénients ? "

 
 
~Eaque~
Publié le : 07/11/2007

 

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Certes les écarts se creusent entre les pays "riches" et les pays "pauvres" ainsi qu'entre la population d'un même Etat mais il faut cependant rappeler les points positifs de ce nouveau phénomène.
S'il y a une inégalité flagrante dans la répartition des richesses il n'en reste pas moins que l'IDH ne cesse d'augmenter, reflétant un niveau de vie global s'améliorant que ce soit dans les pays du Nord comme dans les pays du Sud : plus grand accès à l'éducation (même s'il reste extrêmement marginal dans certains pays, il progresse), à l'eau potable et à certains services de santé (même remarque).
Avec les NPIA, le Brésil et maintenant la Chine, on assiste à un "rattrapage" économique de certains pays du "Tiers Monde", reste à espérer que ce développement économique s'accompagnera d'un développement "humain" comme ce fut le cas au Japon au début du siècle dernier.

Enfin, d'un point de vue idéologique, la globalisation a entraîné une globalisation des problèmes auxquels il faut apporter des réponses globales! Comme tu l'as dit, le salut vient sans aucun doute d'une concertation dans les solutions à adopter. Parlons d'autres instances internationales comme l'UNESCO, ou d'accords signés pour le bien de la planète comme les accords de Kyoto. Pour la première fois l'humanité cherche à donner des réponses globales, en essayant d'éviter les tentations unilatérales et si ces réponses sont liées à une vision capitaliste de l'économie, ce sont quand même des tentatives communes d'amélioration.

La question n'est donc pas de savoir si on est pour ou contre la mondialisation (elle existe et ne peut être remise en cause) mais dans quelles directions veut-on la guider. En cela l'avenir réside peut-être dans un grand mouvement alter mondialiste solidifié et concret...


~Heiol~

 

"Pour illustrer mon propos, je citerai l'exemple de la Chine, dont la côte profite exceptionnellement de la Mondialisation, mais dont l'intérieur est voué à une agriculture moyenâgeuse."

Je dirais même plus : que la côte elle-même est à deux vitesses ; Shanghai et les villes environnantes du sud-est (Guangzhou, Hangzhou) évoluent très vite, bien plus vite que les américains; les shanghaiens ont une vie semblable à celle des occidentaux, tout est à la pointe de la technologie; cette ville n'a plus rien à envier à la Big Apple, le contraire ne serait même pas étonnant, vu la croissance économique...

Le nord-est de la Chine (Beijing principalement) est certes avancé, mais moins sur les nouvelles technologies; ça peut paraître idiot, mais les pékinois n'ont pas accès aux soins comme à Shanghai (manque de moyens, les pékinois sont largement sous-payés, même si la vie en ville devient de plus en plus chère); il n'est pas rare de croiser des dentistes "à l'ancienne" qui arrachent des dents sans anesthésie... Il existe des tas d'exemples... Il subsiste encore une énorme classe moyenne, et même si cela tend à s'améliorer, cette Chine-là a encore beaucoup de retard comparé aux provinces sudistes, qui bénéficient des capitaux étrangers.

Là réside le grand paradoxe de la Chine : on conserve un état communiste avec tout ce qui va avec (propagande, censure, exécutions, restriction des libertés -on va pas s'en priver non plus) mais on accepte volontiers les capitaux étrangers, même en terre chinoise (Canton et Hong Kong ne doivent pas être considérées comme chinoises à proprement parler, étant donné qu'elles ont été rétrocédées récemment et ont bénéficié de toute l'avancée économique avant cette rétrocession);

Il va sans dire que la Chine intérieure (je n'ose aborder la province de la Mongolie intérieure, qui elle est carrément laissée à l'abandon et même dédaignée) est largement moyenâgeuse, sous-développée en matière d'infrastructures de transport etc.

De plus, le grand souci est que ces villes (il en émerge tout de même) au coeur de la Chine émergent avec des moyens datant d'avant-guerre !(J'exagère à peine)
D'où une évolution dangereuse : on construit à la pelle mais mal et avec des moyens non-écologiques/peu coûteux/peu fiables;


~Melaquablue~

 

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