Les plaies de la connaissance

L'âme humaine est, dans sa quête de connaissance, de la "vérité", d'élévation, semblable au tronc de mon platane...


En grandissant, sa vielle écorce se fissure, et l'arbre présente de nombreuses "plaies" du fait la dilatation du tronc. Durant la période où la nouvelle écorce se crée, l'arbre est alors sensible, et dans ses brèches peuvent s'engouffrer maladies et autres parasites qui sont nuisibles à son évolution ultérieure. Cette faiblesse provient du fait que l'enveloppe de l'arbre de parvient pas à suivre l'évolution interne.

Ainsi, l'âme humaine tentant de s'élever vers un niveau de conscience supérieur, se dilate sous l'effet de l'infinie vérité qu'elle assimile peu à peu.

Arrive un point où cette dilatation fissure la solide enveloppe de l'ego dans lequel l'humain la contient.

Ceci a pour effet de créer une fissure (extrêmement douloureuse et terrifiante pour l'ego, qui entrevoit des notions qui le dépassent) entre la connaissance humaine primaire, "sensorielle", de ce qui l'entoure, limitée et assimilable par l'ego (bien que sous une forme évidement déformée, pour rester en accord avec les limites de l'ego) et la connaissance supérieure de l'âme, infinie, épurée de tout cadre ou de contraintes subjectives, transcendant totalement l'individu.

L'expansion du savoir de l'humain sera donc à jamais enchaîné à son ego réducteur, et l'humain a donc tout intérêt à renoncer à la connaissance universelle, (stagner à l'état d'ignorant), ou à apprendre à transcender l'ego : évoluer.

Tant que l'humain de fera pas du combat contre l'ego une de ses priorités, il n'évoluera plus et sera condamné à sombrer dans l'ignorance de la "vérité", à souffrir des bribes de savoir qui transpirent de l'âme à travers les rares fissures de l'ego.

Certaines "fissures" ont pour nom : "amour" (sans doute le meilleur exemple) "musique", "humour", "peinture", "poésie", "philosophie"... Ce sont autant de créations, non pas de l'esprit, mais de l'âme elle-même qui parfois, rarement, arrive à transcender l'ego et s'exprimer brièvement.



Critiques et réactions vivement conseillées, sans quoi cette réflexion ne saurait être complète.

 
 
~feed_your_head~
Publié le : 28/10/2008

 

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Même si je ne te conseille pas de présenter ton introduction à des botanistes, je trouve la métaphore et ton article très intéressants.

Si je perçois l'immense poésie que renferme le mot "âme", je voudrais débattre au sujet de son amélioration, de son changement d'état conscient, jusqu'à atteindre un état supérieur.

Qu'est donc la nature de ce nouvel état de conscience ?

Je pense, en effet, que la question est légitime. Car peut-on sans cesse parler de conscience supérieure sans vraiment décrire notre pensée ?
S'agit-il d'une amélioration personnelle d'un point de vue éthique ? S'agit-il de l'accession à de nouvelles sensations ? S'agit-il de la conquête d'un nouveau "domaine d'action" (territoire) ? L'accession à une paix émotionnelle éternelle ? De l'obtention de pouvoirs parapsychiques ? Vous riez sans doute à cette dernière remarque.

Que sous-entend-on lorsque nous parlons de "prise de conscience" ?
Accumuler les connaissances y suffit-il ? Même si demain on m'expliquait la manière exacte du fonctionnement de tout être vivant et de sa conscience, cela ferait-il de moi une conscience supérieure pour autant ?

Je ne cherche pas nier la théorie des réincarnations d'âmes, je vous l'avoue, je n'en sais rien du tout et ne prétendrai jamais savoir, ce que de toute façon j'ignore.
J'aimerais juste vous faire part de mon interrogation : qu'est-ce que, finalement, une élévation d'âme ? Cela pourrait-il simplement correspondre à un changement de décors ? Ou plutôt à un changement radical de la nature profonde de la conscience en question, faisant d'elle quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre ?

Pour répondre à ton article au sujet de l'ego, je me heurte à une autre question. L'ego est l'image qu'on a de nous-même, bien. Cela est directement en rapport avec le fait que nous soyons pourvus de conscience. Or, tu dis qu'il faut s'en séparer, se "renier" pour accepter pleinement l'étendue de la vérité.
Je veux bien, mais cela ne revient-il pas à dire qu'il faut se séparer de notre conscience (mourir en quelque sorte) pour y accéder ?

En tout cas, je suis d'accord pour dire que la conscience est un état de la matière et de ses propriétés si "exotique", qu'on pourrait la comparer à une nouvelle dimension dont les mots en sculptent les parois.



~Austin~ le 28-10-2008 à 18:19
 

Le savoir et la compréhension aident l'âme à se développer, mais je ne pense pas qu'ils soient autrement liés.
Merci pour l'article.



~paujo~ le 06-03-2009 à 20:14
 

Très joliment dit... Bravo pour cet article qui expose en une métaphore simple des questions bien anciennes.
Si ce n'est que je ne crois pas que le terme "combat" fût-il ("futile" !) contre l'ego ait sa place dans le vocabulaire de l'universelle quête de l'âme. Transcender, sans doute... mais plus simplement je me plais à croire que le concept même d'ego finira par s'évaporer de lui-même sous l'effet de l'expansion de l'esprit.

Et bien sûr la connaissance n'est PAS l'âme, mais c'est l'outil qui nous a permis de nous rappeler qu'on avait tout oublié... (Je ne sais pas si je suis claire...) ; c'est sans doute également l'outil qu'il nous faudra apprendre à lâcher pour redevenir l'arbre sous l'écorce, être l'arbre sans se demander pourquoi et comment... En gros, plus difficile encore qu'un combat, plus que cicatriser ses fissures, il faut rendre les armes et se déshabiller...
Et si c'est dur, c'est que nous ne sommes pas prêts.
Ces belles plaies (l'amour ! l'humour ! la musique !) sont à mon sens nos guides. Jusqu'à ce que l'on puisse marcher seul.
Alors cultivons nos jardins, et notre nature fera le reste !


~Babetblue~ le 16-04-2010 à 15:20
 

Elle est bien l'image du platane. J'imaginais cela autrement. Je voyais plus une bâtisse avec ses piliers de préjugés. Mon Ego régnait en maitre et me faisait croire que j'avais tout compris (on se croit toujours plus intelligent que son voisin).
Jusqu'au jour où j'ai basculé. Comme si une tempête avait soufflé ma maison intérieur. Mes piliers s'étaient tous effondrés... plus de repères. Panique à bord, c'était le bordel dans ma tête. Depuis, j'ai tout rangé et je me suis rendu compte de ce que j'étais réellement. J'ai encore beaucoup de travail à accomplir. Mais je suis heureux que cela me soit arrivé car maintenant, ma perception s'est élargie et est plus humaine.
Quant à mon ego, il me joue encore des tours. Il ne sera jamais complètement vaincu. Je le sais. Il fait parti de moi et je l'accepte. Mais grâce à cette nouvelle conscience, je prend plus soin des miens. Je sais que ma vie n'a pas plus de valeur que celle de n'importe quel être vivant dans ce monde et ailleurs. J'estime avoir une dette envers notre planète...

Mais pour en revenir à ce que disait Bernard Werber, la conscience est vraiment douloureuse car on apprend à regarder la vérité bien en face. Souvent je me dis que j'ai honte de mon espèce. Alors que faire ? Détourner le regard et se faire ronger par notre Ego ou bien la regarder et prendre les décisions nécessaires pour le bien de tous les êtres ?


~base~ le 11-02-2013 à 23:55
 
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