Société

"L'homme est un loup pour l'homme" : cette citation signifie que chaque personne porte le mal en elle et que cette présence maléfique le rend dangereux pour ses semblables.


Comme je le disais auparavant, la société n'est pas, comme de nombreuses personnes le pensent, à la base du mal.
En effet, celui-ci est présent au fond de chaque personne, il est plus ou moins apparent mais il existe et s'exprime obligatoirement. C'est ce que Freud nommera Thanatos, instinct de la mort et la destruction.
Avant l'apparition de l'ordre social, le mal de l'homme s'exprimait via les meurtres, les viols etc... En gros chaque personne faisait ce qu'elle voulait. Mais maintenant, la peur des sanctions judiciaires empêche cette expression naturelle du mal.

Or le thanatos des hommes doit s'échapper quoi qu'il en soit, et, dans les sociétés modernes il prend une forme plus subtile, plus nouvelle : la délation, la cruauté, le dénigrement, la discrimination sont des faits malheureusement trop présents dans notre quotidien.

Toute bonne société doit canaliser le thanatos de ses membres, pour cela elle doit trouver un ennemi commun, dit "ennemi du peuple". Selon les pays et les époques, cet ennemi a été incarné par les juifs, les communistes, les chiites, les sunnites, les impérialistes, les "boches"...

Au-delà de cela, une société ne peut être en bonne santé qu'avec un bon adversaire.

 
 
~Eaque~
Publié le : 19/10/2005

 

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Le monde virtuel de Eun Bi dans "Le Souffle des Dieux" pourrait justement aider à extérioriser notre pulsion thanatos... J'aime bien ton article.



~Déborah~ le 00-00-0000 à 00:00
 

Pour la citation en début d'article, son auteur est précisé dans le souffle des dieux (je dis ça pour celui qui a envie de le relire pour retrouver l'article ^^).



~calopsfr~ le 00-00-0000 à 00:00
 

C'est très intéressant, mais si le "mal" existe en chacun de nous, je pense que les sanctions judiciaires ne sont pas la seule cause de certaines "sous-expressions" de ces pulsions; les hommes ont sûrement beaucoup plus de moyens pour les canaliser que dans le passé, tels que les sports, les jeux vidéos, les films, les chansons etc.



~Austin~ le 00-00-0000 à 00:00
 

Chacun a une partie de mal en lui... Je suis d'accord, mais seulement ce n'est pas très précis.
Il y a "mal" et "mal". Faire une mauvaise blague n'est pas de la même ampleur que de tuer une dizaine de personnes.
Après, ce n'est pas parce que certaines personnes ont un problème dans la tête qu'il faut en conclure que tout le monde est comme cela.

Maintenant ces gens ont peur d'agir mal, car ils seront punis en conséquence. Mais cette répression a été instaurée seulement car ces gens ne sont pas capables, d'eux-mêmes, d'être gentils et de se mettre à la place des autres qui subissent.

Peut-être que notre sale société changera un jour, quand nos pensées auront changé, et qu'il n'y aura plus toutes ces lois. Qu'on agisse seul, comme on veut, et bien.



~Thanatos~ le 04-11-2007 à 00:00
 

Je dois dire que je n'aime pas beaucoup cet article...
Premièrement, je crois au contraire que c'est la société qui est à la base de ce que tu appelles "mal". N'apprenons-nous pas quasiment tout ce que nous savons de nos parents, eux-mêmes éduqués par leurs parents, et ainsi de suite ? C'est avant tout l'apprentissage, ou devrais-je dire le conditionnement, puisque chacun de nous est entièrement conditionné dès son plus jeune age, qui détermine ce que l'on sera plus tard.

Et puis, à vrai dire, qu'est-ce que le "mal" ? Entends-tu par là les "mauvaises actions" souvent interdites par les religions ?
Le mal n'existe pas, il n'y a que des oppositions d'intérêt. Un meurtrier est-il "maléfique" ? En aucun cas. Il a seulement une vision de l'univers radicalement différente, souvent fixée autour de sa propre personne et de ses propres désirs.
Et le monde animal lui-même n'est-il pas un massacre constant, une boucherie sans nom qui dure depuis des millions d'années ?
Alors non, il n'y a pas de "mal", il n'y a que du conditionnement et du désir.
L'homme est un des seules espèces à éprouver de plaisir à faire souffrir ses congénères ? Et alors ? Je ne vois ici aucun "mal". Ce genre de pratiques peut parfaitement s'expliquer (sans être approuvées, bien entendu).

Non, les sociétés n'ont pas besoin d'adversaires pour bien fonctionner. Au contraire, cela ne fait qu'alimenter son "thanatos". Une société en bonne santé a avant tout besoin d'amis, d'alliés.

Après, je ne dis pas qu'il n'existe pas une sorte d'agressivité chez quasiment tout le monde. Celle-ci est bien souvent due à de la frustration ou à un surplus d'énergie. Mais agressivité, même exprimée sous forme de violence, ne signifie pas "mal" (bon, a part si on se place dans la vision de nombreuses sect... euh religions). Celle-ci pourrait facilement être extériorisée par toutes sortes de jeux, sans pour autant avoir besoin d'un véritable ennemi.



~RoN~ le 03-03-2008 à 00:00
 

Oui tout d'abord, c'est vrai, j'utilise un terme manichéen dont d'habitude je me méfie.

Mais oui, je pense que parfois il faut designer les choses par leurs noms : dans une société qui aspire a l'harmonie, la vie en groupe, les pulsions que j'ai regroupé sous la dénomination "thanatos" sont bien un mal, du mal.

Ensuite je trouve ton point de vue trop naif, je ne dis pas ca péjorativement. "Une société en bonne santé a avant tout besoin d'amis, d'alliés."
C'est quoi a ton avis une société qui fonctionne bien ? Une société avec un chomage quasi inexistant, une forte croissance ? en démocratie, avec du lien social puissant ? Avec tout ca une société devrait donc avoir besoin d'amis et d'alliés si je suis...
Bien, bien, admettons ces conditions préalables. Et bien moi j'affirme le contraire ; la preuve par l'exemple : plantons le contexte : Allemagne, 1937, une société qui tourne bien, trop bien meme...
Economie : Hitler avait promis de reduire le chomage et de sortir l'Allemagne de la crise eco, qu'on me pardonne l'expression mais "putain quoi, il l'a fait", tout le monde dans les usines d'armement qui tournent a plein régime, personne dans les rues, la croissance economique qui explose... Rien a redire, excellente santé eco.
Politique : L'Allemagne est une république, en 1933 un homme tres populaire vient d'etre élu chancelier au suffrage universel direct, il s'apelle Adolf Hitler. Politique => OK, rien a redire...
Société : la cohésion sociale de la majorité semble etre solide, le peuple est soudé autour de son leader charismatique, il rassemble les foules, beaucoup de gens sont venus l'acclamer a Nuremberg en 1935... (www.servimg.com/image_preview.php?i=17&u=11368249)A coté de ca un ordre nouveau semble s'etre installé avec une belle place pour l'Ordre public et la discipline...

Sur les trois points fondamentaux, la société Allemande de 1933-1939 est en bonne santé... et pourtant... Hum oui c'est certainement pour boire une biere entre copains qu'Hitler est partit faire un petit coucou en Pologne en 1939 °_° il avait meme tellement besoin d'amis qu'il a amené plein de soldats avec lui, et des chars. Et des Avions. Et des canons...
NON une société en bonne santé n'a pas forcement besoin d'amis ^^ et je n'ai pris qu'un exemple dans la miriade de lecons que nous offre l'histoire. Napoléon disait "que l'on gouverne bien mieux les hommes par leurs vices que par leurs vertus".

Je suis d'accord avec toi, le monde n'est qu'une boucherie sans nom qui n'a de cesse depuis toujours. L'homme est un animal, pourquoi echapperait'il a la regle ? pour ne pas etre rongée de l'intérieur par cela, une société n'a pas d'autre choix que de canaliser cette pulsion vers un objectif, ennemi commun.



~Eaque~ le 03-03-2008 à 00:00
 

Hum, je ne pense pas qu'on puisse dire que la société allemande de 33-39 était en bonne santé, quand on voit la folie de son ancien leader.
Je crois que chercher à canaliser la violence en la dirigeant vers un ennemi commun ne fait qu'envenimer les choses : la haine appelle la haine, et les mauvais sentiments ne feront qu'augmenter d'eux-mêmes jusqu'à une guerre ou un génocide.
Quoique... Je me rappelle d'une nouvelle dans laquelle, afin de remédier à la guerre froide, un super-ordinateur faisait croire aux humains que des extraterrestres les attaquaient. Face à cet ennemi commun imaginaire, les hommes ne purent que s'unir afin de prévenir une guerre qui n'éclatera jamais (à part si, un jour, de véritables ET arrivaient...).

Je ne trouve pas mon point de vue naïf, mais peut-être un peu trop utopique...
Ce qui me gêne surtout dans ton article, c'est qu'on a l'impression que tu légitimes les grands massacres de l'histoire : "l'homme ayant besoin d'un ennemi commun afin d'éviter sa propre auto-destruction, il est normal que certaines minorités aient été écrasées". Ce ne sont bien sûr pas tes mots, mais c'est un peu ce qui ressort, je trouve.

En tous cas, je suis persuadé qu'on ne peut arriver à quelque chose de bon en gouvernant le peuple grâce à son côté sombre. Si on fait peur à l'être humain, il se braque, ne peut plus réfléchir. Alors que s'il est rassuré, il peut se questionner, chercher, progresser dans la stabilité.

Et tu dis que "L'homme est un animal, pourquoi échapperait-il à la règle ?"
Tout simplement parce qu'il est une entité consciente, qui peut retenir ses pulsions, ou tout du moins les détourner. Il est de notre devoir de faire des efforts, de tenter l'impossible, de créer des utopies. Ne nous cramponnons pas ainsi à ce qu'on croit savoir, à nos pseudo-certitudes. Ce n'est pas parce que l'homme a depuis longtemps tendance à faire le mal autour de lui qu'il en sera toujours ainsi.

Et pour finir, crois-tu vraiment que notre société "aspire à l'harmonie" ?
Harmonie sous-entend un certain équilibre. Et à l'heure actuelle, plus rien n'est en équilibre, sur cette planète.
Nous avons complètement perturbé la plupart des écosystèmes, et pour ce qui est de notre régime libéral, il ne fait qu'accroître les inégalités entre les gens.

Alors qu'est-ce que le mal, finalement, dans un monde qui est en fait complètement fou ?



~RoN~ le 03-03-2008 à 00:00
 

Non bien sûr, je ne voulais pas chercher à légitimer quoi que ce soit dans l'histoire. En fait je voulais essayer (peut-être assez maladroitement) de faire en sorte que les gens se demandent si parfois on ne les pousse pas un peu à détester d'autres personnes dans la société actuelle, c'est l'idée centrale de Globalia de Jean Christophe Ruffin, livre particulièrement intéressant...

Maintenant je suis d'accord avec toi, dans l'absolu les notions de bien et de mal n'existent pas, je les ai juste adaptées compte tenu du contexte. De plus, nous sommes encore d'accord sur le fait qu'il faut tenter d'améliorer notre monde, c'est tout de même ce pourquoi nous sommes ici, et cela passe par l'évolution d'un statut d'animal à un statut d'être humain digne de ce nom.

Malgré mes convictions personnelles, je demeure pessimiste et je peine à croire qu'un jour l'humanité réussira à émerger du cycle de violence qui n'a de cesse de se répéter.



~Eaque~ le 03-03-2008 à 00:00
 

Eaque, dans ton article, tu as cité W. Hobbes mais tu as sorti sa sentence de son contexte initial... Lorsqu'il a dit que "l'homme est un loup pour l'homme", Hobbes n'a en aucun cas voulu dire qu'il était animé d'un quelconque instinct de mort et de destruction naturel ou gratuit envers ses congénères, et que c'était pour canaliser ses instincts agressifs qu'il fallait trouver un ennemi commun à la société pour rétablir l'ordre.
Il parlait, en disant cela, que l'homme, dans un état redevenu de nature, déploierait son instinct de conservation, de survie à la manière des animaux. Il est donc clair que l'homme ainsi gouverné par ses seuls motivations individuelles, sa survie, sa perpétuation, commettrait crimes et massacres envers ses congénères, pour se procurer ce qui serait meilleur pour lui et lui seul. En réalité, Hobbes parlait bien plus de l'instinct de survie de conservation de l'homme !

Freud, près de 300 ans plus tard, a analysé les comportements de l'individu, pas la société. Chacun sa spécialité... Il a défini ce fameux Thanatos que toi tu amalgames aux comportements guerriers organisés par la société structurée dans lequel il évolue, pour obtenir la paix !!!

Or le Thanatos, au risque de me répéter (mais tu n'as pas daigné réagir à mes deux précédentes interventions) n'est pas un instinct de mort et de destruction tel que tu le comprends, toi, et il faut renoncer à l'idée d'associer ce principe à la sentence de Hobbes, en disant que Freud a appelé plus tard Thanatos ce qu'Hobbes prétendait !!!

Le Thanatos est une PULSION de mort versus Eros ou Pulsion de vie, et ne se comprend que dans l'analyse de l'individu en tant qu'individu, dans ses comportements liés à son psychisme.

le Thanatos s'acharne à détruire, à saccager ce que l'individu tente de construire (sa perpétuation par exemple) par l'Eros ! L'Eros, quant à lui, tente constamment de contrer le Thanatos et les deux sont constamment liés, indissociables.

Tu as été maladroit dans ton article, en sortant de son contexte ce que Hobbes a dit et en y associant le principe de Freud ; c'est vraiment mon avis. A toi de démolir ce que je dis, si tu y parviens.

(On doit cependant considérer que ton article est paru il y a bientôt deux ans et demi... J'ose imaginer qu'aujourd'hui, tu le rédigerais différemment.)



~charabia~ le 04-03-2008 à 00:00
 

Allons donc il faut pas être jalouse et agressive du fait que j'aie répondu à Ron et pas à toi. :p

Premièrement, chacun peut bien interpréter une citation comme il veut, débat peut toujours se faire quant à l'écrit d'un auteur. Et de plus, je ne pense pas qu'Hobbes ne faisait référence qu'à l'instinct de survie...

Ensuite oui, j'ai réadapté des termes hors des contextes initiaux que leur ont prêté leurs inventeurs. Cette nouveauté semble bien marquée dans mon article :
"empêche cette expression naturelle du mal" (il y a bien l'idée de quelque chose de nouveau non ?) ;
"il prend une forme plus subtile, plus nouvelle" : là c'est tout de même clair.

Donc non, je ne trouve pas la corrélation que j'ai établie particulièrement à côté de la plaque... Il faut juste suivre l'invitation qui se fait au cours de l'article pour changer d'axe d'analyse, ce que l'on est peut-être enclin à manquer quand on ne lit pas vraiment l'article pour son contenu. Parfois, il faut plus s'attacher à la compréhension du contenu qu'à l'extérieur de l'article.

Maintenant on est au moins d'accord sur une chose, actuellement je n'aurais pas rédigé cet article de cette façon.



~Eaque~ le 04-03-2008 à 00:00
 
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