Définition de l'Homme

Qu'est-ce que l'homme ? Comment le définir ? Pourquoi cela pose problème ?




Depuis la nuit des temps, l'homme s'interroge. Etre à la limite de deux mondes (physique et celui de la pensée, du virtuel, de l'abstrait... on y reviendra plus loin) dont il façonne chaque parcelle, l'homme est un mystère pour lui-même.

Dans son article " Définition de l'homme " B.Werber pose plusieurs questions visant à nous montrer à quel point définir l'homme est ardu. D'après lui, il ne suffirait pas d'un législateur pour définir ce qui est ou ce qui n'est pas un être humain, mais il faudrait également des philosophes, biologistes, politiciens, physiciens, informaticiens, religieux, poètes...

Prétendons quand même donner quelques définitions :

Biologique : être pluricellulaire et mammifère omnivore.
Technique : être inventeur du feu, d'outils et d'art.
Spirituelle : être conscient de la mort.
Evolutive : primate du genre Homo et espèce sapiens, l'homme moderne aurait plusieurs dizaines de milliers d'années...

Ainsi, l'homme possède autant de définitions qu'il existe de disciplines. C'est une des raisons pour laquelle certains en veulent à la science qui l'a désarticulé, qui a fait de lui une " chose ", un objet d'étude réductible à la plus petite particule. D'autres refusent de croire qu'il puisse être l'œuvre ultime de l'univers, la création de Dieu, le sommet de l'évolution.

L'homme ne serait pas un empilement de briques élémentaires ? L'homme ne serait pas un être spirituel ?

Bien qu'on ne puisse le réduire à ces deux aspects, l'homme est matériel et obéit aux lois de la physique tout en baignant au cœur d'un monde d'émotions, d'idées, de représentations, virtuel. Tous ces aspects forment le cœur de sa conscience.
D'où lui vient cette conscience ? C'est un aspect qu'on ne peut traiter si on ne tient pas compte du corps qui la renferme, telle une machine.



L'homme serait-il une machine ?

Avant d'aller plus loin, il est nécessaire de s'accorder sur ce qu'est une machine. Du latin machina, du grec mākʰanā (μηχανή) signifiant : astuce, invention ingénieuse, dispositif.
Une machine est un produit (quelque chose façonné par l'homme, donc toute machine aura pour paternité l'homme) capable d'utiliser une source d'énergie pour effectuer par elle-même, sous la conduite ou non d'un opérateur, une ou plusieurs tâches spécifiques en exerçant un travail mécanique sur un outil, la charge à déplacer ou la matière à façonner.
Une machine est : " une construction artificielle œuvre de l'homme, dont une fonction essentielle dépend de mécanismes ".

Prenant ces définitions au mot, la seule chose qui différencie l'homme de la machine est la paternité obligatoire de celle-ci envers son créateur. Ceci vaut uniquement en définissant l'homme comme une mécanique biologique. Ce parallèle entre homme et machine ne peut pas être fait si on définit l'homme de manière spirituelle, artistique ou juridique.
De la même manière, seul l'homme est capable de libre arbitre. La machine, tout au plus comparable à une pompe à proton cellulaire, est incapable d'un tel libre arbitre et pour cause.

Cependant, l'homme relativement libre dans ses actions (il y aurait de quoi philosopher dessus, mais ce n'est pas le sujet ici) est constitué d'un ensemble de mini machines (cellules) productrices d'informations (ADN) qui par l'utilisation d'énergie (oxydation de sources carbonées ou combustion) synthétisent des éléments en suivant un " programme " codé d'Adénine, Cytosine, Thymine et Guanine.

On s'aperçoit rapidement qu'il y a contradiction : l'homme serait à la fois une machine et un être libre d'imagination, de conscience, d'âme ? Alors même qu'une machine est privée de libre arbitre ?

Nous voyons ici la difficulté qu'il y a de réunir l'esprit et le corps tant ils semblent séparés l'un de l'autre. Mais ne peut-on pas considérer l'homme, plutôt que comme une contradiction, comme une machine habitée par une conscience ? Il y aurait, dans cette définition, une complémentarité expliquant par la même occasion les innombrables distinctions qu'ont fait les cultures au cours des siècles, entre l'esprit et le corps. Et ceci, en mettant de côté les idéologies spirituelles.

Crier au blasphème lorsque certains cherchent à comprendre ? Renier l'idée de quelque chose d'immatériel, d'insaisissable ?

Les idées : un monde non préhensible.

En effet, comment une idée peut-elle faire peur alors qu'elle n'a rien de matériel ? Alors qu'elle n'existe même pas à l'air libre dans la nature ?
Les émotions sont-elles réelles ? Admettre que non serait faire preuve d'un manque de lucidité, voire de mauvaise foi. Nous croulons sous nos émotions.
Peut-être ne sont-elles applicables qu'aux mammifères ? (créatures possédant un cerveau mammalien). Mais cela n'enlève en rien leur réalité, ni à la réalité immatérielle de notre conscience. Nous pouvons tout au plus mesurer les impulsions électriques de notre cerveau et les comparer à différents états conscients du cobaye.
Attention ! Lorsque je parle d'immatériel ce n'est pas d'un point de vue spirituel. Les idées sont immatérielles ; l'idée de justice n'existe pas en elle-même, mais est l'association de plusieurs états de pensée et d'émotions, toujours insaisissables.

Je pense que la conscience ne se comprend pas elle-même. Nous ne nous comprenons pas nous-mêmes. Alors, comment juger ? Comment faire la part du vrai et de l'hypothèse ? Pourquoi ne pas se contenter de ce qui nous entoure, de la réalité environnante et admettre que ce ne sont pas nos jambes qui pensent, ni notre cerveau, mais que de ce tout nait notre esprit ?

Bien sûr, je pense que la plupart du " système " à l'origine de notre conscience se trouve dans notre cerveau, mais pas uniquement. Aurions-nous la même conscience si nous étions aveugles ? Sourds ? Insensibles au toucher ? Incapables de marcher ? Pourquoi le " moi " se place-t-il derrière les yeux ? Voilà une question qui peut hanter !

Si nous extrapolons et sortons du sujet, nous pouvons nous demander quels rôles jouent nos sens dans notre perception de l'environnement, Dans l'élaboration de nos idées ; idées : constructrices de notre univers intérieur, de notre âme.

Ce sont autant de questions qui peuvent nous renseigner sur la nature de l'homme.

Si je m'étale sur tous ces aspects, c'est pour montrer combien est important notre univers intérieur. Combien il est futile de chercher à définir l'homme seulement de manière biologique ou seulement de manière spirituelle. Et combien il est ridicule, par l'ignorance qu'on a de son fonctionnement, de prétendre être le seul animal à posséder une conscience.

Son physique a permis à la conscience de l'homme de se développer jusqu'au point de se questionner sur ce qu'elle est. Le " Qui suis-je ? " en est un fameux exemple. N'est-ce pas amusant de se dire qu'après avoir développé les théories de l'espace-temps, de l'inconscient, de l'égalité entre tous les hommes, la conscience se regarde dans le miroir et dise : " Mince alors ! Qu'est-ce que je suis moi, au fait ? "

 
 
~odranoel, jamesB, Austin~
Publié le : 16/07/2008

 

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Pour Freedom for Monocotyledones, l'expliquation pourrait provenir de lorsque nous étions des primates, où nous marchions à quatre pattes;

en évoluant nous apprîmes à nous dresser sur les antérieurs pour voir plus rapidement venir le danger, et pour mieux voir le territoire, alors que les volatiles, eux, n'ont jamais été quadrupèdes (à ce qu'il paraît ).
Mais j'ai quand même trouvé un animal bipède sans plumes : le kangourou !!
Même si en réalité il se tient sur trois pattes -avec sa queue- il est considéré comme un bipède !!



~liloo~ le 00-00-0000 à 00:00
 

Mouais... Les zoologistes ne sont pas d'accord là-dessus (pour le kangourou). Mais bon tu sais ce sont des gens bizarres...



~Freedom for Monocotyledones~ le 00-00-0000 à 00:00
 

On dit que les humains sont les seuls animaux qui ont conscience du futur.
C'est faux; par exemple, un chien, lorsqu'il va faire une bêtise, sait qu'il va se faire gronder. Il ne comprend pas pourquoi parce qu'il n'a pas la conscience du bien et du mal, mais il sait qu'il va se faire punir; de même pour les animaux de cirque, ils savent que s'ils travaillent bien, ils seront bien nourris ... Et j'ai plein d'autres exemples...

Donc j 'en conclus que l'homme n'est pas le seul être vivant à avoir conscience du futur !!



~liloo~ le 00-00-0000 à 00:00
 

Dans le cas des animaux dressés, on rejoint les réflexes pavloviens.
L'animal a été conditionné dans ses réactions.
L'Hommes est capable d'anticiper des situations non-vécues, ainsi que les émotions qui en découleront, et de réagir en conséquence.



~Telimektar~ le 00-00-0000 à 00:00
 

C'est vrai Freedom for Monocotyledones. Nous sommes les seuls bipèdes à poils. Mais il faut le préciser, car il y a eu des reptiles bipèdes (dinosaures) et les nouvelles technologies ont developpé des bipèdes métalliques.



~scrounch~ le 08-02-2007 à 00:00
 

Petite réflexion...

"Mammifère bipède" : Les cul-de jattes, les amputés d'une ou deux jambes sont-ils des hommes ?
"omnivore" : les végétariens, végétaliens sont-ils des hommes ?
"connaît la métallurgie": les peuplades 'primitives', africaines ou autres, qui n'y connaissent rien, sont-elles faites d'hommes ?
"possède la conscience du futur" : ceux qui ont 'perdu la raison', les schizophrènes, les malades cloués à leurs lits, les comateux, les nourrissons très jeunes sont-ils des hommes ?
"capable de comprendre les autres êtres vivants" : même réflexion que précédemment ; sont-ils des hommes ?

A méditer...

(moi, de mon côté, je suis aussi en train de réfléchir à une définition de l'homme)



~mklvntwr84~ le 03-04-2008 à 00:00
 

Une très belle façon de revoir cet article, mklvntwr84 !

Peut-on être un homme avec un nom pareil...

Pour les handicapés, je crois bien qu'ils se posent la question de savoir s'ils sont encore des hommes. La société évolue pour le leur permettre, mais on n'est pas le même avec des morceaux en moins.

Pour le végétarien, il conserve la possibilité de manger de la viande, il est encore omnivore. Mais n'en fait pas usage.

Pour la connaissance de la métallurgie, ou tout autre connaissance, je pense que cela ne rentre pas en ligne de compte.

Pour le reste, oui, cela compte. Sans compréhension du futur, sans morale, sans compréhension du monde on n'est pas vraiment un homme.



~Sam~ le 03-04-2008 à 00:00
 

Je suis d'accord, Sam. Connaître l'homme, ce n'est pas le voir comme un être différent, mais plutôt dans son humanité ; je ne dois pas respecter autrui au seul nom de sa différence, ce qui serait un rejet de mon semblable. Non, je dois le voir, certes comme différent de moi, mais surtout comme humain, je le respecte parce qu'il est humain et non parce qu'il est différent.

Bon, j'extrapole un peu ; revenons sur la définition de l'homme : comment le définir ? La seule manière, est, selon moi, de le voir tel qu'il est, c'est-à-dire comme un homme. C'est un mystère, l'humanité de l'homme, et croire qu'il serait facile de le définir serait une erreur... euh... humaine !

P.S : pour mon pseudo, j'utilise les consonnes de l'expression américaine "make love not war", "fais l'amour pas la guerre", car j'ai, comme beaucoup de gens, mon utopie et mon avis sur la guerre. "84", c'est pour mon département - voilà pour te répondre, sam... ^^)




~mklvntwr84~ le 09-04-2008 à 00:00
 

Brillamment remanié !



~Melaquablue~ le 16-07-2008 à 00:00
 

Jusqu'où va l'homme ?
Je pense que l'homme est homme du moment qu'il est conscient d'être homme... Les hommes devenus légumes portent bien le nom qu'on leur a attribué... Pour moi, l'homme c'est quelqu'un d' "Aware" (JC VanDamme est-il encore un homme ?) [restons sérieux]



~liloo~ le 17-07-2008 à 00:00
 

Et qu'est-ce que l'esprit ?



~Valkkor~ le 19-07-2008 à 00:00
 

Je ne pourrais prétendre donner LA définition de l'esprit.
Ce que je sais c'est qu'il existe, qu'il est notre "moi", notre conscience. Il est la résultante de processus très complexes, c'est une entité intouchable ou alors il faudrait parfaitement décoder l'ensemble des signaux émis par notre cerveau et arriver à leur donner un sens.
Je ne parlerais pas d'âme (bien que cela soit plus poétique) car ce mot sous-entend l'existence d'un progrès à accomplir, d'une transformation post mortem ayant pour but l'amélioration de l'âme humaine (notons que la notion d'amélioration est extrêmement floue).
Cela est plus dû à la résultante de croyances qu'à de véritables expériences menées avec succès.

Ce dont nous sommes certains, c'est qu'il existe des témoignages de personnes ayant frôlé la mort allant dans ce sens. Mais peut-on en faire une preuve irréfutable ? Je laisse la parole aux futurs thanatonautes...



~Austin~ le 19-07-2008 à 00:00
 

Pour FFM : le kangourou est aussi un bipède sans plumes !!!
(Un tripède avec sa queue... Mais est-ce que ça compte ?)



~liloo~ le 18-07-2008 à 00:00
 

Très chouette article, très complet et amenant à de longues discussions intéressantes je pense.

Sinon c'est chouette on ne voit pas souvent des articles écrits à plusieurs c'est cool.

Mais bon l'homme durant son évolution a perdu ses sens primitifs et développés, ainsi que son instinct animal, ce qui est dommage et sans doute qui nous sera fatal car nous n'arriverons plus à ressentir la nature comme les autres animaux, et donc voir à quel point elle est fragile et mal en point.

Exemple assez courant, le tsunami : les animaux ont fui, ont ressenti l'évènement mais pas nous...



~Giga9~ le 21-07-2008 à 00:00
 

L'homme est aussi un des seuls animaux faisant les choses par plaisir, et non toujours par besoin ou par nécessité, comme courir, ceux qui font du jogging ou de l'athlétisme, ou beaucoup d'autres sports.

Tout comme l'alimentation, bien que nos cousins les singes, les chimpanzés par exemple, aient des friandises, les bananes, et que des animaux, surtout nos animaux de compagnies, puissent devenir obèses.
Mais l'homme mange assez souvent par plaisir, voire grignote, et de même boit par plaisir ; soda, alcool.

Donc il n'agit pas toujours par besoin ou nécessité, bien que chez d'autres animaux très intelligents, tels que dauphins, chimpanzés bonobos, on observe un fort intérêt pour le jeu. Même chez nos compagnons félins et canins, surtout étant jeunes, bien que les jeux avec un chien aillent peut-être dans la répartition des rôles ?
On a le pouce opposable également.

Un des seuls aussi chez qui il n'existe pas de parade pour les femelles ou mâles, pour qui séduire un membre de l'autre sexe ne passe parfois même pas par des contacts directs et réels depuis quelques années...

Mais en effet nous avons aussi unes des plus fortes consciences de l'avenir, et de notre mort, et aussi une très bonne mémoire, des capacités de calcul, et d'abstraction.
Ah oui et c'est le seul je pense pour qui le bébé est dépendant de ses parents si longtemps, et ne peut se déplacer normalement qu'au bout d'un an, or de nombreux animaux le peuvent après seulement quelques heures. Aussi le seul pour lequel il n'y a pas d'âge fixe pour quitter ses parents.

Un des seuls à avoir la conscience de lui, avec l'éléphant, le dauphin.

Nous avons aussi dans notre cerveau une zone du langage particulièrement développée.
Et c'est le seul à se suicider également.

Et y a-t-il d'autres animaux qui élèvent d'autres animaux ? Comme nous avec les chevaux, les chiens, les chats, les ours même.
Et c'est aussi le seul animal, dit-on, à tuer par plaisir. Je ne sais si c'est vrai.

En tout cas c'est le seul à ne pas avoir d'individus dans un zoo, quoique, au regard des réserves indiennes et des anciennes expositions universelles, où on exposait de pauvres gens considérés comme des sauvages...



~eragon~ le 23-07-2008 à 00:00
 

L'homme est le primate qui possède le cortex pré-frontal le plus développé, avec les fonctions qui vont avec.
Le rat et le chien en ont également un mais à l'état plus simple, les oiseaux utilisent une autre partie du cerveau mais la fonction est la même.

L'élevage, l'agriculture, le langage sonore et corporel, la capacité à former une image mentale, la culture, l'éducation (par imitation), le mensonge, le sens de l'humour, la sympathie et même l'empathie, la fabrication d'outils (armes, appâts, alimentaires) ne lui sont pas spécifiques.

Il possède une parade amoureuse très précise variant d'une culture à l'autre, le suicide actif lui est spécifique mais d'autres animaux sociaux peuvent se laissent mourir ou se blesser jusqu'à la mort.

A noter que même un simple acide aminé est capable de réagir à son environnement et que les plantes ont aussi des capacité d'analyses, de communication et de réactions surprenantes.



~nexus6~ le 28-07-2008 à 00:00
 

Voici une observation complémentaire : l'homme a peur.

Une chose est caractéristique chez l'homme, c'est la peur, l'homme a peur ce qui le pousse à vouloir tout contrôler pour ne pas être surpris. On peut aussi penser que cette peur est la motivation qui pousse à agir.

Ex : un homme voit une fourmi sur son beau carrelage blanc et... l'écrase ! Si vous lui demandez pourquoi il l'a tuée, il vous dira que c'est sale (d'ailleurs il a bien sali son carrelage) mais en fait au fond de lui il a peur de ce que cette fourmi aurait pu lui faire dans la nuit. Il a peur sans le savoir à longueur de temps de tout ce qui pourrait gêner sa vie.

On peut aussi parler de la principale peur la mort qui nous fait faire des choses incroyables.


~quentin~ le 19-11-2009 à 11:55
 
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