Origine de l'âme (partie 1)

L'âme et le corps. Si le corps est lui bien certain, l'âme ne l'est pas. Et puis d'abord, l'âme, qu'est ce que c'est ? En a-t-on une au moins? Petit retour en arrière.


I. A l'origine de ce mot

1. « Saiwalo » : la mer

L’anglais dit soul (d'ailleurs SOS signifie en fait « save our souls »), et l’allemand seele. Le point de départ de ces formes est le germanique ancien saiwalo, dérivé d’un mot désignant la mer, lequel apparaît sous les formes modernes sea en anglais et see en allemand.

L'âme est considérée comme « la maritime » selon les croyances des anciens Germains, car la mer serait le lieu d’où surgissent les âmes et où elles retournent après la mort.

2. « anima », « douck », « psychè » : le souffle

Le russe dit doucha. Ce mot dérive d’une racine indo-européenne qui traduisait l’idée de « souffle vital » et qui est à l’origine, notamment du mot allemand Tier (« animal »). On retrouve ici le lien sémantique qui unit en latin animus à animal. Cette même racine a donné en russe les mots de la famille de doukh « esprit ».

Le roumain emploie « suflet » pour traduire la notion d’ « âme ». Il a cependant gardé l’héritage du anima latin. Il en a fait inima mais lui a donné le sens de « cœur », aussi bien au propre qu’au figuré.

Le grec ancien désignait l’âme par le mot de psychè dont le radical entretient de curieuses relations avec les mots de la famille de psychos « souffle frais », « fraîcheur », « froid ». Ici encore, l’âme est considérée comme un « souffle ».

A noter la signification de « papillon » qu’a prise psychè en grec ancien, la transformation de la chrysalide ou de la chenille en papillon ayant été considérée comme le symbole de l’immortalité de l’âme.



II. L'âme en Grèce et en Egypte ancienne

1. Ba : l'âme égyptienne

Les Egyptiens ont été les premiers à mener une intense réflexion sur l'homme et l'âme. Pour eux, l'être humain est composé de cinq élements : Djet (ou sab) le corps, Shout, l’Ombre, Ka, le Double, Ren, le nom et Ba, la Forme.

Ba est ce qui correspondrait le plus à notre notion d’âme, mais selon une réalité toute différente : il s’agit de la forme du corps. L’âme n’est rien d’autre que la forme du corps. Pour les Egyptiens, l'âme est donc intimement liée au corps : si le corps se décompose et perd son apparence, l'âme disparaît. D’où l’importance des rituels d’embaumement et de momification. Par là se comprend enfin toute l’importance de la préservation et de la conservation des cadavres en Egypte. Le tombeau (pyramide ou mastaba) est une garantie de survie.

2. « Anemos » et « psychè » : l'âme grecque

Pour les anciens Grecs, le monde corporel est le seul réel. L’âme est la respiration du corps, son souffle vital (anémos) qui se dissipe à la mort. Le mot âme vient en effet de ce mot grec, qui désigne d’abord le vent, puis le souffle. Mourir est toujours rendre son dernier souffle.

Les Mycéniens ont une conception assez proche des Egyptiens : l’âme ne quitte pas le tombeau et pourrit avec le corps. D’où ces masques d’or que portaient les cadavres des rois pour conserver encore la forme du corps dans leur tholos (monument funèbre circulaire).

La religion grecque n'est pas qu'un ensemble de mythes, il y a également de fortes croyances qui s'expriment notamment dans les mystères. Ces cultes à mystères sont très mal connus, mais on sait que les initiés subissaient tout un rituel, comprenant une "mort" symbolique, suivie d'une "renaissance".

Comme le dit l’hymne à Démeter (mère de Perséphone, reine des morts) : "  Heureux celui des Hommes vivants sur terre qui a vu ces Mystères. Celui qui n’a pas été initié et celui qui n’aura pas pris part aux rites n’auront pas, après la mort, les bonnes choses de l’au-delà dans les sombres séjours ".

Après avoir traversé la mort, les initiés ressortaient avec la profonde conviction de leur immortalité. Il n’en fallait pas moins pour leur donner la conviction qu’ils avaient une âme.

La croyance en l’âme va pour les Grecs avec celle en la réincarnation. L’âme a besoin de plusieurs vies pour se réaliser. La purification dans les périodes entre les incarnation peut se faire par le retour successif dans les quatre éléments. Empédocle d’Agrigente se souvenait avoir été successivement un buisson, un poisson muet dans la mer, un oiseau, un garçon et une fille.

Le mythe d'Eros et de Psychè s'inscrit dans cette réflexion sur l'âme et sa survivance. La morale de l’histoire est que l’âme humaine (=Psychè) doit devenir divine et qu’elle ne le peut qu’après des épreuves multiples et difficiles, grâce à l’Amour. La beauté de l’âme est ce qui mène à l’amour et l’âme ne peut survivre que grâce à l’amour.

 
 
~jamesB~
Publié le : 06/05/2009

 

En cas de conflit avec cet article (problème de droits d'auteur, etc.) vous pouvez en demander la suppression auprès d'un administrateur du site.

Super article, vivement la suite.

~Melaquablue~

 

Il faut être membre du site afin de pouvoir rajouter une félicitation sur un article.