Fred Vargas

Une figure emblématique du polar français.



Fred Vargas est née en 1957 à Paris, où elle vit toujours d'ailleurs, d'un père d'une grande culture (un " encyclopédiste humaniste " comme elle le dit) et d'une mère scientifique. Elle a une sœur jumelle, peintre, qui utilise également le même pseudonyme : Jo Vargas. Très tôt, elle montre un penchant prononcé pour les fouilles archéologiques (comme moi) et après le bac, elle se lance dans des études d'Histoire, avec tout d'abord une préférence pour la préhistoire, puis enfin le Moyen-Age, auquel elle est restée fidèle.

Cependant, cela ne lui suffit pas. Il lui faut également satisfaire son envie d'avoir une occupation en dehors de son travail. Comme elle aime la musique, elle commence par l'accordéon qui se révèle ne pas être un instrument fait pour elle. Qu'à cela ne tienne, elle s'essaie au polar.

Radicalement différent de l'accordéon, me direz-vous. Eh bien non ! Frédérique, de son vrai nom, se choisit un nom de plume : Fred, le diminutif de Frédérique, et Vargas, en hommage au personnage de Maria Vargas, dans le film La Comtesse aux Pieds nus. Elle choisit de construire ses polars selon les deux principes de la tragédie grecque : la lutte entre le bien et le mal et la catharsis, c'est-à-dire le fait de faire passer notre Thanatos et nos humeurs dans le polar (exemple : si on lit une histoire de meurtre lorsque l'on a envie de tuer quelqu'un, cette pulsion de mort est absorbée par le polar). Toujours pas de lien avec l'accordéon me direz-vous encore (du moins ceux qui n'ont pas lu Fred Vargas). J'y viens. Elle construit ses polars comme une portée musicale, en ayant une musicalité dans les mots. Si un mot ne sonne pas bien à son oreille, c'est toute la page qui risque de s'en trouver modifiée. Cela a pour résultat un phrasé particulier, savoureux, collant parfaitement avec les réflexions décalées des personnages, des personnages usés par la vie pour la plupart mais toujours prêts à l'action. Le Moyen-Age est toujours présent d'une manière ou d'une autre, que ce soit dans le contexte ou dans les personnages.

Quant à sa méthode d'écriture, c'est :

  • Environ un an de réflexions. Elle laisse les idées venir et commence à les assembler dans sa tête.
  • Elle rédige le roman en trois ou quatre semaines
  • Elle le fait lire à sa sœur qui donne son avis et ensemble, elles corrigent. La correction peut durer très longtemps.

Son premier roman, même si elle le renie, même si ce n'est pas le rompol (contraction vargassienne de ROMan et de POLicier) de référence, il renferme déjà les caractéristiques de l'œuvre de Fred Vargas et les prémices de ses personnages fétiches à venir. Ce roman, Les Jeux de L'Amour et de La Mort, publié en 1986, remporte la même année le prix du festival de Cognac, ce qui lui vaut d'être publié aux éditions du Masque.

Au début des années 90, sa route croise celle des éditions Viviane Hamy, qui devient son éditeur attitré.

L'année 1993 marque la naissance du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg dans le roman L'homme aux cercles bleus, dont l'intrigue commence par des cercles tracés à la craie sur les trottoirs de Paris, renfermant des objets lorsqu'un jour, c'est un cadavre qu'on retrouve. Adamsberg est un homme pas très beau mais " qui a de la grâce pour mille ". Par le biais des mutations, il a quitté ses Pyrénées pour Paris. C'est aussi un intuitif, un rêveur. Il résout les enquêtes en rêvant, en marchant, en dessinant, suivant ses intuitions, un " pelleteux de nuages " dit-on dans un autre roman. C'est dans ce roman également qu'apparaissent deux autres personnages clés : Adrien Danglard, adjoint du commissaire, puits de culture et alcoolique qui s'occupe seul de ses cinq enfants, et Camille Forestier, le plus souvent par évocation, sauf à la fin, avec qui Adamsberg a une relation complexe. Le roman gagne le prix du festival de Saint Nazaire.

En 1994, elle publie un roman qu'elle avait écrit en 1987 : Ceux qui vont mourir te saluent, qui met en scène trois étudiant démêlant une affaire de meurtre probablement liée à un trafic d'art ou à une femme au passé mystérieux.

De nouveaux personnages fétiches voient le jour dans Debout les morts, sorti en 1995 et couronné du prix Mystère de la critique. Le trio d'évangélistes Marc Vandoosler (Saint Marc), Matthias Delamarre (Saint Matthieu), et Lucien Devernois (Saint Luc), et le parrain de Marc : Armand Vandoosler, ex flic pourri. Ces personnages hauts en couleurs, sont tous " dans la merde " et cohabitent dans " la baraque pourrie ", chacun occupant un étage. Le rez-de-chaussée comprend les salles communes, le premier étage est la propriété de Matthias (la Préhistoire), le second, celle de Marc (le Moyen-Age), le troisième celle de Lucien (la Première Guerre mondiale), et les combles sont réservées au parrain (le monde d'aujourd'hui).

A ces personnages viennent se rajouter Louis Kehlweiler, dit " l'allemand ", qui est un ancien employé au ministère de l'Intérieur, et l'ancienne prostituée affectueusement surnommée " la vieille Marthe ", dans Un peu plus loin sur la droite(1996) qui démarre avec la découverte d'un os d'orteil humain dans une crotte de chien (original, non ?). Marc Vandoosler est employé pour trier la collection d'articles de l'allemand, et c'est comme ça que la rencontre se fait. L'association se poursuit avec le roman Sans Feu ni Lieu (1997) avec un rôle plus important attribué à la vieille Marthe et au crapaud de Kehlweiler, Buffo. Au crapaud car l'un des personnages lui ressemble, à la vieille Marthe car l'enfant qu'elle avait élevé, trentenaire dans le roman et très limité intellectuellement se trouve mêlé à une affaire de crimes en série. L'allemand et le clan Vandoosler doivent mener l'enquête tout en maintenant caché Clément Vauquer. L'originalité poétique de ce roman est le vocabulaire particulier de ce personnage, fait de mots volés à des cours d'université, ainsi que des vers de Nerval mêlés à l'histoire. Une fois de plus, peu de sang et beaucoup d'humour et de suspense.

Depuis 1993, Fred Vargas n'a pas négligé le commissaire Adamsberg. En 1996, L'homme aux cercles bleus est réédité et des nouvelles sont publiées dans des journaux et des magazines. Mais le vrai retour d'Adamsberg a lieu en 1999 avec L'homme à l'envers, où le rôle de Danglard est minimisé au profit de celui de Camille Forestier, que l'on voit occupée à faire de la plomberie et de la musique pour un feuilleton, tout en se détendant dans les bras d'un canadien grand et blond nommé Lawrence D. Johnstone, qui prépare un reportage sur les loups du Mercantour. Car c'est le thème central du roman : les loups dans le Sud Est de la France. Des brebis sont égorgées par un animal à la dentition hors normes. On crie à la battue pendant que la rumeur d'un loup-garou (homme à l'envers comme on disait au Moyen-Age) se répand. Lorsqu'une bergère est retrouvée égorgée, son gardien de troupeau, Le Veilleux et le fils adoptif de la victime, Soliman Melchior persuadent Camille de conduire la bétaillère qui leur permettra de traquer Massart, le loup-garou présumé, à travers les petites routes des Alpes. A défaut de Lawrence, pendant le road-movie, Camille se détend grâce aux histoires de Soliman et au " catalogue de l'outillage professionnel ", son livre de chevet. Le commissaire Adamsberg, lui, suit l'affaire depuis Paris puis rejoint l'enquête menée par l'équipe de la bétaillère à la demande de Camille. Le roman remporte le prix du festival de Cognac en 1999 et le prix Mystère de la critique en 2000.

En 2000, elle s'essaie avec brio à un genre nouveau pour elle : la B.D avec le dessinateur Baudoin. L'œuvre, les 4 fleuves est récompensée du prix Alph-Art du meilleur scénario à Angoulême.

Le XXIème siècle est aussi celui de la diversité pour Fred Vargas puisqu'elle publie en 2001 un Petit traité de toutes vérités sur l'existence. En 2003, elle publiera aussi Critique de l'anxiété pure.

Revenons en 2001, année où elle publie son plus grand succès : Pars vite et reviens tard, dont l'idée de départ était la résurrection du métier de crieur de nouvelles sur les places publiques. A cela se mêle l'annonce du retour de la peste par ces criées, par des quatre inversés tracés sur des portes d'immeubles de Paris et par des morts aux corps noircis. Le tout servi avec le tandem Adamsberg/Danglard, mutés à la toute nouvelle brigade criminelle de Paris, où des personnages nouveaux et intéressants se créent : Estalère, Favre, et Retancourt. Ce roman sert également de prétexte à la rencontre d'Adamsberg avec le clan Vandoosler à travers une amie commune:Camille. Traduit dans 25 pays, le rompol remporte en 2000 le prix des libraires, en 2002 le prix des lectrices ELLE et le prix du meilleur polar francophone, en 2004, le Deutscher Krimipreiz (en Allemagne), et en 2005, le prix des jeunes lecteurs européens.

En 2002, les nouvelles publiées dans les années 90 sortent sous un petit recueil illustré par Baudoin intitulé Coule la Seine.

En 2004 sort Sous les vents de Neptune où Adamsberg se retrouve confronté à son passé avec la reprise d'une série de meurtres dont il menait les enquêtes à titre personnel. Un stage ADN au Québec est sujet à l'enrichissement du vocabulaire vargassien. De plus, le commissaire doit faire face à la vérité : Camille a un enfant, et à la justice : il est accusé de meurtre et doit se cacher.

La même année, Fred Vargas prend la défense de Cesare Battisti.

En 2006, son Petit traité de toutes vérités sur l'existence est mis en scène pour le festival d'Avignon, elle met au point une combinaison pour se protéger de la grippe aviaire. Mais surtout, son dernier rompol en date sort : dans les bois éternels, où Adamsberg est une fois de plus confronté à son passé avec son nouveau lieutenant et une ancienne connaissance et où l'un des membres du clan Vandoosler intervient: Matthias. A l'enquête proprement dite se mêle les meurtres de cerfs en Normandie, des tombes profanées et un étrange livre.

En janvier 2007 sort l'adaptation cinématographique de Pars vite et reviens tard, un film de Régis Wargnier avec dans le rôle :
  • du commissaire Adamsberg : José Garcia
  • de Decambrais : Michel Serrault
  • de Camille : Linh Dan Pham
  • de Joss Le Guern : Olivier Gourmet
  • de Danglard : Lucas Belvaux
  • de Marie-Bell (Marie dans le film) : Marie Gillain


 
 
~nouvo visionnaire~ Publié le : 29/04/2007

 

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J'aime beaucoup cette auteure que je comprends mieux maintenant.

~Angélique~

 

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