Art contemporain : petite explication
Les nouveaux rapports entre l’image et l’œuvre d’art.
Définition de l’art contemporain :
contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas ce que l’on fait aujourd’hui : le grand-oncle qui peint un paysage au bord de la Seine (ou tout autre cours d’eau d’ailleurs), sa peinture, donc, (même si elle est très bien) ne fait pas partie de ce que l’on appelle art contemporain.
Pour simplifier, il y a art contemporain quand la question qu’il nous pose n’est pas bon/mauvais, etc., mais plutôt : est-ce de l’art ou pas ?
A partir de cette question, tout devient sujet possible de création. Dans ce cas-là, vous vous dites certainement : « moi aussi je peux faire de l’art et exposer une vieille canette rouillée dans un bocal (ceci est un exemple) ou un bidet et ce sera de l’art, je serai riche et célèbre AHA ! ». C’est plus compliqué que ça en a l’air.
Ce qui fait l'art, ce sont tous les dispositifs de légitimation, les discours, les critiques d’art, les théorisations : « l’œuvre d’art est un texte-objet » ; cela signifie que souvent, l’œuvre n’existe pas sans texte ou sans la notice.
Donc, pour faire de votre canette un objet d’art, il faut justifier, argumenter votre démarche de façon suffisamment convaincante pour que les spécialistes apprécient et reconnaissent cela comme de l’art.
Dans les musées ou les galeries, l’œuvre peut être exposée avec ou sans notice expliquant la démarche de l’artiste. Certains ne mettent aucune notice car cela permet au spectateur de se faire sa propre opinion et interprétation sans influence extérieure : l’œuvre se suffit à elle-même. D’autres préfèrent expliquer la démarche de l’artiste.
L’art contemporain a commencé, comme tout nouveau mouvement artistique, en prenant à contrepied le mouvement précédent, en bouleversant les règles artistiques du mouvement établi. Il ne s’agissait plus de faire du beau ; l’esthétique, qui était le critère prépondérant jusque là, a été balayé : pour juger une œuvre d’art contemporain, le beau n’entre pas en ligne de compte. Les artistes ont cherché à choquer, étonner, à rendre le spectateur perplexe.
La transgression des règles classiques peut même s’étendre aux lieux d’exposition : le land art par exemple (voir article), dans lequel les œuvres sont éphémères, exposées dans la nature, souvent invisibles, et seule la photo permet de garder une trace du travail de l’artiste.
Voilà ce que dit le peintre et journaliste Philippe Lejeune à propos de l’art contemporain et de sa différence avec les Beaux Arts (rapport moral de Taylor de juillet 2006 (p. 6 et 7), revue de la fondation du baron Taylor) :
« […] Nous autres, pratiquons un art nommé « la peinture », cette activité était autrefois considérée comme faisant partie des Beaux Arts […]. Soucieux de modernité, désireux surtout de se débarrasser d'un impératif aussi lourd à porter que la beauté, la querelle des anciens et des modernes que nous vivons consiste tout simplement à supprimer la référence à la beauté. Ne pouvant plus altérer davantage les valeurs traditionnelles de l'art après les expériences de la moitié du siècle dernier, ils se sont avisés, toujours avec la même étiquette apparente, de fournir une marchandise totalement différente. Ils ont eu l'honnêteté, reconnaissons-le, de changer de nom. Les salons contemporains ne sont plus des salons de peinture, ce sont des salons d'art contemporain […]. L'art contemporain expose dans des lieux où on exposait « la peinture », ce qui entretient naturellement une confusion.
Mais plutôt que de définir une nouvelle forme d'art, on lui applique les règles d'une autre discipline, comme un joueur, lassé du bridge, adapte les règles de la belote... L'art contemporain refuse toutes règles, excepté celle de l'exclusion. Vous savez qu'un slogan fameux était d'interdire tout interdit. L'art contemporain ne vit que d'ukase. N'importe quoi sauf la représentation […]. L'art contemporain se dit conceptuel, c'est-à-dire que, partant d'un concept, on arrive à procurer une sensation. Les Beaux-Arts se donnent un tout autre but, ont un programme bien différent. Partant de l'éprouvé, ils le confrontent à la mémoire collective pour arriver précisément à une idée, c'est-à-dire à un élément que l'on peut comparer […]. »
Pour aller plus loin et pour mieux appréhender les œuvres d’art (qu’elles soient contemporaines ou non), il faut apprendre à voir car le regard a besoin d’être informé : on ne voit que ce qu’on s’attend à voir, d’où la nécessiter d’éduquer le regard.
Références et auteurs importants :
~jamesB~
Publié le : 26/11/2008
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