Médecine légale

Qui n’a pas entendu parler des tests ADN lors d’enquêtes criminelles ? Qui n’a pas vu une série télé dans laquelle la police scientifique effectue des prélèvements d’ADN ? Comment ça marche ? Qu’est-ce qui rend ce type de test si fiable ?
Ce n’est ni plus, ni moins à ces questions que je vais tenter de répondre.



Tout d’abord, qu’est-ce que l’ADN ?



Je vous renvoie à cette page de l’ESRA On-Line : www.esraonline.com/index.php?pagination=view_article&id=211

Pour les plus fainéants d’entre vous, je vais résumer la chose de manière succincte.

L’ADN est la molécule contenant l’information nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme. Il est constitué de plusieurs molécules : désoxyribose (sucre), phosphate et de molécules appelées bases. Il existe quatre bases : Adénine, Guanine, Thymine et Cytosine. Chacune de ces molécules est représentée par sa première lettre : AGTC. C’est la succession de ces lettres qui va former les « phrases » décodées par la cellule.

Ces « phrases » vont permettre la synthèse de protéines qui vont ensuite assurer les principales fonctions de l’organisme : phosphorylation oxydative, dégradation des nutriments, transport d’oxygène et j’en passe.

Cet ADN possède des séquences dites codantes, responsables de la synthèse des protéines citées ci-dessus ; ce sont les exons. Il est composé d’une autre partie, appelée introns et qui ne codent pour aucune protéine. Un des grands mystères qui restent à élucider, c’est le fait que ce dernier est grandement majoritaire dans le noyau cellulaire.
En effet, il représente 80% à 90% de l’ADN (ces chiffres peuvent varier suivant les sources). Ceci est à l’origine de nombreuses interrogations pour les biologistes moléculaires et ne sera pas développé ici.

Ces rappels fournis, la technique d’identification par ADN en médecine légale a pour cible des régions particulières au sein même de ces régions non-codantes ou introns.

Qu’est-ce qui rend ces régions si spéciales et reconnaissables ?

Tout d’abord, elles sont présentes chez tous les individus et ne sont jamais les mêmes entre deux individus.
Elles sont constituées de zones répétitives de 2 à 40 paires de base A, G, T et C. Par exemple, un motif pourra être constitué des deux bases AC répétées n fois. Cela donnera : AC-AC-AC-AC...
Chez chacun d’entre nous il a été dénombré 1500 régions de ce type par chromosome. Je vous rappelle que nous en possédons 23 paires, soit 46.
Ces régions sont appelées minisatellites ou microsatellites, suivant la taille du motif de base.

C’est en analysant ces régions par la technique de PCR (confère : www.esraonline.com/index.php?pagination=view_article&id=433) que la police scientifique déterminera le profil de l’individu.

Comment procède-t-elle ?

Il faut savoir que ce qui intéresse la police ne sont pas tant les motifs répétés, mais leur nombre.
En effet, ces motifs sont présents chez chacun d’entre nous. Ce qui nous différencie les uns des autres, c’est leur nombre.

Ainsi, un individu X aura 43 répétitions du motif AC contre 72 pour un autre Y.
Néanmoins, ne se fier qu’à un seul motif, ici AC, ne permettra pas une bonne discrimination. Pour cela, il faudra identifier au moins 13 motifs différents aussi appelés STR pour Short Tandem Repeat.

Grâce à ce recoupement de données, la probabilité pour que deux individus aient le même profil est de 1 chance contre 10 milliards. Cette technique d’identification est, pour cette raison, extrêmement précise.

Il faut savoir que si un seul STR diffère avec celui d'un supect, ou l'individu suspect, ce dernier sera mis hors de cause. Par contre, la concordance exacte des différents STR analysé ne peut, pour des raisons de logique, être une preuve en soi.
En effet, l’ADN ne donne aucune information sur ce qu’a fait une personne. Il se peut très bien que cette trace biologique n’ait pas été laissée par le criminel, d’où la nécessité d’accompagner ces tests d’une enquête classique.

Pour information, tout individu ayant été jugé coupable par un tribunal et ceci qu’il ait fauché un champ d’OGM ou qu’il ait commis un homicide, est susceptible de se retrouver dans la banque ADN de la police, fiché jusqu’à la fin de sa vie.


 
 
~Austin~
Publié le : 07/03/2009

 

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Très intéressant comme article !

Une question que je me suis posé il y a peu de temps : comment fait-on pour déterminer si tel enfant est le fils de tel père / mère ?

Je pense qu'il s'agit d'analyser quelques gènes / allèles, mais je ne sais pas vraiment...



~Thanatos~ le 16-03-2009 à 21:52
 
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