Le mal à la racine (prendre)

Ou comment résoudre un problème en médecine comme ailleurs...


"Le mal à la racine"


Il y a de cela quelques jours, une patiente se présente à moi avec des sciatalgies récidivantes que ne calme plus son traitement antalgique habituel.
L’origine de ses douleurs : une hernie discale lombaire découverte lors d’un scanner effectué un an plus tôt. Je la reçois pour une I.R.M qui met en évidence cette hernie, mais celle-ci s’est aggravée et vient irriter davantage les racines du nerf sciatique.
Voilà, j’ai fait mon travail, j’ai décelé ce qui causait cet accroissement de douleur.
Cependant, en discutant avec cette patiente, je découvre qu’elle travaille dans une société où elle porte des charges plus ou moins lourdes. Je lui demande de me mimer les mouvements qu’elle effectuerait pour porter un simple carton au sol et constate qu’elle prend une posture corps penché en avant, jambes semi-tendues. Elle porterait donc cet objet en incitant l’effort du rachis, celui-ci supportant la charge.

Ah ce mal de dos... Le "mal du siècle" souvent causé par tant de mauvaises attitudes quotidiennes qui au final lui font porter parfois des tonnes chaque jour. Et nous voilà avec la mère des maux de cette patiente.
Cet exemple de ma vie quotidienne de professionnel de santé m’amène à le décortiquer et l’analyser.

Nous avons face à nous un schéma simple : Faits - Effets - Conséquences. Ici, les faits sont une mauvaise manière avec laquelle on porte manuellement une charge en forçant sur le rachis. L’effet (à plus ou moins long terme) est une hernie discale, la conséquence : de vives douleurs.
La réponse de la médecine a été la prise d’anti-inflammatoires et d’antalgiques qui au bout d’un an s’est avérée insuffisante pour surmonter des douleurs croissantes dues à l’extension de la hernie.
Ma surprise est qu’aucun praticien ne s’est soucié de savoir d’où pouvait éventuellement provenir ce soucis discal.

Je ne vais pas parler ici de fidélisation de clientèle ni de lobbying pharmaceutique mais plutôt de la manière avec laquelle nous analysons et tentons de résoudre un problème posé en médecine comme ailleurs. On a trop tendance selon moi à se focaliser sur les conséquences, remonter aux effets et les considérer comme causes.
Ici cette patiente se dit : j’ai mal au dos car j’ai une hernie discale. Oui mais celle-ci est due à une mauvaise manutention des charges qu’elle porte...

J’ai l’image d’une baignoire qui déborde et nous aurions comme unique idée pour stopper l’inondation que d’écoper sans penser à fermer le robinet qui coule à flot.
La solution est donc en amont, il faut revenir à la vraie source du problème.
Cette dame aurait pu recevoir des cours de manutention, soit au travail, soit dans une école du dos. Une prévention en quelque sorte. Ce mot est devenu récurrent en médecine notamment en terme de cancer, cependant le souci de la prévention est que ces bénéfices sont parfois difficiles à apprécier.

Je m’explique en exemple :

  • vous marchez pieds nus : c’est un fait ;
  • une écharde vous rentre sous la plante: c’est un effet ;
  • une douleur vous envahit le pied : la conséquence ;
Allez, je vous enlève cette écharde : quel soulagement !

En revanche, si dès le début je vous conseille de mettre une paire de chaussure, pas d’écharde dans le pied, pas de douleur. Pourtant vous ne savoureriez pas forcément cette absence de mal. Les bienfaits de la prévention sont donc difficiles à ressentir, d’autant plus dans d’autres situations où les efforts peuvent être quotidiens pour un bénéfice à long terme, comme lors de la mise en place d’un régime alimentaire équilibré pour une santé future.

Je ne cherche pas à remettre en cause ici la médecine occidentale même si cela me ramène inexorablement à ces médecins d’orient qui se doivent de garder leurs patients en bonne santé plus que de guérir leurs maux.
Ces exemples médicaux sont à sortir de ce contexte et à étendre à tout domaine.
Si votre travail n’aboutit pas, ne changez pas forcément d’outil mais peut-être de méthodologie.

A chaque problème une solution, mais n’oublions pas de revenir à l’origine du souci afin de réellement prendre le mal à la racine.

 
 
~Goldikova~ Publié le : 16/05/2010

 

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