Freud et la théorie du fantasme

Il est primordial d’exposer le cas de Dora pour comprendre la théorie du fantasme qui remplace la théorie de la séduction, et qui change le regard que porte Freud sur l’hystérie. De plus, avec le cas de Dora, Freud abandonne la cure cathartique pour mettre en place la cure psychanalytique.


L’étude du cas de Dora :
Dora était une patiente hystérique issue de la bourgeoisie viennoise et qui fut amenée par son père à Freud lorsqu’elle avait 16 ans, puis lorsqu’elle avait 18 ans.
Le traitement dura 3 mois et Freud le considéra comme un échec.

Les symptômes de Dora :
migraines, toux nerveuse qui duraient de 3 à 5 semaines, aphonie complète, moments d’abattement, idées suicidaires pas vraiment authentiques, douleur permanente au ventre, tendance au retrait et à l‘isolement. Les médecins diagnostiquent seulement de la nervosité.


Situation familiale de Dora :
Les relations entre le père et la mère de Dora n’était plus d’ordre amoureux et Dora l’avait bien compris. Le père qui avait des soucis de santé importants avait trouvé du réconfort auprès d’un couple d’amis que Freud nommait Mr et Mme K.
Mr et Mme K. ne s’entendaient pas, et Dora avait bien vu que les relations entre son père et Mme K. étaient plus que de l’amitié. Dora était elle-même très proche de Mr K. qui lui offrait des cadeaux.

Ainsi, Dora se demandait si elle n’avait pas été donnée comme compensation à Mr K. Elle allait bien jusqu’au jour ou Mr K. fit une déclaration à Dora. Elle révéla à Freud que lorsqu’elle avait 14 ans, Mr K. l’avait embrassée et qu’il avait recommencé par la suite. Depuis ce moment, un nouveau symptôme est apparu : Dora ne supporte plus de voir un homme et une femme se parler et elle éprouve beaucoup de haine à l’égard de Mr K.


L’interprétation de Freud :
Freud pense que Dora a éprouvé des sentiments amoureux pour Mr K. mais ces sentiments sont inacceptables pour elle, d’où le dégoût ressenti. Cette scène de séduction actualise des désirs inacceptables et le dégoût est une manière psychique de se défendre. Cette scène n’est donc pas traumatique en elle-même mais elle l’est dans la mesure ou elle exacerbe un conflit intra-psychique.

Freud fait l’hypothèse que Dora a traversé un premier conflit intra-psychique entre désirs et interdits. Ce conflit est appelé le complexe d’Œdipe. Les interdits ont donc été intériorisés par la jeune fille. On abandonne la théorie de la séduction qui devait être l’origine de l’hystérie pour dire que cette scène de séduction n’est autre que la traversée de ce complexe. Il fait notamment appel à des notions comme le refoulement, qui est selon Freud un mécanisme psychique qui rend inconscient des représentations, des désirs.

Par ailleurs, avec la théorie du fantasme, Freud fait l’hypothèse que le refoulement apparaît pendant ce complexe pendant l’enfance alors qu’avec la théorie de la séduction, il faisait l’hypothèse que ce refoulement s’effectuait pendant l’adolescence. C’était alors la puberté et la découverte de la sexualité qui rendait la scène vécue pendant l’enfance traumatique ; tandis que la théorie du fantasme permet de rendre compte du conflit entre les instances du surmoi qui intériorise les interdits, et celle du ça qui est au service des pulsions (cf l’article sur les instances psychiques).
Ce qui se passe dans l’hystérie, et donc dans le cas de Dora, c’est un échec du refoulement par l’intervention d’une scène de séduction. Selon Freud il faut mettre un second refoulement en place, ce qui n’est pas facile.
Interprétation du symptôme du mal au ventre : Selon Freud ce symptôme réalise le désir selon lequel Dora sentirait le sexe en érection de Mr K. Il apporte donc une forme de plaisir mais les interdits intériorisés l’empêchent d’avouer ce désir et le masquent en le punissant et en le réprimant.
Il est intéressant de voir que contrairement à la médecine qui vise à se débarrasser des symptômes, en psychanalyse le symptôme peut apporter du plaisir et aider à une guérison psychique ; il n’est donc pas évident de s’en débarrasser.


Pourquoi Freud a-t-il échoué à guérir Dora ?
Tout d’abord il faut savoir que la relation subjective de Dora a changé sur son histoire au cours des séances avec Freud. Dora s’aperçoit qu’elle est complice de Mme K. et qu’elle n’a jamais rien fait pour s’interposer entre elle et son père. De plus, elle est la confidente de Mme K. et lui voue une grande admiration. Mme K. a joué pour Dora le rôle d’initiatrice et de femme.
Selon Lacan, Mme K. représente aux yeux de Dora l’image de la féminité. Freud va ainsi se tromper en croyant que cette admiration provient du fait que Dora est amoureuse de Mr K.
Mr K représente en réalité bien plus un alter ego auquel elle s’identifie plutôt qu’un objet d’amour.
Elle passe par Mr K. pour atteindre Mme K., elle passe par le père pour atteindre la mère.
Freud en était à une version simpliste du complexe d’Œdipe, il ne pensait donc pas que Dora pouvait ressentir des désirs homosexuels pour Mme K. et il ne les a pas pris en compte, ce qui a mené la cure à l’échec.

 
 
~elodiie~
Publié le : 05/09/2010

 

En cas de conflit avec cet article (problème de droits d'auteur, etc.) vous pouvez en demander la suppression auprès d'un administrateur du site.

Il faut être membre du site afin de pouvoir rajouter un complément d'information sur un article.