Fanch et les Korrigans
La petite histoire qui raconte comment le golfe du Morbihan est né.
Dans les temps ancestraux, quand la mer était encore retirée bien loin de Vannes, d'Arradon et du Morbihan, il y avait un village près de Vannes.
Dans ce village, il y avait un champ sur lequel personne ne cultivait de légumes ni de fruit. On disait que c'était le champ des Korrigans.
[Parenthèse : en breton, Kor veut dire "nain". Rig et un diminutif, et Gan est encore un diminutif. Voyez les Korrigans comme des petits lutins hauts comme trois pommes...]
Dans ce village il y avait un villageois, Fanch, qui ne croyait en rien ni personne. Il vivait avec sa femme et son fils, et chaque jour, passant devant le champ des Korrigans, il se demandait pourquoi personne ne le cultivait.
Alors un jour, il en eut marre. Il rentra dans le champ, et entreprit de le défricher. Lorsqu'il eut arraché la première mauvaise herbe, une voix sortit du sol, lui disant :
"T'es qui ?
Cent korrigans sortirent alors du sol, et aidèrent Fanch à défricher le champ. Le soir venu, le champs était dénué de la moindre mauvaise herbe.
Fanch rentra content chez lui. Il raconta l'histoire à sa femme, qui le sermonna :
"Mais es-tu fou! Veux-tu attirer le malheur sur notre famille ?
Il se coucha, perplexe.
Le lendemain, il revint au champ, et entreprit de retirer les cailloux de la terre. A peine eut-il retiré la première pierre, qu'une voix surgit du sol :
"T'es qui toi ?
Deux cents korrigans surgirent des entrailles de la Terre. Le soir, plus un cailloux n'était là : ils étaient tous empilés à côté du champ.
Il rentra chez lui, mais cette fois-ci, il ne raconta rien à sa femme.
Le lendemain, il vint labourer la terre. A la première motte retournée, une voix lui dit :
"T'es qui toi ?
Quatre cents korrigans vinrent alors retourner la terre à mains nues. Le soirs, la terre était prête pour recevoir la semence.
Le lendemain, Fanch vint avec quatre gros sacs de grains de blé. Lorsqu'il jeta la première graine, la voix revint :
"T'es qui toi ?
Huit cents korrigans vinrent piocher des graines dans le sac, et les semèrent.
Content de lui, Fanch, revenu au logis, dit a son fils : "chaque jour, tu iras voir comment évolue le blé au champ des korrigans!"
Il advint qu'un jour, alors que le blé était vert, bientôt mûr, le fils de Fanch prit un épi de blé pour en mâchouiller les graines (essayez, ça donnera la même sensation que de mâcher du chewing gum, et c'est bon !). Un voix venu des la terre lui dit :
"T'es qui toi?
Mille six cents korrigans vinrent alors arracher les grain de blé aux épis, et mâchouillèrent le blé ! En quelques heures, il ne resta plus un seul grain de blé récoltable.
Lorsque Fanch rejoignit son fils aux champs, il vit le désastre, et flanqua une gifle à son fils. Une voix de dessous terre lui dit :
"T'es qui toi ?
Trois mille deux cents korrigans vinrent alors donner des claques au fils de Fanch. Je ne sait pas si vous le savez, mais un korrigan, ça frappe très, très fort. Lorsque les korrigan se battaient entre eux, ils se jetaient des pierres à la figure. On peut encore voir le résultat d'une de leurs batailles près de Carnac, en Bretagne.
Lorsque les korrigans retournérent sous terre, le fils de Fanch était évanoui, en sang, K.O, hors service, bref... Pas besoin de vous faire un dessin. Et que fait un homme désemparé quand il a un problème qu'il ne peut résoudre?
Il va voir sa femme.
Lorsqu'il ammena sa femme sur le champ des korrigan, elle entra dans une rage incontrôlable, criait contre Fanch, s'arrachait les cheveux.
Lorsque le premier cheveux arraché tomba à terre, une petite voix dit :
"T'es qui toi ?
Six mille quatre cents korrigans sortirent alors de terre, et arrachèrent les cheveux de la pauvre femme, avant de s'en retourner sous terre.
Fanch contempla la scène avec tristesse. Un fils K.O, une femme chauve, plus de blé... Il pleura de chagrin. Lorsque la première larme tomba à terre, une voix lui dit :
"T'es qui toi ?
Ce ne fut pas douze mille huit cents korrigans qui vinrent a Fanch, mais tout le peuple des korrigans. Des millions! Et si vous saviez comme ça pleure un korrigan... Ils pleurèrent tellement que leurs larmes envahirent la région de Bretagne sud, jusqu'à la mer. Il ne resta plus qu'un golfe, qui est, aujourd'hui, le golfe du Morbihan (en breton : petite mer).
Source :
J'aimerais remercier le conteur de la visite de nuit des remparts de Vannes pour m'avoir raconté cette légende.
~Flamel~
Publié le : 08/08/2006
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