Oxyuranus s. scutellatus
Oxyuranus scutellatus scutellatus, ou plus communément appelé Taïpan des côtes, est un des serpents les plus dangereux du monde. Certaines caractéristiques font qu'il est cependant extrêmement intéressant dans le domaine de la médecine.
Le Taïpan des côtes vit en Australie. C'est un prédateur, un vrai, dangereux à souhait. Il peut mesurer jusqu'à 4 mètres de long, et son agressivité n'a d'égale que sa rapidité. De plus, non content que son venin soit un des plus puissants du monde, le Taïpan en injecte à chaque morsure suffisamment pour tuer potentiellement soixante adultes !
Ce puissant venin a été étudié par de nombreux biologistes, qui ont mis en évidence que cette grande toxicité était due à la présence de la molécule taipoxin, qui a pour action principale d'interrompre les transmissions neuronales, provoquant ainsi une paralysie des centres respiratoires et cardiaques chez la victime.
Il a été montré que la molécule taipoxin était en fait constituée de trois sous unités différentes :
Des recherches ont donc porté sur cette dernière sous unité. Celle-ci a été isolée des autres par des procédés de fractionnement assez complexes, puis mise en contact avec des cultures de cellules.
Les résultats ont été surprenants. Les cellules ne sont pas mortes, comme il serait logique de penser étant donné que cette molécule est extraite d'un venin.
Au contraire, il s'est avéré que la sous unité beta (appelée dorénavant beta-taipoxin) était un agent mitogène très puissant.
En d'autres termes, cette molécule stimule très efficacement la prolifération cellulaire, en agissant à la manière d'une hormone, et permet donc la reconstruction de tissus vivants.
Des tests ont été réalisés sur des rats : on a artificiellement blessé ces rongeurs en leur enlevant des carrés de peau de 4 mm (un peu cruel, d'accord). Puis certaines blessures ont été traitées à la beta-taipoxin.
En six jours, les plaies ont complètement disparu, sans même laisser une cicatrice, tandis que celles des rats-témoins étaient encore ouvertes.
D'autres tests ont ensuite été réalisés sur des être humains.
Un patient avait une grave blessure nécessitant une greffe de peau.
Un autre souffrait d'un ulcère diabétique ne répondant à aucun traitement.
D'autres, enfin, avaient des coupures plus ou moins grandes.
Dans chacun de ces cas, une application journalière de beta-taipoxin sur les blessures a permis de soigner les patients sans même qu'ils gardent une cicatrice, ce qui est tout à fait exceptionnel.
D'autres tests ont de plus montré que la beta-taipoxin permettait également la reconstruction de nerfs endommagés.
Le potentiel de cette molécule est donc extrêmement intéressant. Grâce à son puissant pouvoir mitogène, elle permettrait le traitement de blessés graves, comme par exemple les grands brûlés.
Des molécules de croissance ayant les mêmes propriétés existent également chez d'autres animaux, par exemple chez les bovins, mais c'est la première fois que l'on découvre un facteur mitogène si puissant.
Quelle ironie, n'est ce pas, que de trouver une substance de ce genre chez un des animaux les plus mortels du monde ?
D'après Binnie V. Lipps : Isolation of subunits alpha, beta and gamma of the complex taipoxin from the venom of Australian taïpan snake (Oxyuranus s. scutellatus) : characterization of beta taipoxin as a potent mitogen.
~RoN~
Publié le : 14/05/2007
En cas de conflit avec cet article (problème de droits d'auteur, etc.) vous pouvez en demander la suppression auprès d'un administrateur du site.
Je viens de finir la lecture de cet article et je me rends compte que j'ai les yeux écarquillés. Impressionnant! Et très bon article aussi.
Il faut être membre du site afin de pouvoir rajouter une félicitation sur un article.