Chiens dangereux
Un chien ne naît pas dangereux, il le devient... Quelques conseils pour l'éviter.
Chiens Dangereux
Depuis plusieurs mois, les médias amplifient des faits divers, impliquant des chiens et des enfants. Des enfants mordus, défigurés, voire tués par des chiens, cela arrive, je pense, depuis très longtemps, et malheureusement, cela risque encore d'arriver.
Les médias stigmatisent alors certaines races de chiens en les qualifiant de dangereuses. Bien sûr, la mâchoire d'un pitt-bull n'a rien à voir avec celle d'un caniche. Mais il est absurde de définir la dangerosité d'un chien en fonction de sa race. Un chien ne naît pas dangereux, il le devient. Un peu comme pour les humains, c'est son vécu, son expérience du monde qui va le rendre potentiellement dangereux.
Pour écrire cet article, je me base sur les enseignements d'une amie, docteure en psychologie canine, qui a passé sa vie avec des chiens, les a observés, et a fait évolué ses théories en fonction de ses observations et expériences.
C'est impressionnant de voir ce qu'elle obtient d'eux, sans élever la voix, et on sent la joie de ses chiens à obéir. Je me base également sur ma modeste expérience, j'ai été le maître d'un caniche étant gamin (de 9 à 18 ans), et j'ai actuellement une chienne berger allemand d'un an et demi, et un mâle croisé border collie de sept mois.
Comme m'a souvent dit mon amie qui est éducatrice canine : " j'éduque plus les maîtres que les chiens ".
Tout d'abord j'aborderai des notions de langage canin, ou comment reconnaître certains comportements et leur signification.
Ensuite j'exposerai quelques règles de base à suivre pour éviter que son chien ne devienne dangereux..
Enfin nous verrons qu'il est très facile de rendre un chien potentiellement dangereux, même sans le vouloir.
Comportement et langage canin
Il faut bien intégrer que l'ancêtre du chien est le loup. Le chien a conservé l'instinct de meute. La meute est une structure hiérarchisée pyramidale, où on trouve en haut de la pyramide un mâle ou un couple dominant. Ceux-ci sont toujours les premiers à manger sous le regard des autres, et sont à l'initiative de tous les déplacements de la meute.
De par leur comportements et attitude, les membres de la meute se positionnent dans la hiérarchie. Bien sûr la hiérarchie est souvent remise en question. La dominance et la soumission sont dépendants aussi du caractère de chaque animal.
Etudions la rencontre et son rituel entre deux chiens qui ne se connaissent pas.
L'approche : Quand deux chiens entrent en contact visuel, leurs attitudes corporelles vont nous renseigner sur leurs intentions. Si un chien se raidit sur ses membres, garde la queue droite et fixe, il montre son caractère dominant, qu'il a confiance en lui et qu'il ne se laissera pas impressionner. Cela peut s'accompagner d'aboiements affirmant sa présence.
Un chien de nature soumise s'approchera les oreilles rabattues, la queue basse.
Un chien sociable gardera une démarche souple et agitera la queue.
Le contact physique : Les chiens vont ensuite entrer en contact physique, ils vont se sentir le postérieur, leur odeur marquant leur identité.
Le positionnement hiérarchique : Passée cette étape, les chiens vont se positionner l'un par rapport à l'autre. On peut observer plusieurs comportements significatifs de la volonté de dominance. La démarche toujours raide, la queue bien droite, le poil hérissé, un chien va tourner autour de l'autre pour le " bloquer ". Il va ensuite tenter de poser sa patte ou sa tête sur l'encolure de son congénère.
L'autre chien peut alors montrer des signes de soumission : il garde les oreilles rabattues, la queue basse, se donne des coups de langue sur le museau, lèche les babines de son congénère, s'étire (il fait une sorte de révérence).
Le positionnement hiérarchique ne sera pas établi tant qu'un des deux chiens n'aura pas donné des signes de soumission. Si ces signes ne sont pas montrés, les chiens vont alors chercher à s'impressionner mutuellement : ils vont grogner, montrer les dents, et la situation peut dégénérer en bagarre. Ces bagarres sont très rarement dangereuses pour les chiens, car en général un des deux cède rapidement, et montre alors des signes extrêmes de soumission. Ça peut être la fuite, ou il va se coucher sur le dos, la queue entre les pattes, exposer sa gorge.
Les bagarres peuvent être dangereuses pour l'homme si celui-ci tente de s'interposer. Je le répète : il est nécessaire que l'un des chiens donne des signes de soumission pour que le rapport hiérarchique soit clairement établi. Ce rituel est en général assez court, de l'ordre d'une vingtaine de secondes, où l'homme se doit de ne pas intervenir.
Un chien peut aussi désamorcer une situation tendue en invitant l'autre au jeu. Il va alors faire de petits bonds en aboyant, plaquer son torse au sol en gardant l'arrière-train en l'air, remuer vivement la queue. Si son congénère ne répond pas à son appel, il va alors se désintéresser de lui.
Quelques règles de base pour une relation saine
Il va de soi qu'un maître se doit de conserver une position de dominant par rapport à son chien. Pour cela quelques règles sont à respecter :
En règle générale, dans une meute, le dominant ignore les autres membres. En revanche, ceux-ci sont attentifs au dominant et répondent à ses sollicitations.
A noter que dans cette méthode d'éducation, la caresse est utilisée comme récompense pour l'obéissance à un ordre, on ne fait pas de caresse "gratuite ".
De même, les jeux de mordant sont à proscrire, on ne doit pas se disputer un objet avec le chien.
Il ne doit pas vous prendre quelque chose dans la main, si c'est dans votre main, c'est à vous, si c'est dans sa gueule c'est à lui. Cependant le chien doit tolérer que vous lui preniez quelque chose dans la gueule, mais doit lâcher dès que votre main se pose sur l'objet. Cette règle respectée évitera bien des accidents, en particulier avec les enfants.
Variante : tenir le chien plaqué au sol sur le dos en le maintenant les mains posées sur le sternum.
Il est facile de rendre un chien dangereux.
Quand le rapport hiérarchique est inversé, le chien peut devenir dangereux pour les membres de la meute que constitue la famille. Si son autorité est remise en question, un coup de dent est vite parti. En principe, le chien passe par des menaces (grognements, montre les dents), mais si celles-ci sont ignorées, l'étape suivante est l'attaque.
Il est important de savoir reconnaître les signes de soumission, car en cas de punition, ou de réprimande verbale (comportements menaçants pour le chien), il convient de s'arrêter quand le chien donne des signes de soumission. Si ceux-ci sont ignorés et que le chien se sent acculé, son dernier recours sera l'attaque.
A noter que quand quelqu'un, énervé par son chien, l'appelle en se tenant raide, penché en avant, bras tendu et doigt pointé en hurlant " viens ici ", l'attitude corporelle du maître signifie au chien " si tu entres dans ce périmètre je t'attaque ". Bien souvent si le chien finit par venir, c'est en montrant des signes extrêmes de soumission, rampant, oreilles rabattues, queue entre les jambes.
Autre exemple de comportement très répandu : tenir son chien en laisse et tirer sur la laisse pour éviter qu'il aille renifler un autre chien, une personne, un enfant, etc. Le message envoyé au chien en faisant ça s'approche de "attention, danger ".
Comme précisé plus haut, les jeux de mordants sont à proscrire formellement.
Autre précision importante sur la notion de temps. Le chien, comme tous les animaux apparemment, vit dans le présent, sans notion de passé ni de futur. Donc si on ne le prend pas sur le fait, il est inutile de réprimander un chien pour une bêtise. Bien sûr, on se dit en voyant le chien penaud devant les réprimandes qu'il sait qu'il a fait une bêtise. Mais lui, voyant notre attitude menaçante par notre ton ou notre attitude, évidemment donne des signes de soumission.
On risque à terme en faisant cela de perdre la confiance de son chien.
Autre précision concernant l'emploi du nom du chien. Le nom est fait pour attirer l'attention du chien, en conséquence il doit toujours être suivi d'un ordre. L'utilisation à tort et à travers du nom du chien peut aboutir à ne même plus capter son attention. De même, il ne faut pas utiliser son nom quand on le réprimande.
Voilà, cet article est loin d'être exhaustif, j'ai essayé de transmettre clairement quelques notions de base concernant les règles à adopter avec un chien, pour que le chien soit heureux à sa place et le maître à la sienne.
Vivre en compagnie d'un chien engage une responsabilité qui n'est pas anodine, il nous incombe de se mettre au niveau du chien pour se faire comprendre, car le chien ne pourra jamais se mettre au nôtre.
Et c'est un réel plaisir de vivre en harmonie avec un animal quel qu'il soit. Bien sûr, cela nécessite un apprentissage, j'apprends encore tous les jours de mes compagnons, surtout que rien n'est jamais acquis, ils savent nous le rappeler !
Merci à Jo de m'avoir transmis ses connaissances !
~rahansor~
Publié le : 28/01/2008
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Les jeux dans la meute sont des simulations de bagarre, ou des disputes d'objet ou encore des courses-poursuites. Mais ces jeux ne sont pas si innocents, puisqu'il y a en fond un rapport de force. Ils apprennent aux jeunes à se positionner petit à petit dans la meute. Les jeunes ne peuvent pas être considérés comme dominants par les adultes, puisqu'ils sont trop jeunes pour prétendre à des positions de dominants.
En ce qui concerne le jeu avec les enfants :
Si le chien, dès son plus jeune âge, a appris à lâcher un objet dès qu'une main se pose dessus, il devrait lâcher même si c'est une main d'enfant. Cela ne l'empêche pas de ne pas laisser une main s'approcher de l'objet en prenant la fuite. Le jeu se transforme ensuite en course-poursuite, ce qui est à déconseiller si l'on veut que le chien apprenne à laisser l'objet.
Mais il n'est jamais trop tard pour apprendre à un chien à donner un objet.
Une règle importante à suivre quand il ramène l'objet lancé, est d'accorder toute son attention au chien, en le caressant et en le félicitant d'avoir ramené l'objet. Si l'attention se porte tout de suite sur l'objet, le chien aura tendance ne pas vouloir le laisser.
A force de caresses, de félicitations et de patience, le chien devrait laisser tomber l'objet, c'est le moment pour le prendre. Rester vigilant cependant à ce qu'il ne se précipite pas dessus à ce moment-là, toujours se tenir prêt à lui mettre une petite tape sur le museau accompagnée d'un "non!" ferme.
~rahansor~
Concernant le langage corporel du chien, il est très important de connaître l'ensemble des signaux d'apaisement pour éviter les morsures d'irritation, surtout pour les enfants.
Thurid Rugaas, qui étudie les chiens depuis plusieurs dizaines d'années, ne parle d'ailleurs pas de soumission ni de domination, mais de politesse sociale qui permet d'éviter les conflits entre chiens.
Ce qui est sûr, c'est qu'ils sont de bons indicateurs du niveau de stress du chien, qu'il soit dominant ou non.
En voici quelques-uns :
Tourner la tête vers l'extérieur, se lécher, lécher la gueule de l'autre, bailler, faire le dos rond, mettre les oreilles en arrière (sans les plaquer), marcher en décrivant un demi cercle autour de l'autre, plisser les yeux, cligner des yeux, bouger au ralenti (souvent réprimandé lors du rappel), s'assoir, se coucher, sourire (découvrement des dents arrières), lever une patte avant, s'immobiliser (différent de se figer qui est un signe de pré agression), haleter en sortant la langue exagérément (langue en plateau)...
Si un enfant continue à toucher le chien alors que les signaux ont eu lieu, ce dernier va passer à la phase de pré-agression puis mordre pour remettre en place cet humain malpoli.
Chaque phase est très rapide, de l'ordre de quelques secondes !
En effet, le langage corporel du chien, bien qu'identique à celui du loup, est beaucoup moins théâtral et à peine visible chez certaines races (trop de poils, queue et oreilles coupées, corps rigide...).
Il est donc important de réagir dès les premiers signaux d'apaisement, ensuite il est déjà trop tard.
Si vous devez corriger votre chien (toujours fermement et calmement, le regard et le doigt pointant l'arrière-train et une grosse voix suffisent), arrêtez dès que les signaux d'apaisement apparaissent, sinon vous risquez une morsure de défense qui risque de devenir systématique si la situation se renouvelle.
On peut apprendre à son chien à fuir au lieu d'attaquer en lui ordonnant calmement d'aller à sa place (son coussin ou au pied) dès qu'on voit un stress apparaître.
Surtout ne pas réconforter l'animal en le caressant à ce moment-là.
~nexus6~
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