Le Brouillon
Je ne pense pas qu'il n'y ait que la fatalité... Ce serait réducteur.
Regarde mon témoignage concernant mon oncle, si c'est de la fatalité, il faudra que tu m'expliques... (Se réveiller après 18 ans de coma
Ensuite, vivre, ce n'est pas manger avec les mains des plats cuisinés dans une belle assiette. Vivre, ça pourrait se résumer à sentir, je pense. Les choses inanimées ne sentent pas, les êtres vivants, si. Et les animaux, bien qu'étant vivants, ne mangent pas ou n'urinent pas comme tu sembles le vouloir pour avoir une vie digne...
En fait, je suis assez d'accord avec Tao_master, c'est peut être juste une question d'espoir vs la fatalité...
~Kikouk~ le 12-02-2009 à 11:34
Je suis d'accord avec toi Kikouk (qui plus est c'est vraiment merveilleux qu'il soit sorti du coma) mais je ne peux m'empêcher de parler de mon cas, mon histoire. Pendant deux mois je ne pouvais rien faire, rien ! Mais j'étais conscient de tout ! (C'est indescriptible comme sensation.) Et à ce moment-là je voulais qu'on me laisse partir, je n'en pouvais plus !
Ce que je veux vous faire comprendre c'est que l'espoir c'est pour les gens de l'extérieur, quand ça nous touche directement je peux vous assurer qu'on pense à tout sauf à l'espoir !! L'espoir vient en second plan, lorsqu'on voit une amélioration sur sa santé, on se dit :"allez c'est possible" ! Et là l'espoir naît...
~LESTAT~ le 13-02-2009 à 01:08
Umberto Eco a dit ceci, au sujet de la jeune italienne : (source : Nouvel Observateur)
"Je suis prêt à déclarer que dans le cas où je devrais me retrouver dans une situation où ma vie serait 'suspendue', je désire que le traitement ne soit pas poursuivi afin d'éviter les tensions, le désespoir, les fausses espérances, les traumatismes et (permettez-moi) des dépenses insupportables à mes proches", écrit-il.
"Mais qui suis-je pour détruire la vie d'une, deux ou plusieurs personnes pour conserver la possibilité lointaine de quelques instants ou quelques années de paradis virtuel (...)", s'interroge Umberto Eco."
Umberto Eco et moi, on est d'accord.
Mouais, après réflexion, je suis aussi d'accord avec Umberto Eco.
~LESTAT~ le 14-02-2009 à 14:46
Pour cette question, je serais bref, plus que jamais.
La seule personne qui devrait décider de sa survie ou non, c'est la personne concernée elle-même. Après, il y a les cas où cette personne ne peut rien signifier ; en ce cas, se référer à ses vœux, sinon, la laisser en vie. Qui ne demande pas à mourir ne devrait pas être euthanasié, mais qui le réclame à corps et à cri pour échapper à la souffrance et à maladie devrait l'obtenir.
(Au temps pour moi pour la brièveté. )
Ce qui me pose problème, dans tout ça, c'est qu'on tient pour acquis le droit de disposer de sa vie...
Je me demande vraiment d'où ça vient, qu'on puisse avoir droit de vie et de mort sur soi-même (parce que c'est vraiment ça qui me dérange, en fait...).
~Kikouk~ le 01-03-2009 à 22:49
Mais qui d'autre alors, pour disposer de ta vie, sinon toi-même ?
S'il y a une personne qui devrait avoir le droit de disposer du droit et de vie sur soi, c'est soi-même, c'est évident.
La question est de savoir si nous devons en disposer ou pas, s'il n'existe pas des valeurs qui transcendent celles d'une seule vie.
Certains pensent que notre vie n'a rien de supérieur, en tant qu'individu, et donc que l'on a le droit de se supprimer si on le désire.
D'autres pensent que la Vie en tant que telle transcende les valeurs d'une vie, et donc dans le respect de celle-ci nous n'avons pas le droit d'agir contre elle.
Ces deux conceptions se valent et sont complètement relatives. Mais si le doute est permis, la seconde conception des choses supplante la première, dans le sens où elle laisse la place à l'espoir, à la possibilité.
Si je me supprime en pensant que j'en ai le droit, alors qu'en réalité il y a des valeurs plus importantes que celle de ma vie, alors j'aurais eu tort.
Si je je décide de rester vivant quelles qu'en soient les raisons, je resterai vivant plus longtemps, à raison ou à tort cela est sans importance, puisque de toutes les manières je mourrai bientôt.
Personnellement, je pense que les valeurs de la Vie avec un grand V sont supérieures à celles de ma vie personnelle.
J'ai le droit de faire ce que je veux de ma vie, de la vivre comme je le sens. Dans un sens, elle m'appartient. Mais je n'ai pas le droit d'en disposer. Cela serait irrespectueux envers la liberté que l'on m'a offerte en m'offrant la vie, envers ce qui m'a créé (que ce soit Dieu ou la nature), envers le combat perpétuel qu'est la vie et qui m'a amené jusqu'ici.
C'est le combat contre la souffrance et pour la vie qui nous a fait avancer et qui nous fait avancer, et qui nous fera toujours avancer.
Et je désire ne pas aller contre cela.
Tu as tout à fait bien exprimé ce que je n'arrivais pas à dire.
Pourquoi l'homme serait-il maître de tout ? En quoi l'homme est-il maître de lui-même ? Même notre fonctionnement d'être vivant agissant, on ne le contrôle pas, tout ou presque est inconscient ! Pourquoi on pourrait se permettre de contrôler le reste ? Pourquoi prendre des décisions telles sur la vie serait agir de la meilleure manière qui soit ?
J'ai l'intime conviction, avec de nombreuses observations à l'appui, que quand l'homme fait quelque chose de son plein gré, c'est souvent contre autre chose. Et qu'en général, il va contre la nature, quand on touche à la Vie, notamment, c'est le cas. Or, la vie fonctionne, et ce depuis beaucoup plus de temps que nous, elle a trouvé son homéostasie, son équilibre, et nous, on veut y mettre notre grain de sel, pour exister, mais ce qu'on fait est négatif à long terme pour l'homéostasie de l'espèce (ou même au delà...).
Donc je pense réellement que l'homme devrait mieux se dispenser d'agir sur des choses qui le dépassent, parce qu'en étant dépassé, et en insistant quand même pour agir, il agit n'importe comment, comme un aveugle dans un labyrinthe bien rodé...
~Kikouk~ le 02-03-2009 à 19:56
Hic Jacet Lepus...
("Un labyrinthe bien rodé", je vais la garder celle là. =P )
Ok, si je résumé bien, nous ne sommes pas maîtres de nous, c'est la Nature, la Vie ou Dieu (rayez la mention inutile ) qui décide.
Tao :
"D'autres pensent que la Vie en tant que telle transcende les valeurs d'une vie, et donc dans le respect de celle-ci nous n'avons pas le droit d'agir contre elle. "
Bien, donc n'allons pas à l'encontre de la Vie, et de son déroulement.
Mais ! Quand nous prolongeons la vie de quelqu'un artificiellement, (ce dont il est question dans ce sujet) quelqu'un qui aurait dû être promis à la mort, selon le cours des choses (appelons-le le destin), n'allons-nous pas à l'encontre de la Nature, du déroulement de la Vie ? Tu vas me dire "mais oui, mais comme la vie vaut plus que tout, mieux vaut aller à l'encontre de la Nature et privilégier de rester en vie -même un semblant de vie- même si c'est contre nature".
Kikouk : "Et qu'en général, il va contre la nature, quand on touche à la Vie, notamment, c'est le cas."
Exactement. Sur ce point je suis d'accord ; on va en l'encontre de la nature en prolongeant artificiellement la vie d'une personne, chose qui n'existe pas dans la nature, puisque c'est l'Homme qui en est l'inventeur.
Alors, aller contre la nature, c'est prolonger artificiellement la vie de quelqu'un, ou laisser mourir quelqu'un qui aurait dû être déjà de l'autre côté ?
Je n'ai jamais dit que c'était cette notion supérieure qui décidait, mais simplement que la notion de Vie en tant que telle prime sur la simple notion de ma vie individuelle. Elle est au-dessus, mais ne décide pas pour moi.
Il y a une blague que j'affectionne, je vais la raconter même si vous devez la connaître :
C'est l'histoire d'un mec, très pieux. Tous les jours il prie Dieu, d'après lui la foi est la solution à tous ses problèmes.
Et justement un jour il se retrouve dans des sables mouvants. L'homme se mit à prier, jusqu'au moment où les pompiers arrivent :
- Ne vous inquiétez pas monsieur, on vient vous sauver.
- Que nenni, ne faites rien, Dieu et la foi que j'ai en lui me sauveront".
Les pompiers repartent. L'homme continua à prier, jusqu'à que les pompiers reviennent :
"Le sable vous arrive à la taille, à moins d'un miracle vous êtes mort, laissez-nous vous aider.
- Justement, en priant j'aurai ce miracle, laissez-moi."
Les pompiers repartent. L'homme continue de prier avec la même ferveur, jusqu'à que les pompiers reviennent.
"Le sable vous arrive au cou, laissez-nous vous aider nom de Dieu !
- Ne blasphémez pas ; Dieu me sauvera."
Les pompier repartirent, pour la dernière fois, car le fatal arriva, le pieux mourut.
Son Ame monta au ciel, ce qui permit à l'homme de demander à Dieu :
"Je t'ai prié plus qu'aucun autre ne t'a prié, pourquoi ne m'as-tu pas sauvé ?"
Dieu : t'es gonflé, par trois fois je t'ai envoyé les pompiers."
Voilà voilà. Même les blagues peuvent avoir une morale.
Tout cela pour dire que la prolongation de la vie peut parfaitement aller dans le sens des desseins de cette notion qui nous transcende.
Moi je pense que si l'homme a le pouvoir de prendre des décisions, de faire des choix, c'est son droit, son libre arbitre.
Sinon pourquoi pouvons-nous le faire ??
~LESTAT~ le 06-03-2009 à 21:31
Je considère que la corrélation entre possibilité et justice est fausse.
Ce n'est pas parce que nous pouvons faire que nous devons nous en laisser le droit.
La difficulté d'être humain est même là. Quelle chose devons-nous retirer de nos possibilités, quelle chose nous devons conserver ?
La question ici plus spécifiquement est celle-ci : devons-nous dans certains cas accepter le droit de vie et de mort ?
Pourquoi choisir ? Acceptons les deux...
~LESTAT~ le 06-03-2009 à 21:54
C'est une question Ethique. C'est bien là la définition de l'éthique.
Si on commence à répondre aux questions éthiques par "bah faut accepter les deux", on va pouvoir faire du clonage reproductif, ou pouvoir faire de l'eugénisme (choisir quel enfant on veut voir naître ou pas, avec quel caractère en discriminant les autres), on pourrait même imaginer rendre tous les noirs blancs, à l'image de Mickael Jackson, si jamais il y en a un qui dit que ça les aiderait, vu qu'ils ne subiraient plus de discrimination !
Tu crois vraiment qu'il faut "accepter les deux choix" quand deux choix éthiques s'offrent à nous ?
C'est une vraie question éthique qui est en train de se poser depuis quelques années par tous les éthiciens philosophes et autres spécialistes, pour pouvoir monter une application dans la loi de bioéthique de 2009 ; si c'était si simple, ils auraient déjà trouvé une réponse à cette question, mais il n'y en a pour l'instant pas, et quand bien même il y en aurait, elle serait changeante (à l'image de la loi qui en découle, qui change tous les 5 ans), c'est vraiment pas une évidence...
~Kikouk~ le 07-03-2009 à 10:43
Dans ton exemple non, bien sûr. Mais je pense que l'on a le droit de mourir et de vivre.
Le truc, c'est de ne pas abuser de ce pouvoir...
~LESTAT~ le 07-03-2009 à 13:48