Le Brouillon
Résumé :
Jonathan Harker, solicitor de Londres (équivalent d’un notaire) doit se rendre en Transylvanie pour conclure une affaire avec un aristocrate du nom de Dracula, en l’occurrence la vente d’une maison à Londres. Il découvre vite que le château où il est accueilli est vide, son seul habitant est le comte ; il se sent mal à l’aise dans cet antre aux apparences mystérieuses, malaise accentué par les superstitions des habitants de la région.
L’histoire relate les plans du comte pour arriver à Londres et ainsi vampiriser la ville, tandis que Jonathan et ses amis, informés de sa condition de vampire et de sa présence à Londres, vont tout faire pour débarrasser la Terre du vampire.
Critique :
Roman difficile à résumer, mais très riche et fourmillant de détails. Ecrit sous une forme épistolaire (le récit se fait à travers des lettres et journaux intimes), il raconte, outre le mythe du vampire, l’amour de quatre hommes pour une femme, Mina Harker, amour qui les conduit à affronter le mal et à la sauver de l’emprise de Dracula.
On ressent beaucoup de choses de l’époque à travers l’écriture de Stoker ; l’importance de la religion, le protestantisme de Jonathan Harker (« j’en étais venu à considérer ces icônes comme idolâtres »), le professeur Van Helsing très pieux également, donnant du « Mein Gott » à chacune ou presque de ses phrases; la volonté de préserver les âmes, la réflexion du fou Renfield sur les âmes et leur « lien » avec la vie. De plus, Dieu est le seul rempart face au vampire : l’Hostie sacrée est un puissant moyen de le repousser.
On n’oubliera pas de mentionner que cette œuvre est l’apologie de la séduction, de la sensualité, mais également de la manipulation et de la mort ; Dracula, par ses pouvoirs, envoûte et séduit, mais par la suite manipule pour son propre compte. Et la mort est omniprésente, délivrée par le vampire, redoutée par les hommes car synonyme de damnation. Un vampire est l’équivalent d’une âme damnée (on en revient à la religion).
En bref, à lire absolument, car première œuvre majeure du mouvement fantastique. Un grand classique.
Extrait :
« Je fis la cuisine, mais elle ne voulut rien avaler, prétextant ne pas avoir faim. Je n’insistai pas –d’ailleurs, c’eût été inutile. Je mangeai moi-même, surtout conscient de la nécessité de reprendre des forces. Puis, épouvanté à la perspective de ce qui pouvait découler de ma décision, je traçai un cercle autour de Mrs Mina – je le fis assez large pour ne pas l’emprisonner. Sur la circonférence, j’émiettai une hostie. Pendant tout ce temps, elle demeura assise, comme pétrifiée. Elle pâlit de plus en plus, à tel point que la neige n’était pas plus blanche qu’elle. Elle ne prononça cependant pas une parole, mais, quand je m’approchai d’elle, elle s’accrocha à moi et je compris que cette pauvre âme était en proie à une terreur qui la faisait trembler des pieds à la tête. Lorsqu’elle se fut un peu apaisée, je lui demandai :
- Ne voulez-vous pas vous approcher un peu du feu ?
Je voulais en effet me rendre compte de la puissance dont elle disposait. Elle se leva, obéissante, mais après un pas elle s’interrompit, comme pétrifiée.
- Pourquoi n’avancez-vous pas ?
Elle secoua la tête, et revenant sur ses pas, s’assit. Puis, me regardant avec des yeux écarquillés, comme si elle était en pleine crise de somnambulisme, elle me dit, simplement :
Elle n’ajouta plus rien. Je me réjouis du résultat car, ce qu’elle ne pouvait, aucun de nos adversaires ne le pourrait non plus. Sans doute le corps était-il en danger mais, à tout le moins, l’âme n’en courait aucun. »
Dracula, Bram Stoker
P 478, chap XXVII, éditions Pockett.
Le plus : le souci du détail, l’atmosphère du livre, c’est un tout.
Le moins : pas à ma connaissance.
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