Le Brouillon

Le temps d'un livre -> Les Mille et une vies de Billy Milligan, Daniel Keyes




Résumé


Billy Milligan, quand il était enfant, fut violé par son beau-père, meurtrissant ainsi un enfant déjà fragile. Qu’est devenu Billy depuis ? Billy, il dort ! Mais qui fait vivre Billy Milligan ? A tour de rôle, plus ou moins : l’une des 23 autres personnalités qui naquirent, suite au morcellement de son esprit...


Critique


Chacun prend le projecteur. Luttes internes, secrets, ententes, c’est un petit clan qui s’organise pour ne pas ébruiter "le secret", et pour maintenir "Billy" dans un semblant de vie.
Chacun a son rôle à tenir, (même s’il ne le tient pas au mieux...), et s’il ne participe pas à l’effort général, il est déclaré "indésirable" par Arthur, l’aristocrate britannique (avec l’accent !) qui a pris les commandes de leur vie...

Chaque personnalité, chaque entité est bien distincte, a une histoire et un vécu propre, une physionomie, une manière de parler, des talents spécifiques, il y a même des personnalités de sexe féminin ! Tommy est le roi de l’évasion et de la bricole, Allen est l’éloquence incarnée, Ragen est le yougoslave protecteur, Jason est la "soupape de sécurité" et pique les crise de nerfs...


Histoire vraie de l’homme aux multiples personnalités, les Mille et une vies de Billy Milligan est un livre fascinant. Mais également proprement incroyable. A tel point que l’on se demande si l’on ne lit pas tout simplement un bon roman, et que l’auteur a une sacrée dose d’imagination.
L’histoire de Milligan est triste, fait de la peine, mais en même temps rend incrédule et surprend. Avec un vécu difficile, une enfance brutalisée et meurtrie, on ne peut s’empêcher d’éprouver de la sympathie et de la compassion pour cette personne profondément malade psychiquement, pour cet enfant qui a tour de rôle a 3 ans et pleure de ne pas comprendre le monde dans lequel il vit, puis la minute d’après se trouve être un aristo british qui dirige et donne les instructions pour telle ou telle action.

Billy (ou du moins, une de ses personnalités) a violé 3 femmes, et suite à ces crimes, fut rapidement retrouvé et condamné à un internement. Ainsi commence la découverte par des spécialistes ébahis de ses multiples personnalités, du potentiel extraordinaire et des ressources dont peut disposer le cerveau...

Les premières pages sont absolument saisissantes, car on découvre peu à peu l’ampleur des conséquences d’une personnalité multiple. Seul inconvénient, le roman par la suite se perd dans la vie de Billy, avec anecdotes parfois futiles et procédé d’écriture s’essoufflant. Un peu lassante, donc, la seconde moitié du livre, quoiqu’enrichissante sur la psychologie évolutive de Billy.


Extrait

« On le jette dans une cellule, nue en dehors d’un matelas recouvert d’une alèze de matière plastique, et l’on referme la porte sur lui. Ragen bondit. Il va l’enfoncer ! Mais Arthur arrête son geste. Samuel s’empare du projecteur et tombe en prière : « Oy Veh ! Mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » Philip se rue contre la porte en jurant et c’est David qui prend sur lui la douleur. Christine sanglote, à plat ventre sur la paillasse et Adalana sent les larmes qui ruissellent sur ses joues. Christopher s’assied sur son séant et tripote le bout de ses souliers. Tommy entreprend d’examiner la serrure mais Arthur le tire à l’écart du projecteur. Allen demande à parler à son avocat. April, qu’anime un désir de vengeance, rêve qu’elle met le feu à l’hôpital. Kevin pousse des jurons. Steve l’imite. Lee rit aux éclats. Bobby imagine qu’il s’envole par la fenêtre. Jason pique une violente colère. Mark, walter, Martin et Timothy arpentent la pièce en divaguant. Shawn émet un bourdonnement. Arthur ne dirige plus les indésirables.
Par le judas, les infirmiers du service 5 voient Milligan se jeter contre les murs, tournoyer sur lui-même, changer de voix et d’accent, pleurer, se laisser tomber et se relever d’un bond. Ils sont tous persuadés d’avoir affaire à un aliéné en pleine crise de folie furieuse. »


Daniel Keyes, les Mille et une vies de Billy Milligan ; édition Livre de Poche, n°31255 page 539

~Melaquablue~ le 23-01-2010 à 19:50
 
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