Le Brouillon
Résumé
Renée est une concierge ayant des difficultés à se faire passer pour niaise. Elle doit cacher qu’elle lit, qu’elle est cultivée, pour que son image colle au stéréotype de la concierge inculte et idiote.
Paloma a 12 ans, est surdouée, lucide. Elle ne se fait aucune illusion sur la vie et décide de se suicider... Quand arrive le célèbre Mr Ozu, japonais excentrique...
Critique
Roman sur les apparences et sur ce qui en découle, « ne jamais se fier à l’apparence. » Une concierge instruite, une petite fille surdouée que l’on ne prend pas au sérieux, un japonais salvateur.
Trois personnages, d’origine sociale distinctes ; mais qui au fond cultivent le même point commun : l’amour de la culture, et la recherche d’un sens à la vie.
Les clichés (les concierges sont immanquablement idiotes, les enfants n’ont pas l’expérience de la vie pour la comprendre) sont vite effacés, les personnages en deviennent réellement attachants et c’est un pur délice.
La plume est élégante, parfois trop, le style est cynique, les personnages désabusés, mais c’est une réussite. Malgré une fin irritante et trop prévisible (pour moi !) cela reste une très bonne surprise et un livre à conseiller.
Point négatif : un certain élitisme dans le langage peut paraître rébarbatif. L’action n’est pas le point fort du livre…
Point positif : très bien écrit, et des moments croustillants.
Extrait
« Ça fait un moment que j’ai aussi des soupçons à son propos. De loin, c’est bien une concierge. De près... eh bien de près... il y a quelque chose de bizarre. Colombe la déteste et pense que c’est un rebut de l’humanité. […] Mme Michel... comment dire ? Elle respire l’intelligence. Et pourtant, elle s’efforce, hein, ça se voit qu’elle fait tout son possible pour jouer à la concierge et pour paraître débile. […] mme Michel, elle a l’élégance du hérisson : à l’extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j’ai l’intuition qu’à l’intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont de petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes. »
L’élégance du hérisson, Muriel Barbery, p153. Editions Gallimard.