Le Brouillon




Résumé


Alexandre Poussin a choisi de parcourir à pied, sans assistance, avec sa femme pour seule compagnie, les 14 000 kms qui séparent Cape Town, en Afrique du Sud, de Jérusalem. Entre mésaventures, sérieux pépins, rencontres inoubliables, moments magiques, un récit passionnant se profile.


Critique


Le récit d’Alexandre Poussin se veut clair et honnête, et il l’est, indéniablement ; concis, précis dans ses descriptions, il n’économise pas les lignes pour décrire ce qu’il ressent, pour coucher sur papier ce qu’il voit, pour retranscrire les sensations de ce voyage atypique.
Entre analyse biologique, sociétale, géopolitique, historique, environnementale, et les différentes poussées d’amour explicites pour sa femme (qu’il considère comme une "héroïne"), ces quelques centaines de pages se dévorent allègrement. Poussin n’est pas avare de mots, impudique et honnête jusque dans ses sentiments les plus profonds, c’est une réelle aventure humaine qu’il partage avec son lecteur. On pleure de bonheur avec eux, de tristesse également, on rie franchement devant les coïncidences, les hasards de la vie ou tout simplement les bons mots, au bon moment ; on se surprend à angoisser aussi, parfois. Mais qu’allaient-ils donc faire dans cette galère ?

Et puis, et puis : les rencontres. La chaleur humaine, la bonté, le don de soi sans rien demander en retour, voire même faire plus ; que dire devant l’altruisme d’Helen, qui accueille nos amis, les hébergent plusieurs jours, et leur fait même livrer à distance chaussettes neuves et vivres ?
La gentillesse et l’estime mutuelle, ici tout simplement.

Une superbe aventure pleine d’humanité, que ce soit le reflet des populations rencontrées en toute simplicité, ou la grande rigueur morale et les qualités humaines indéniables de notre conteur. Passionné, évidemment.

Extrait :

«Nous franchissons la chaîne centrale du Lesotho par un chemin de traverse. Dans un village de huttes rondes où nous nous sommes abrités d’un orage de grêle, on nous demande où nous allons :
- Lé a kay ?
Je leur décris et leur mime le futur chemin qui grimpe au col, redescend vers la rivière, passe un escarpement et tombe sur un village. Ils sont sciés !
- Tu es déjà venu ?
- Non !
- Alors comment connais-tu le paysage si tu ne l’as jamais vu ? Et puis comment peux-tu lire l’avenir sur ce papier chiffonné ?
Ils découvrent avec stupéfaction les secrets cabalistiques de la cartographie. Sur une pâle photocopie, je leur montre une rivière, une courbe de niveau, un sommet, un village, un thalweg. Mais toutes ces lignes noires ont tôt fait de les confondre, et je reste à leur yeux un marabout blanc aux pouvoirs divinatoires aussi puissants que la lecture de l’avenir dans les tripes du poulet. »


Africa Trek, Alexandre et Sonia Poussin. Editions Pocket, p141.


~Melaquablue~ le 01-06-2011 à 14:58
 
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