Le Brouillon
Résumé
La famille Ovitz est une famille atypique. Le père, Shimshon Eizik Ovitz est un lilliputien ; marié une première fois à une femme de taille normale, il a deux enfants, deux filles, lilliputiennes également. Son second mariage donnera le même "résultat" ou presque : sur 8 enfants, 5 sont des lilliputiens.
La famille des sept nains, comme elle fut surnommée pendant de longues années, forma, avant guerre, une troupe de musiciens et comédiens renommée en Europe Centrale.
Mais, en 1944, leur vie bascule lorsqu’ils doivent quitter leur village de Roumanie pour se diriger vers Auschwitz...
Critique
Un livre troublant. Outre l’horreur de la vie en camp de concentration, outre l’horreur de l’histoire, Perla Ovitz, la dernière de la famille raconte, via deux journalistes, leur enfer en Allemagne et leurs souffrances face à l’effroyable docteur Mengele.
La famille des nains fut déportée, comme des milliers de juifs roumains, vers le camp d’Auschwitz. Avec eux, la famille Slomowitz, amis de longue date, qui doit sa seule survie dans le camp au fait d’avoir prétendu être de la famille des lilliputiens...
Cette famille, incroyablement soudée, qui au long de la vie, ne fut jamais séparée, fut "sauvée" de l’extermination par Josef Mengele, qui à titre d’expérimentations, désira conserver les nains parmi sa "collection" de gens anormaux. Les expériences qui suivirent furent pénibles, mais néanmoins, la famille Ovitz put supporter, dans les limites du possible, son séjour en camp.
Un livre où l’on découvre un peu plus le terrifiant Mengele, son attrait pour la génétique, son désir de "collectionneur", que ce soit de nains, de jumeaux, ou de porteurs de maladies génétiques.
Un livre intriguant, poignant quoique parfois lourd dans les détails, qui raconte une histoire atypique, exceptionnelle. Une volonté de vivre, de survivre, de ces petites gens pour qui la moindre marche prenaient des allures de calvaire, pour qui tout était fait sur mesure, pour qui rien n’était possible sans aide ; malgré les épreuves, ils ne perdirent pas espoir, et cette incroyable leçon de vie ne peut laisser indifférent.
Extrait
"Faire partie du zoo humain de Mengele apportait bien quelques privilèges, mais ce n’était pas un statut reconnu parles autorités du camp. Mis à part les jeunes jumeaux et leurs mères, on attendait de tous les cobayes qu’ils travaillent. En raison de leur handicap, les sept nains avaient réussi jusque là à rester dans leur baraquement avec leurs proches. Un matin d’octobre, un ordre leur parvint : tous les adultes de taille normale du groupe devaient se présenter au travail obligatoire.
Affolées et craignant pour la vie des leurs, les cinq lilliputiennes décidèrent de faire de nouveau appel à Son Excellence. On lui envoya Elizabeth pour tenter de l’attendrir."
Nous étions des géants, Yehuda Koren & Eilat Negev ; Petite bibliothèque Payot, page 163. Déc. 2006
Le plus : la vie hors norme d’une famille lilliputienne, malgré les horreurs vécues, qui garde le goût à la vie et nous donne une belle leçon de vie.
Le moins : certaines lourdeurs, beaucoup de noms se bousculent et on s’y perd parfois...