En France, toujours pas d'évolution des mœurs concernant l'euthanasie...
Actuellement la France est contre l'euthanasie. Elle est même punie par la loi. Les seules solutions qu'un médecin puisse faire c'est de décider d'arrêter les traitements s'ils sont insuffisants, laissant ainsi le patient mourir petit à petit dans la souffrance, ou encore il ne peut que plonger le patient dans un coma artificiel, alors lieu de l'aider à partir doucement et sans douleur.
Mais le fait qu'un médecin puisse exercer l'euthanasie pose aussi des problèmes d'éthique ; en effet le médecin est censé soigner le patient, le guérir et non pas le tuer.
C'est pour cela que j'ai eu l'idée de créer un métier spécialisé : euthanasieur. Mais j'ai reçu des critiques des gens qui me disent "C'est un bourreau, quoi !" ou "tu pourrais, toi, tuer des gens à longueur de journée ?"... Les gens n'ont aucune empathie, ils ne s'imaginent pas la souffrance des autres.
"Euthanasieur"... Autant dire Dieu, quoi...
La principale question d'éthique que pose l'euthanasie, ce n'est pas sur le rôle du médecin, c'est sur "est-ce qu'un humain peut avoir droit de vie ou de mort sur son semblable?" Dans un pays où l'égalité est de mise, il m'étonnerait qu'il soit accepté de tuer son égal de manière délibérée...
Et puis, autre problème : qui n'a pas souffert dans sa vie ? Admettre l'euthanasie ne reviendrait-il pas à déterminer un seuil de douleur auquel on a le droit d'avoir recours ? Parce que nombre sont les jeunes qui disent : "je veux mourir", juste parce que leur petit copain les a quitté, ou pour toute autre raison, peut-être plus justifiable, mais qui n'est pas suffisante pour dire "c'est invivable", et donc en mourir (parce que c'est de ça qu'il s'agit quand on parle d'euthanasie)...
Quand la souffrance devient-elle invivable ? Comment créer un palier de souffrance invivable, alors même que chacun subit la souffrance différemment ? (Un sans-abri peut supporter 3 fois le poids des problèmes d'une personne moyenne, je pense, d'après les observations que j'ai pu faire sur le terrain, et pourtant, ils vivent toujours, alors que je suis sûr que toi comme moi, au début, nous nous dirions : "je ne peux pas vivre comme ça, je veux mourir".)
Mais non, on peut vivre en souffrant, c'est même normal de souffrir pour vivre, c'est la souffrance qui fait vivre, alors pourquoi abréger la vie quand il y a souffrance ?
Autre chose encore : à qui l'euthanasie est la plus profitable ? Es-tu sûr que c'est vraiment à celui qui va mourir et ainsi ne plus rien ressentir, où à ceux qui se disent : j'ai évité à quelqu'un de souffrir ?
Il y a dans notre manière de penser une idée que la souffrance est pire que tout... Je ne comprends pas, et pourtant, la plupart des philosophes s'accordent à dire que c'est la souffrance qui fait vivre... Qu'il n'y a pas de vie, là où il n'y a pas de souffrance. Pourquoi alors ne plus vouloir de souffrance ? (Je pense que c'est parce qu'on se sent profondément coupable de tout, et notre culpabilité est tellement trop lourde à porter qu'on en serait prêt à tuer pour s'en libérer...)
Enfin, il y a une autre question qui est posée mais que tu n'as pas relevé : est-ce-que laisser quelqu'un mourir (en lui arrêtant son traitement, par exemple) n'est déjà pas le tuer, l'euthanasier ?
Je ne sais pas si les gens auraient autant de préjugés sur le type de métier... Il existe bien des gens qui embaument les corps, ils doivent quand même avoir des amis...
Quoiqu'il y ait toujours eu des métiers difficiles, mal vus, comme les tripiers auparavant, car on considérait que toucher aux abats était répugnant.
Ne pas envisager un nouveau métier au motif qu'il serait dénigré, ne doit pas être une bonne idée.
La souffrance est bien réelle, et je suis d'avis que lorsqu'elle devient insupportable, ou qu'elle dure, le patient a le droit de choisir s'il veut vivre ou mourir. Après tout, il me semble que notre vie nous appartient, ou me suis-je lamentablement fourvoyée ?
Mais entre embaumer quelqu'un qui est déjà mort, et donner la mort en elle-même, il y a un fossé psychologique énorme qui fait que ces personnes auraient un réseau d'amis aussi spécifique que restreint.
Je suis entièrement d'accord sur le principe de seuil de souffrance : seuls ceux qui sont dans un stade de maladie physique très douloureuse et intense et qui souhaitent vraiment mourir plutôt que de continuer sans espoir de guérison. A cela on pourra ajouter les personnes paralysées qui feront part de leur vœu de mourir par un message de clignement de paupière.
Autre chose, beaucoup de personnes "ayant laissé mourir" sont en prison. Alors pourquoi ne pas créer un métier adapté, sans modifier la loi et l'éthique sur les médecins ?
Et puis Dieu crée, c'est la faucheuse, plutôt, qui tue.
A Chris :
Et les personnes qui travaillent dans les pompes funèbres ? Ça laisse un froid aussi en soirée entre amis. (Certes les personnes sont déjà mortes.). Et les tueurs à gage ? Et les militaires ? Eux aussi ont tué ou tueront des gens.
A tous :
Je pense que les humains ont en majorité du mal à s'imaginer à la place de leurs confrères.
Mais c'est bien, chacun réagit avec son point de vue. Le débat est la chose la plus importante ; ça ne sert à rien d'imposer une vision des choses. Si la majorité ne veut pas de l'euthanasie, alors nous respecterons ses dires, et si elle l'accepte aussi. (Et l'opposition maudira toujours la majorité... )
Les tueurs à gages ne sont pas censés parler de leurs "petites activités" avec leurs amis, pour peu qu'ils puissent encore en avoir.
Ils mènent en principe une double vie qui les amène au secret absolu sous peine de mort.
Les militaires sont mandatés officiellement par l'état et par la loi pour tuer, et à ce titre, s'ils survivent, ils passeront toujours pour des héros en leur pays et avec leurs familles. C'est primitif mais c'est ainsi.
Les médecins c'est vrai sont censés guérir et non tuer mais si l'on considère l'euthanasie comme un soulagement, une porte de sortie, une fin honorable, n'est-ce-pas là son rôle ? Soulager ses patients ? Pour moi s'acharner à réanimer des personnes qui ne vivront plus qu'en état de légume, c'est surtout pour tester et voir comment réagissent certains traitements (avec un dosage plus fort qu'en temps normal) sur des êtres vivants (malheureusement)...
Ce n'est pas parce que les militaires ont leurs activités protégées par une loi que ces activités en sont plus louables... Cela reste et restera toujours du meurtre (souvent massif, en plus)... Et il est qui plus est accompagné de violence extrême.
C'est pire que tout, parce qu'on a justifié la tuerie massive par des lois, et c'est devenu normal. Il se passerait la même chose si on autorisait l'euthanasie. Je trouve ça grave de justifier ce genre de choses...
Tu trouves grave quoi Kikouk ? Justifier quoi ? Parce que si l'on parle d'armées, de tueries massives je suis d'accord. Et même si certaines personnes se feraient euthanasier alors qu'il leur reste une chance de s'en sortir, ce serait après tout... leur libre arbitre...
Je trouve tout aussi grave la tuerie massive des militaires, l'euthanasie et le suicide. Tout est pour moi au même niveau : celui de vouloir contrôler la mort, et ça ne devrait pas être le propre de l'homme...
Mais la médecine, c'est aussi vouloir contrôler la vie quelque part, on devrait mourir mais on ne meurt pas puisque l'on nous sauve... Cela dit je suis d'accord avec toi mais vouloir mourir peut être dans certains cas une évidence, à quoi bon lutter si on est battu d'avance...? Il y a 2 mesures, la 1ère c'est que l'on ne décide de rien (guerre, massacre, génocide, etc.) et la 2ème c'est que l'on a la possibilité de décider (libre arbitre) et ça, pour son propre bien-être et celui de ses proches. Maintenant je peux me tromper mais c'est ce que moi j'avais pensé quand mon état de santé était grave (critique même...). A voir...
Avoir un euthanasieur c'est peut-être mieux que le suicide, qui lui a des chances de rater, et rendre la vie de la personne en question encore plus dure, non ?
Or l'euthanasie semble plus dangereuse, car pour se suicider il faut quand même être psychologiquement assez fort ou faible ça dépend comment on voit les choses, il y a beaucoup de gens qui y renoncent car ils savent qu'ils n'auront pas le courage, donc donner ce travail à quelqu'un d'autre, ça leur donnera la force qui leur manque.
Mais que ce soit par le suicide ou l'euthanasie, la mort reste un acte désespéré d'une personne qui n'a plus d'espoir.
Mais est-on vraiment capable de choisir si l'on doit mourir ou vivre ? Il y a toujours des moments de la vie plus pénibles que d'autres, certains semblent sans solution et puis un jour, tout s'arrange.
L'euthanasie n'est pas du suicide, et est réservée aux malades en fin de vie, qui souffrent atrocement, pour qui même les antidouleurs n'ont plus d'effets.
Des associations comme EXIT en Suisse te donnent un verre de médicaments, avec lequel tu peux mourir, c'est à toi de décider si tu le prends ou non.
Et si on laissait vraiment faire la nature, les malades ne survivraient pas jusque là. Mourir dans la dignité, vouloir cesser de souffrir, ce qui est la motivation de beaucoup de suicides est naturel, partir et ne pas se voir dépérir, et décliner.
La souffrance et la douleur, ça ne sert à rien, tant qu'on peut l'éviter il faut l'éviter, la douleur ne grandit pas bien au contraire. C'est l'attrait masochiste du fond judéo chrétien ça.
C'est aussi aller contre la nature alors de maintenir une personne en vie par plein de machines ? Et aller donc contre la volonté de ton Dieu ? Sans machine pour maintenir en vie, il y aurait rapidement décès.
Au contraire c'est là où les gens se prennent pour Dieu, à maintenir en vie dans la souffrance des gens qui devraient avoir droit à la paix, au repos, à ne plus souffrir, à partir dans la dignité, et à se respecter. Même si sur les soins en fin de vie, la France a pas mal de progrès à faire. C'est se prendre pour Dieu aussi de s'acharner thérapeutiquement, de vouloir à tout prix garder quelqu'un en vie. ;) Donc tes arguments ne tiennent pas la route. Et puis laisse les gens qui veulent partir en paix, dans le cas d'euthanasie, pas de suicide où il faut intervenir. Pour mettre un terme à des souffrances incurables rien à faire. Et bon imagine-toi à leur place. Imagine leur souffrance. C'est facile dans ton cas de dire ça. Mais si tu souffrais autant... La douleur n'a rien d'agréable, elle est complétement inutile. Et quant à la déontologie médicale, tous les médecins ne la respectent pas.
Et pourquoi mettre le suicide, l'euthanasie et le meurtre ensemble ? Pour le premier il s'agit d'un acte de désespoir, de souffrance, fait dans des moments de non lucidité, révélant parfois des troubles mentaux. Où le libre-arbitre est altéré. C'est aussi une volonté de cesser de souffrir, pas de mourir. Et ce n'est pas en culpabilisant ou en jugeant ces actes que ça aidera hein. Essaie d'être compréhensif, de te mettre dans la peau des autres. Ils ne demanderaient qu'à vivre s'ils ne souffraient pas.
Tu es sadique pour vouloir voir les gens souffrir et privés de liberté ? Et tu sais même dans le coma les gens souffrent. Le vrai égoïsme c'est ça. Vouloir garder les gens sur terre, les maintenir en vie, ne pas penser à eux, à leurs tourments, volonté, décision, et souffrance, juste à des principes dépassés.
Et elfe avariel ce n'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort qu'ils ont raison, la majorité n'est pas une preuve ni un argument, en aucun cas le choix que fait la majorité des gens est forcément le bon, il peut l'être mais pas forcément. Ah, l'argument du nombre et la preuve sociale...
Bon c'est un sujet pas du tout neutre pour moi non plus. Et je trouve ça normal, c'est un vrai acte d'amour, que de laisser quelqu'un s'en aller, de respecter sa volonté, de ne pas le laisser souffrir inutilement.
Vu dans ce sens c'est sûr. Je n'avais pas compris la chose dans ce sens-là, de là à dire que je suis sadique c'est peut-être un peu poussé mais bon...
Je ne peux pas me mettre à leur place, si je le faisais je ne me rendrais même pas compte du quart des souffrances qu'ils peuvent endurer.
Vivre plus longtemps dans la souffrance, avec l'espoir d'être guéri alors que ce n'est pas sûr à 100%, ou arrêter toutes les souffrances d'un coup ?
...
C'est vrai que le choix est difficile. Et ça me rappelle la fable de La Fontaine "le bûcheron et la mort" : au moment où il voit la mort en face, l'Homme qui voulait mourir a peur et veut vivre encore.
Mais comment est-ce qu'on pourrait contrôler l'euthanasie ? Je vois peut-être le côté noir du problème mais quitte à discuter autant le faire jusqu'au bout. La question est : comment empêcher l'euthanasie de servir à mauvais escient ? Des questions d'héritages par exemple : comment savoir si la grand-mère veut réellement mourir ou si ses proches ne l'ont pas manipulée, torturée moralement pour qu'elle décide de s'euthanasier ?
Je viens de trouver un article sur un site internet dont je ne ferais pas la pub (il porte le nom d'un cri de joie...), je vous en fais part :
"Un homme de 29 ans, incapable de se mouvoir et de communiquer verbalement, a réussi à répondre aux questions des médecins en répondant par "oui" ou par "non" par la pensée. L'étude, publiée mercredi par le New England Journal of Medicine, est étonnante. Elle révèle qu'il serait possible, grâce à l'imagerie par résonance magnétique (IRMF), de connaître les pensées de certains patients considérés comme étant dans un état végétatif.
L'homme, victime d'un accident de la route en 2003, ne pouvait ni bouger, ni parler. Un scanner a toutefois révélé l'existence d'une activité cérébrale et, plus important encore, montré que cette activité variait en fonction de questions simples posées par les médecins, tout comme elle varie chez une personne valide. "Nous étions atterrés lorsque nous avons vu les résultats du scanner du patient. Il était capable de répondre correctement à des questions et cela simplement en modulant ses pensées qui étaient décodées par l'IRMF", raconte Adrian Owen, professeur de neurologie à Cambridge.Sur vingt-trois patients, considérés comme étant dans un état végétatif, quatre ont montré des signes de conscience grâce à cette technique, soit 17% d'entre eux. Cette étude, porteuse d'espoir, pourrait permettre aux patients de communiquer sur leur douleur et leurs sentiments. Elle permettrait également de connaître leur avis sur la question délicate qu'est l'euthanasie."
Bonjour,
Il est vrai que l'euthanasie est un sujet délicat en soi dans une société où l'on s'est mis en tête de vivre le plus longtemps possible au détriment parfois des facultés physiques et mentales.
Il y deux visions de ce débat ;
- La vision purement humaine :
Le patient en phase terminale d'un cancer, ou celui entièrement paralysé sans espoir d'amélioration de son état (imaginez-vous une seconde coincé dans votre corps sans pouvoir bouger ou parler pendant le restant de vos jours, ça peut faire peur au moins claustrophobe d'entre nous). Je pense que ces personnes sont en effet en droit de dire stop.
- La vision sociale et législative :
La vraie question de ce débat est la limite.
Dans quelle limite le patient dispose-t-il de son libre arbitre, de ses facultés à décider ?
Qui peut décider à la place du patient ?
Quelle sont les limites à imposer pour éviter toute utilisation malheureuse de l'euthanasie ?
C'est l'opposition entre ces deux visions des choses qui rendent extrêmement difficile le fait de légiférer (puisque c'est bien de cela qu'il s'agit) sur ce délicat sujet.
A paujo :
Bien sûr il faudra réunir des conditions particulières ; il ne faut pas que ce soit un acte facile pour les profiteurs. Par exemple, uniquement pour les malades qui souffriraient à plus de 90% (c'est un exemple, ça pourrait être revu à la hausse ou à la baisse), il faut que le patient soit hospitalisé, qu'il puisse décider lui-même et non pas que quelqu'un décide à sa place, que ce soit un médecin euthanasieur qui suive son dossier, ... Faut qu'on réfléchisse là-dessus. N'hésitez pas à proposer !
Je dirais simplement : n'oubliez jamais que l'être humain peut éprouver de l'empathie. Il suffit de s'imaginer à la place de l'autre...