Le Brouillon



Polar Fantastique.


Résumé :

1942. Saul est dans un camp de concentration. Un soir, alors que deux SS et un Oberst viennent dans son baraquement, chercher 4 hommes comme d’habitude, il est désigné. Il refuse, mais l’Oberst pénètre son esprit et lui dicte de se lever. Il obéit...

1980. Melanie Fuller reçoit ses vieux amis Nina Drayton et William Borden ; tous trois sont doués de Talent ; ils comptent leurs méfaits (manipulations d’esprit) et s’attribuent des points. Mais Melanie, fatiguée du jeu, décide de ne plus participer. Nina décide donc de l’éliminer...

Gentry est le shérif de Charleston ; il est en charge de l’enquête sur les meurtres commis par la dénommée Melanie Fuller, aidé par Nathalie, jeune femme noire dont le père a été la victime de Melanie...


Plusieurs vies, plusieurs voix dans ce roman où l’intrigue est la suivante : comment vaincre ces hommes doués de Talent (capacité à manipuler les esprits) quand ceux-ci sont partout, inconnus, insaisissables, influents et surtout, sans pitié et sans conscience ?


Critique :

Ici on parle de pouvoir(s) ; pouvoir de manipuler les esprits, mais pouvoir exercé pour obtenir l’autre pouvoir, celui de diriger à plus haute échelle ; pouvoir économique (Le révérend Sutter Utilise le Talent pour convertir des naïfs et leur faire faire des dons) ou politique (Barrent influe sur des personnes politiques, a ses propres hommes au sein du FBI...).

On parle aussi de morale, d’éthique ; quand des « vampires psychiques » s’adonnent à la manipulation gratuite, allant jusqu’à tuer pour le plaisir ; ou encore utilisent ce pouvoir à des fins perverses, dans le seul but d’assouvir des pulsions sexuelles (Tony Harod).

On parle de cruauté et de violence, avec un étrange parallèle avec la vie actuelle ; le thème des échecs est récurrent : Saul participe contre son gré à une partie dont les pions sont des prisonniers des camps de concentration ; Willi souhaite mener une partie à l’échelle mondiale où le Talent de chaque « vampire » sera évalué...
Recoupant ainsi avec la thématique selon laquelle nous sommes tous plus ou moins manipulés, que ce soit par les gouvernements, les sectes...
Au final, Dan Simmons questionne sur l’origine du mal ; où il puise ses ressources, et quelles en sont les conséquences.


Un livre volumineux (plus de 1000 pages, en deux tomes), mais très bien écrit, fluide, clair, concis ; une fois commencé, il y a peu de chance que vous vous arrêtiez.


Extrait :

« [Saul] profita des circonstances pour réfléchir. Il pensa à l’Oberst, à Melanie Fuller, à Colben, à Barent et à tous les autres, qui lui restaient inconnus. Il avait travaillé pendant des années sur la base d’une dangereuse erreur de perception. Il avait cru que s’il parvenait à comprendre la psychologie du mal il pourrait le guérir. A présent, il se rendait compte que sa quête de l’Oberst n’était pas seulement motivée par de vagues raisons personnelles, mais aussi par la même curiosité scientifique qui poussait un immunologiste du Centre de contrôle des maladies à traquer et à isoler un nouveau virus mortel. C’était intéressant. Intellectuellement stimulant. Trouver, comprendre, guérir.
Mais il n’existait aucun antibiotique contre le bacille de cette peste.
»

P588, chapitre 29. L’échiquier du Mal, Dan Simmons, éditions Folio SF.


Le moins : beaucoup d'informations, beaucoup de personnages, au risque d'être submergé.

Le plus : écriture sublime, poignante, qui donne des frissons. Un régal.



~Melaquablue~ le 22-03-2009 à 11:46
 
1