De l’utilisation du Don à la place de la monnaie

Les relations économiques dans nos sociétés sont gérées par un système monétaire, tant et si bien que ce système paraît universel. Cependant, les recherches de Mauss ont mis en valeur le rôle joué par le Don dans des sociétés ne connaissant pas la monnaie.


Dans le monde que nous fréquentons, les relations économiques se basent sur l'échange entre équivalents, c'est-à-dire que chaque bien a une valeur attribuée en unité monétaire (chez nous l'euro). L'acheteur potentiel doit donc se procurer cette somme d'unité monétaire pour acheter. La monnaie et le prix jouent donc un rôle régulateur et organisateur, et l'accumulation de monnaie est ce que la société valorise le plus.

Cependant, il existe des sociétés ne connaissant pas l'échange et pratiquant le don à la place. C'est par exemple le cas des indiens Maori de Polynésie.
Ceci dit, il serait faux de croire que le don est totalement désintéressé, car le système de don est le ciment de la société, il est donc soumis à des règles strictes.
Ainsi les hommes ont obligation :
- de donner.
- de recevoir.
- de donner quelque chose de plus utile que ce qu'ils ont reçu.
Ce n'est pas l'accumulation qui est valorisée, mais la capacité d'un individu à donner ses possessions.
Le don organise les relations sociales et favorise le progrès puisque chaque personne qui reçoit doit donner quelque chose de mieux à autrui. Il est aussi créateur :

  • de droit : sont châtiés ceux qui ne donnent pas ;
  • d'enjeux politique : ceux qui donnent le plus sont les plus populaires ;
  • de religion : le système de don est auréolé de fêtes et rituels symboliques. L
Le don favorise aussi la séduction et la sexualité.

Il n'est bien sûr guère réaliste d'imaginer un tel système dans nos sociétés où 10 millions d'habitants se concentrent dans une ville ; ceci dit, ce système de don met en valeur une mentalité qui semble de plus en plus faire défaut à l'heure du capitalisme libéral.

 
 
~Eaque~ Publié le : 19/10/2006

 

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Article très juste, j'ai moi aussi vu un reportage sur une culture semblable.

Ton article a d'autant plus de mérite d'exister qu'en plus de ramener à la mémoire collective des cultures inconnues ou oubliées, il nous permet d'envisager d'autres possibilités de vie sociale. De plus, il nous incite à aller chercher plus loin que ce que notre société nous dicte.

Article très utile!



~Austin~ le 00-00-0000 à 00:00
 

Très intéressant en effet.
J'ajouterai qu'il existe aussi dans nos sociétés des recherches d'alternatives à l'argent.

Je pense par exemple aux systèmes d'échange local (SEL). Le principe est que les échanges se font en contrepartie d'une monnaie fictive (par exemple, le piaf, dans un des SELS de Paris). Celle-ci est créée par l'effet même de l'échange, on peut donc commencer à payer en piafs sans en avoir gagné d'abord. Par ailleurs, l'association fait périodiquement une ponction sur les comptes en piafs, ce qui décourage l'accumulation des piafs. Cette accumulation n'a de toute façon pas grand intérêt.

Tout est fait pour que les piafs circulent le plus possible grâce aux échanges entre les adhérents, qui vont d'objets dont certains veulent se débarrasser à des services divers (massage, cours de cuisine, conversation en langues étrangères, bricolage, garde de chats pendant les vacances, covoiturage pour balades en forêts, etc. selon les besoins et l'imagination des adhérents).

C'est donc une organisation originale et souvent conviviale, même si elle n'échappe à aucun des travers de toute organisation humaine.



~Louise~ le 26-06-2007 à 00:00
 

La monnaie, une grande bêtise humaine...
Article très intéressant, qui nous fait connaître une autre façon de vivre, bien inapplicable par chez nous... :(



~Thanatos~ le 01-07-2007 à 00:00
 

(En réponse à Rahansor, qui a fait une précision plus haut... Mon message a été déplacé, il se trouve maintenant décalé par rapport au sien)


[Edit équipe d'édition : votre message a été tranformé en commentaire car sa place n'était pas justifiée dans les précisions, n'apportant aucun élément neuf. Merci]

( )


Oui, je ne suis pas entrée dans le vif du sujet présenté par Eaque, effectivement, parce que je ne connais pas les coutumes du peuple maori et je ne saurais pas quoi ajouter à ce qu'il a dit.

Tout au plus pourrais-je faire un commentaire, mais là, je n'en éprouve pas le besoin...

Je n'avais fait que réagir à la question que tu lui avais posée plus haut et d'une précision que tu avais apportée : "De quelle société parles-tu ? les Maoris sont le peuple autochtone de Nouvelle Zélande, les Mahois ceux de l'actuelle Polynésie Française".

Il m'avait semblé que tu avais voulu faire une nette distinction entre ces peuples, alors qu'ils ont les mêmes origines et leur dénomination est la même, finalement.

(Le seul commentaire que j'ai fait, en fait, c'est que personnellement, je n'aurais pas appelé "indiens" les Maori, voilà !)



~charabia~ le 24-01-2008 à 00:00
 
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