Folie de quelques maîtres d'échecs

Le jeu d'échecs, dans sa complexité inexplicable, a provoqué quelques comportements étranges.


Il est assez intéressant d'observer le comportement de plusieurs grands maîtres. Un certain nombre d'entre eux sont devenus "fous":

  • Rubinstein (1882-1961) est un joueur qui a révolutionné les échecs de son époque. Il souffrait d'une timidité maladive. L'histoire dit qu'il s'éloignait de l'échiquier pour ne pas gêner l'adversaire par sa présence. Sa sensibilité trop prononcée lui causa des troubles mentaux assez importants. Il n'osait plus s'approcher d'un échiquier, lui qui était le plus grand maître de l'époque.

  • Fischer (1943-à nos jours) est le meilleur joueur américain de tous les temps. Ce joueur prodige a eu une carrière très particulière : il battait souvent et avec de grandes facilités les grands maîtres de ce temps. Son heure de gloire fut le championnat du monde de Reykjavik en 1972. Quelques faits marquants : il a battu à plate couture l'ex-champion du monde et a fait un sans faute en quart et demi-finales (6-0). Il gagne en finale contre Spassky, lors d'un match très disputé. Il a d'ailleurs laissé Spassky gagner une manche en ne venant pas à la salle où avait lieu la rencontre. Après ce tournoi, il s'est retiré, et s'est coupé de tout le monde. Il vit aujourd'hui à Los Angeles, et n'a pas touché une pièce depuis cette finale.

  • Morphy (1837-1884): Adepte des parties à l'aveugle (tournant le dos à l'échiquier) et des parties à avantages, ce maître a eu une carrière modeste, se frottant rarement aux plus grands, mais les battant toujours. Il s'est retiré assez vite des échecs sans raison valable apparente.
Le reste de sa vie a été dominé par une paranoïa importante. Il avait aussi la manie de disposer des chaussures de femme en demi-cercle dans sa chambre et de les regarder. Cela "lui plaisait".

  • Steinitz (1836-1900) Maître assez modeste, il n'a pas fait de grands coups d'éclats dans sa carrière. Il disposait d'un humour assez vif. Il a été durement affecté par les morts simultanées de sa femme et sa fille. Tombant en dépression, il devait continuer à jouer, son seul gagne-pain étant de jouer aux échecs. Il ne fut plus que l'ombre de lui-même, et sombra petit à petit dans la folie. Il commença par déclarer qu'il était capable de téléphoner à son secrétaire sans aucun appareil. Ensuite il fut persuadé d'émettre un courant électrique lui permettant de déplacer les objets à distance. Enfin, et ce fut de loin le comportement le plus parlant et bizarre d'un joueur fou: il jouait dans les derniers mois de sa vie contre Dieu. Comble de la folie, il lui laissait un pion d'avance, car il tenait à ce que son adversaire omniscient gagne.

 
 
~Donitab~
 

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Ne connaîtrais-tu pas un psychologue capable d'expliquer le "pourquoi" de ces "folies" ?

Maintenant je vais réfléchir à deux fois avant de jouer aux échecs...



~Austin~ le 17-03-2007 à 00:00
 

Remarque, les échecs demandent des capacités extrêmes d'anticipation et d'analyse de situation ; si ces champions appliquaient leurs facultés à leur monde, il y avait de quoi devenir dingue, non ?



~rahansor~ le 24-01-2008 à 00:00
 

Incroyable !

Oui c'est clair rahansor... Il y a de quoi être fou...



~Edilyon~ le 18-06-2008 à 00:00
 

Peut-être avaient-ils tout simplement "une manière de penser" différente, ce qui prouve la théorie de ce cher Werber dans l'Ultime Secret...



~Arthvawr~ le 20-06-2008 à 00:00
 

Étant moi-même un joueur d'échecs, j'analyse ce problème comme cela :

Quand on pousse cette passion à l'extrême le risque est grand de basculer dans ce type de folie parce que c'est une activité qui demande énormément de concentration. Quand un joueur d'échecs joue, il devient la partie véritablement. Donc je pense que pour certains, le concept de réalité se dilue jusqu'à produire une folie quelconque. C'est-à-dire que les échecs deviennent le support de base pour élaborer les principes du réel.
Je rapprocherais ces pathologies à celles que l'on peut rencontrer chez les joueurs qui deviennent dépendants des machines à sous ou du loto. Cependant, dans les jeux d'argent, le principe souvent binaire ou au moins très simplifié, ne fait que développer une dépendance, certes pas problématique, mais qui ne bascule pas dans la folie. Alors que l'incroyable complexité et diversité des échecs plongent le dépendant dans un abîme où seule la folie peut éclairer la conscience de l'individu.

M'enfin, ce n'est qu'une interprétation personnelle.



~Croninet~ le 28-11-2008 à 17:09
 
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